Prologue

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  Carlène prend  conscience à qu'elle point elle grandit. Cela fait onze ans qu'elle n'était pas revenue dans cette maison. À présent, elle peut atteindre le placard de la cuisine sans aucune difficulté. Elle saisit deux tasses et y sert du café, une brioche entre les dents.

- Papa ! le petit-déjeuner est prêt.

Elle s'assoit sur l'un des tabourets en fer noir et lit son livre sans grande attention, son père entre dans la grande cuisine et l'embrasse sur la tête avant de lui retirer son roman des  yeux :

- Merci, mais j'étais en train de lire, glousse la jeune fille.

- Non, tu étais en train de stresser pour aujourd'hui.

L'adolescente lui offre un sourire contrit : il avait raison, comme toujours. Carlène boit une gorgée de café et souffle en passant sa main dans ses cheveux châtains.

- Tu n'as pas à t'inquiéter Carlène, tu vas très bien t'en sortir. Je le sais et je suis persuadé que tu le sais aussi.

-Si le vieux monsieur Jones en est persuadé, c'est que c'est forcément vrai !

- Exactement ! Alors la jeune Jones ferait mieux de se dépêcher, si elle ne veut pas être en retard pour son premier jour de travail, dit son père en pointant l'horloge du doigt.

Carlène sait qu'elle a encore du temps mais elle sait aussi qu'elle aime être en avance, surtout pour commencer un nouvel emploie. Elle finit sa tasse et débarrasse. Elle saisit une pomme dans la corbeille, sa gourde d'eau dans le frigo et embrasse son père sur la joue.

- Tu es sûr que tu ne veux pas je te dépose ? Le country club est sur mon chemin. 

- L'Island club n'est absolument pas sur ta route et. . . 

- Je peux changer d'itinéraire, sourit son père.

- Je vais à vélo papa poule, à ce soir.

- Papa poule... Je suis son papa poule, rigole monsieur Jones en ouvrant son journal.

Carlène enfile son sac à dos et sort de la maison sous le soleil matinal. Il fait chaud alors la jeune fille sait déjà qu'elle ne regrettera pas d'avoir mis son short. Elle enfonce des écouteurs dans ses oreilles et monte sur son vélo pour dévaler la pente de sa maison, souriante.

 Elle pédale tranquillement, profite des décors des Outer Banks, il y a un peu de monde dans les rues. Certains endroits lui semblent presque familiers, elle inspire une grande bouffée d'air et savoure le léger vent frais qui lui caresse la peau.

Ses yeux ambrés admirent chaque détail. Elle est soudainement dépassée par une moto, la moto slalom à côté d'une voiture de sport. Prise au dépourvu, Carlène tente de se rabattre, mais la folle course des deux véhicules la déstabilise et la roue de son vélo mord le trottoir. La cycliste est projetée par-dessus son guidon pour déraper dans l'herbe.

Carlène se relève aussi vite qu'elle le peut, le corps endolori et le genou griffé :

- Abrutis ! grogne la jeune fille.

" Tu penserais qu'ils se seraient arrêtés, tu rêves ! " peste Carlène en se parlant à elle-même. Elle défroisse ses vêtements tâchés de vert et de terre. Lorsqu'elle redresse son vélo, elle se rend compte que la roue avant est tordu. 

- C'est une blague ! Maintenant, c'est sûr, je vais définitivement être en retard.

Carlène ne sais plus depuis combien de temps elle pousse l'épave de son vélo, il était loin d'être neuf, mais au moins elle savait le réparer toute seule. Elle garde l'espoir de pouvoir y parvenir encore cette fois-ci.

 Après une éternité de marche, la jeune fille essoufflée arrive enfin ! Face à elle, un immense bâtiment borde la plage, des voitures de luxe sont parfaitement garées sur un parking fleuri et minutieusement entretenu.

Carlène cadenas son vélo, ce qui l'en reste du moins, puis secoue ses mains avec frénésie :

- Tu peux le faire, c'est qu'un léger retard, elle souffle tout l'air qu'elle peut avant d'inspirer.

Elle s'avance dans le grand hall, quelques regardes mauvais s'arrêts sur elle. L'adolescente s'approche de l'accueil pour interpeller l'hôtesse :

- Bonjour, je dois commencer aujourd'hui, j'ai eu un accident sur la... 

La blonde stoppe la conversation d'un doigt. " Elle se prend pour qui celle-là" pense Carlène dans une grande frustration.

- Allô ! Raz ? Ta nouvelle s'est finalement pointée, oui, ça marche.

Elle raccroche agacée et tend un badge sur le comptoir.

- Prends ça et dirige toi vers les cuisines sur ta droite, ton supérieur t'y attends, dépêche toi.

L'adolescente saisit la petite carte, remercie brièvement d'un léger coup de tête l'hôtesse avant de trottiner vers les cuisines. À peine, elle eut le temps de passer les portes que Carlène se fait accoster :

- En retard pour ton premier jour, c'est pas en ta faveur.

- Oui, pardon monsieur, j'ai eu un...

- Moi, c'est pas monsieur, c'est Raz. Si tu tiens le boulot, tu arriveras peut-être à te rappeler des prénoms, mais pour l'instant focalise toi pour mémoriser un maximum d'infos. Voilà ta tenue, ici ce n'est pas une blanchisserie, on ne lave que les tabliers. Tu fais tes machines chez toi. Notre clientèle est vraiment riche et veut de l'excellence ; tu es polie, respectueuse et si tu sais lécher les bottes peut-être que tu prendras du grade.

Carlène suit Raz, elle l'écoute avec la plus grande attention. Il est loin d'être tendre ; il parle vite, fort et semble destiné à ne pas l'aimer. Il se retourne enfin vers elle et s'arrête brusquement :

- Tu t'appelles comment déjà ?

- Carlène.

- Hm. . . Tu es plutôt pas mal, sacrément mignonne même, changement de programme, poursuit Raz alors qu'il change de direction.

La jeune fille reste perplexe, qu'est-ce qui peut bien changer ? Elle lui court après alors qu'il lui montre une porte.

- Ici, tu trouveras un casier, change-toi, tu vas commencer au bar. Les jolies filles passent bien auprès des Kooks. Par contre ne fait d'ombre à nos clientes, elles vont te bouffer toute crue sinon. . . Aller, traîne pas !

Carlène enfile son uniforme aussi vite qu'elle peut, un polo simplement noir avec un logo orange sur la poitrine et un pantalon noir complète la tenue. Elle secoue sa chevelure marron dont les pointes se sont éclaircies au soleil.

Elle sort et s'aperçoit que son supérieur n'est plus là. " Au bar" se remémore-t-elle. Elle s'avance d'un pas décidé et voit Raz immédiatement :

- C'est bon ? Pas mal, si tu as des jupes ou shorts noirs, tu peux les apporter. Bon, comme tu es arrivée en retard, pas de visite. Tu commence maintenant.

Raz tape le comptoir bruyamment :

- JJ ! Sort de là !



Voilà voilà ! À peu près 1100 mots pour ce prologue, j'espère que vous avez aimé, nous retrouverons JJ au prochain chapitre, n'hésitez pas à commenter !

Outer Banks : Never Simple.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant