« Mais arête de le protéger comme ça ! Ton père est un connard, Gringe ! T'as vu ce qu'il t'a fait encore ?! »
Il entra dans le salon en entendant Matthieu crier cela alors qu'il revenait de la cuisine de Claude après y être allé chercher des assiettes pour le gâteau. Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de Guillaume apparemment – c'était ses amis qui l'avaient prévenu – et il s'était alors rappelé de quand Guillaume lui avait dit en rigolant la première fois qu'il l'avait rencontré, reprenant son phrasé : Moi, j'en ai treize. Treize, presque quatorze. Et aujourd'hui était le jour où il fêtait ses quatorze ans. L'écart d'âge devenait plus grande encore entre eux. Mais après tout, il était seulement un gamin encore par rapport à lui, il l'avait presque oublié tant il lui faisait se sentir à sa place à ses côtés. Alors aujourd'hui, Claude l'avait invité à venir chez lui et lui avait dit qu'il avait appelé Guillaume pour lui dire qu'il avait intérêt de se pointer chez lui pour son anniversaire, ce dernier ayant disparu de la circulation depuis au moins trois jours. Depuis le conseil de classe. Et il avait un mauvais pressentiment, mais il avait été beaucoup trop effrayé pour aller lui rendre visite, ayant peur de croiser le père du plus grand en y allant. Celui-ci le terrifiait. Alors il s'en était voulu d'être aussi lâche, espérant que Guillaume allait bien mais ne faisant rien pour s'en assurer, puis quand Claude lui avait dit ça avant de lui dire que Guillaume serait là un peu après 19h, leur laissant juste le temps de lui faire un gâteau d'anniversaire tous les deux si ça lui disait, il avait été rassuré. Et quand ça avait été presque l'heure, Claude l'avait envoyé chercher les assiettes dans la cuisine pour dresser la table. Tu vas les chercher, ma perle ? Il va bientôt arriver. Il avait hoché la tête, se demandant un instant depuis quand ils étaient devenus aussi proches avec Claude, comme avec tout les amis de Guillaume par ailleurs, et s'était rendu dans la cuisine avant de revenir dans le salon le plus rapidement possible avec les assiettes en entendant la sonnette retentir. Guillaume était là, et son cœur s'était littéralement emballé dans sa poitrine. Qu'est-ce qu'il lui avait manqué... Puis c'est alors, en revenant vers le salon, qu'il avait entendu des éclats de voix et il s'était approché d'un air hésitant sans oser entrer dans ce dernier, n'étant pas sûr sur quoi il allait tomber et se demandant pourquoi ils avaient l'air de s'engueuler. Il avait alors vu Guillaume la tête baissée, semblant bien trop embarrassé pour regarder Matthieu dans les yeux qui était en train de l'engueuler, et il s'était demandé avec confusion pourquoi celui-ci le faisait, Matthieu étant généralement le plus calme de la bande, avant de l'entendre dire ça et de faire un pas en avant pour entrer dans le salon et pouvoir mieux voir Guillaume. Il vit ainsi qu'il avait un bandage autour de la main et semblait avoir quelque chose sur l'épaule car Matthieu regardait cette dernière d'un air énervé. Il remarqua ensuite en remontant ses yeux jusqu'à son visage qu'il avait l'arcade sourcilière ouverte et il lâcha les assiettes à ça, celles-ci venant se briser à ses pieds et faisant sursauter les quatre amis. Ces derniers se tournèrent vers lui précipitamment et il vit Guillaume écarquiller les yeux, semblant se rappeler seulement maintenant de sa présence aujourd'hui.
« Au-Aurél...
— N-Non... se mit-il alors à bégayer alors qu'il sentait une crise d'angoisse monter en lui, son palpitant s'emballant soudain dans sa poitrine.
— Aurél ! s'écria Guillaume, semblant s'en apercevoir, et il le vit s'élancer vers lui alors que son cerveau l'assaillait de mille souvenirs qu'il essayait depuis plusieurs années déjà de refouler au plus profond de lui. Aurél, bordel, qu'est-ce qu'il t'arrive ?! Regarde-moi !
