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- Tu devrais mettre cette robe, elle t’irait super bien ! me crie Théa du bout de la chambre.

Je souffle et la saisis à contre cœur.

Me voilà totalement prise à mon propre jeu…

Devinez qui vient de perdre la marché ? Oui oui, c’est bien celle qui est en train de faire des essayages de robes ridicules depuis deux heures. Moi, quoi.

- Théalyne Kellyne Reakman, je vais vous faire la peau, je grogne.

Cette dernière s’approche de moi en rigolant et me tend une paire d’escarpin.

- Tu as perdu le marché, je n’y peux rien.

Je lui lance un regard noir et attrape les chaussures.

Comment est-ce possible, vous aller me demander ? Laissez-moi vous expliquer…

En réalité, Théa est encore totalement malade, ce qui lui vaut l’obligation de porter une robe longue et à col roulé, mais en revanche, sa mère… Elle m’a trahi. Ah oui, je le prends comme ça. En fait, mon amie l’a supplié pendant deux bonnes heures d’affilé, pour avoir l’autorisation de sortie. Elle lui a dit, et je cite, « c’est la fête d’anniversaire de l’amoureux d’Annaëlle ! Il ne faut pas qu’elle le rate, mais elle ne veut pas y aller sans moi ! Tu devrais les voir, ils se tournent autour comme deux mouches à merde, et je ne veux pas louper une miette du spectacle s’ils se roulent une pelle ! ».
Et finalement, ça a marché. Je ne sais pas comment, car ses propos sont grossiers et faux, mais elle a réussi. Sa mère a dit oui, à la seule condition qu’elle se couvre.

C’est donc pour cela que je subis les essayages depuis deux heures, et que j’ai envie de me tirer une balle.

Et en plus de ça, on a dû aller lui acheter un cadeau, pour parfaire le tout !
Etant donné que je ne le connais absolument pas, j’ai mis presque tout le reste de la journée à choisir ce que j’allais lui prendre.
Qu’est-ce qu’il peut bien aimer ?
Un homme comme lui ça aime quoi ?
J’ai demandé des conseils à mon père, mais ils ne m’ont pas été très utiles… Alors j’ai opté pour une chaine en argent, avec pour pendentif une simple lettre « S », pour Steve.
Je trouve ça ridicule et moche, et je sais très bien qu’il le mettra à la poubelle dès que je serai plus loin, mais ce n’est pas grave, au moins je ne me plante pas ici les mains vides. Surtout après l’avoir si gentiment remballé la dernière fois…

- Fais un effort, me demande Théa en retouchant son maquillage.

Je lève les yeux au ciel et enfile ma robe avec dégout. Elle est vraiment trop courte et avec ses talons je ne sais même pas si je vais réussir à marcher. La robe est bleue nuit, avec un col cache cœur, et elle est cintrée à la taille. Elle est très belle, je ne dis pas le contraire, mais comme mentionné plus tôt, elle est bien trop courte.
Je vais à un anniversaire, pas au bar de strip-tease.

- Tu n’as pas des bottines, plutôt ? je demande en grimaçant et en désignant l’objet du diable qu’elle m’a donné.

Mon amie me lance un regard depuis le miroir et sourit de toutes ses dents.

- Même pas en rêve, t’es incroyable comme ça !

Je souffle et grogne. Je n'ai vraiment pas envie d'y aller.
J'espère pour eux qu'il y a de l'alcool là-bas, sinon je risque vraiment de me faire chier.

- Avec un sourire, c’est mieux, elle rajoute.

- Abuse pas non plus, je dis en rigolant malgré-moi.

Je pars m’assoir sur le lit et enfile les instruments de torture sur mes pieds, puis je me lève et fais quelques pas pour essayer de ma familiariser avec la marchandise.
Personne ne m’avait dit que c’était si dur de marcher avec des escarpins !
Je fais quelques aller et retours dans sa chambre, tel un top model (enfin plutôt tel un bébé gnou qui apprend à marcher), puis décide que cela suffira.
Au pire, je me pète une cheville et cela me fera une bonne excuse pour rentrer.

Je me maquille de mon fidèle trait d’eye liner trop épais selon ma mère, d’une couche de mascara et un baume à lèvre repulpant. Je brosse mes cheveux foncés puis les secoue pour leur donner un effet naturel, ce qui n’est plutôt pas mal.
Il ne faut pas non plus qu'il pense sue je fais un effort pour lui, ce serait le pompon.

Théa porte une robe moulante rose fuchsia longue et à col roulé (étant donné qu'elle est malade), ainsi que des escarpins aussi roses et flashis que sa robe. Elle a décidé de s’attacher les cheveux d’une queue de cheval plaquée et sophistiquée, puis elle s’est maquillée d’un trait sous les yeux violet, puis d’un gloss rose pailleté. Avec ça, on pourra la répéter de loin, super pour moi au moins je ne risque pas de la perdre.

Ainsi, quelques minutes plus tard, nous sommes prêtes.

- Je te promets que si je tombe et que je me fais mal à la cheville avec tes bêtises, tu payeras l’hôpital, je dis en essayant tant bien que mal de descendre les escaliers de chez mon amie.

Sa mère, qui est dans le salon, rigole à ma remarque.

Elle se lève et vient nous complimenter sur nos tenues, nous prend en photo pour garder un souvenir et nous embrasse toutes les deux sur la joue avant de nous mettre à la porte.

Théalyne décide de conduire, parce que je ne sais pas où Harrington habite, mais qu’elle oui, apparemment. Enfin, au moins mes pieds ne souffrent pas trop.

Le trajet se fait dans le calme, mais je sens que je regrette déjà d’être venue…

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant