Remember Me

10

Je me mordille la lèvre.
Je ne veux ni faire action, ni vérité.
Je veux rentrer chez moi, me mettre dans un bon pyjama triple couche, et regarder un documentaire animalier avec mon rubick’s cube. C’est trop demandé ?

Mais dans la vie, il faut faire des choix, alors…

- Vérité, je réponds en m’asseyant en tailleur sur le sol.

Je n'ai pas envie qu'il me demande d'embrasser un tel ou un tel, alors je ne préfère pas prendre action.

Le brun semble réfléchir quelques secondes.

- Qui est la dernière personne avec qui tu es sortie ? il me demande, d’un air sérieux et intéressé.

Ah.

Sérieux ?

Et c'est le drame.

La dernière personne avec qui je suis sortie ?

Elliot Garry. En petite section de maternelle.
Ça a duré deux jours.
J’ai pleuré trois semaines.
Ils sont obligés de le savoir ?

Bizarrement, autour de nous, plus personne ne parle dans le cercle de jeu. Même si la musique reste toujours trop forte, j’ai l’impression qu’ils attendent tous ma réponse avec impatience.

- Je… euh. Je n’ai jamais réellement eu de copain… je réponds, totalement morte de honte.

J’ai dix-huit ans et je n’ai jamais eu un seul copain, alors oui, je me sens un petit peu en retard par rapport aux gens de mon âge. Enfin si, j'en ai eu un, ok, il y a deux ans, mais vu comment ça s'est fini, je préfère faire comme s'il ne s'était rien passé.

Steve écarte grand les yeux, comme s’il n’y croyait pas.

Les autres autour rigolent, d’autres se moquent ouvertement de ma gueule. Je prends sur moi pour ne pas leur sauter dessus et les matraquer avec ma bière.

- En même temps, commence l’homme près de Théa, si tu t’étais vu l’année dernière, tu aurais compris pourquoi.

Sa petite remarque semble faire l’hilarité générale. Même Théa ne manque pas de pouffer. Mais moi, cela ne me fait pas rire. Mais alors pas du tout. Et apparemment, Harrington n’a pas aimé non plus, vu la gueule qu’il tire.

- Moi au moins, j’ai changé en quelques mois, je n’ai pas gardé la même gueule de con, comme certains, je réponds d’un ton plus sec que le désert.

Evidemment, je ne manque pas de lui lancer le regard noir qui va avec.
Il se tait face à ma pique, mais les autres rigolent encore plus, criant baston à répétition.

- C’était vraiment pas sympa, mec. Laisse-là tranquille, intervient Steve d’un ton froid.

Je le remercie du regard, même si je n’aime pas qu’il intervienne tout le temps pour me sauver comme une gente dame en détresse. Mais merde, c’est le seul qui fait preuve de gentillesse ici, même ma meilleure amie se fou de ma gueule, si c’est pas génial, ça.

- Ouais, mais mec, c'est vrai. Je ne l'aurais même pas touché avec un bâton, reprend l'autre idiot.

Jugeant que s’en est assez, je saisis mon verre, me rapproche du gars dont je ne connais toujours pas l’identité et verse le contenu de mon verre sur son t-shirt. Je fais bien attention à en faire couler sur Théa, au passage.
Qui sème le vent, récolte la tempête.

Je jette mon verre sur le sol et pars en trombe vers l’extérieur. Tant pis si je dois rentrer à pied et que je ne connais pas le chemin, je ne veux pas rentrer avec Théalyne. Elle se démerdera, si elle est déchirée, elle se fera raccompagner par un de ses toutous. Moi, je prends congé.