— Non... Je ne veux pas... Pas toi... Pas toi, Guillaume, s'entendit-il balbutier alors qu'il sentait Guillaume tenter de le toucher et il le repoussa fortement, soudain effrayé de lui. Non... Non, je ne veux pas...
— Aurél ! Aurél, c'est moi ! Qu'est-ce que tu ne veux pas ?! Parle-moi !
— Non... Pourquoi tu me fais ça...? »
Devant ses yeux, malgré le fait qu'il entende Guillaume lui parler, il voyait ce dernier être recouvert petit à petit de cette texture noire qui recouvrait la personne dans ses rêves jusqu'à l'engloutir. Guillaume disparaissait devant ses yeux à mesure que la texture le recouvrait et bientôt, les appels de ce dernier n'étaient déjà plus qu'un bruit de voix étouffée. Puis, il se sentit attiré vers le sol sans rien pouvoir y faire et il tomba, comprenant qu'il venait de s'évanouir. Guillaume, pas toi...
***
Quand il retrouva ses esprits, il était allongé sur un lit, et il tourna précipitamment la tête en entendant un bruit à ses côtés. Il tomba alors sur Ablaye et celui-ci lui offrit un petit sourire avant de reculer sa main de son épaule :
« Comment tu te sens ?
— Où est-ce... commença-t-il à balbutier, mais il s'arrêta vite de parler en se rendant compte à quel point il avait la gorge sèche.
— Tiens, bois un peu, tu dois en avoir besoin. » lui dit gentiment son ami en lui tendant un verre d'eau qu'il n'avait pas remarqué sur la table de chevet à ses côtés et il le prit dans ses mains.
Il but celui-ci d'une traite avant de venir regarder la pièce dans laquelle il se trouvait et il entendit Ablaye reprendre la parole à ça :
« T'es dans la chambre d'un des frères de Claude qui est parti à l'université. Guillaume t'a amené là quand tu t'es évanouie dans ses bras.
— Gui-Guillaume...? dit-il le prénom du plus grand en une question en se tournant vers Ablaye et celui-ci soupira, avant de se passer une main sur le visage.
— Il est dans le salon, avec les gars. Tu nous as fichu une de ces trouilles, Aurél. Ça t'arrive souvent de faire ce genre de crise ?
— Oui... bredouilla-t-il en hochant la tête et il vit son ami lui lancer un regard hésitant à ça. Guillaume... Pourquoi... il est pas là ? »
Ablaye lui jeta un regard surpris avant de sembler comprendre sa question : pourquoi ce n'était pas lui qui est resté à mes côtés ? Pourquoi il n'est pas à mes côtés à mon réveil ?
« Ça l'a... remué. De te voir réagir aussi violemment, lui expliqua alors son ami. À sa... à sa vue, on va dire. Puis, quand il a tenté de te calmer quand tu étais dans ta crise d'angoisse, tu l'as repoussé. Et tu t'es évanoui sur lui avant qu'il n'arrive à te calmer et te faire redescendre. Alors après t'avoir amené dans la chambre... il nous a dit que ce serait peut-être mieux que ça soit un de nous qui reste avec toi. Pour éviter... que tu réagisses de même en te réveillant et en le voyant à tes côtés.
— N-Non... Tu crois... Tu crois qu'il m'en veut ? bredouilla-t-il alors et il vit Ablaye lui jeter un regard surpris.
— Quoi ? Non, bien sûr que non. Pourquoi il t'en voudrait ? »
Il lança un regard larmoyant à son ami et alors il vint poser une main sur son avant-bras avec douceur :
« Ablaye... Amène-moi à lui, s'il te plaît. »
Celui-ci lui jeta un regard légèrement inquiet avant de hocher la tête, puis il le vit se lever et s'approcher de lui pour l'aider à se lever du lit. Il avait encore un peu la tête qui tournait, mais ça allait. Pour l'instant, il n'avait qu'une seule envie : retrouver Guillaume.
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Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ?
FanfictionGuillaume vient en aide au nouveau dans le quartier sans vraiment savoir pourquoi et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette simple décision va venir chambouler sa vie et toutes ses certitudes.