Partie 4 - Un jeu dangereux.

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Une semaine plus tard.

« Non... Je n'ai pas envie... »

Aurélien recula en voyant Thomas – s'il se rappelait bien de comment il s'était présenté à lui une minute plus tôt – lui tendre le foulard.

« Si, on a décidé tous ensemble qu'on voulait que tu joues avec nous. Et c'est toi qu'on a choisi pour faire le Colin Maillard. Allez, pour une fois qu'on est gentils avec toi, tu peux pas refuser. » lui dit le garçon plus âgé en lui souriant d'un air machiavélique, comme s'il avait une idée derrière la tête en lui proposant ça.

Il regarda par-dessus son épaule pour voir de qui il parlait quand il disait on et il aperçut le garçon qui s'était disputé avec Guillaume la dernière fois à cause de lui et Julien à ses côtés qui le regardait d'un air défiant. Lui, il n'avait pas envie de jouer avec eux. Il avait plutôt envie de lire le livre qu'il avait emprunté à la bibliothèque de l'école pour la pause de midi, comme il le faisait tous les jours depuis une semaine déjà.

« Je... Je n'aime pas ce jeu, tenta-t-il d'expliquer au plus grand même si celui-ci n'en avait vraiment rien à faire il en était sûr. Je n'aime pas... le noir, et ne pas savoir où je suis.

— Non, mais t'as quel âge ? Avoir peur du noir à treize ans. Ou douze. T'es en cinquième, non ?

— O-Oui, mais j'ai sauté une classe. J'ai onze ans encore, balbutia-t-il, se demandant s'il ne s'enfonçait pas plus en disant ça au contraire.

— Ah ouais, t'es vraiment un gamin, bordel, se moqua Thomas et il baissa la tête à ça, embarrassé. Mais on s'en branle, tu viens jouer avec nous. »

Il poussa un petit cri en sentant le garçon plus grand l'attraper brusquement par l'avant-bras et il le sentit le tirer derrière lui alors que son livre tombait par terre. Il sentit son palpitant s'emballer dans sa poitrine en le voyant l'entraîner vers Julien et le garçon avec qui s'était engueulé Guillaume la semaine d'avant dans le quartier et quand Thomas le poussa au devant de lui, il sentit ses yeux le mettre à le piquer à l'approche des larmes en croisant le regard sombre de Julien.

« Content que t'aies accepté de jouer avec nous... Aurélien, c'est ça ? lui dit d'un faux air bienveillant ce dernier et il secoua la tête, se demandant comment celui-ci pouvait connaître son prénom.

— Co-Comment...?

— Oh, c'est un petit collège ici, tu sais. Y'a pas beaucoup de classes. Et puis il y a un truc qui nous a bien aidé aussi. Ton nom de famille.

— Mon nom...? Quoi ? Comment...? bégaya-t-il alors que Julien s'approchait de lui en lui souriant d'un air menaçant et il vit ce dernier rire soudain.

— Tu pensais quand même pas qu'on t'avait choisi au hasard dans la rue la dernière fois, non ? Tu crois qu'on s'amuse à frapper tous les gamins qui arrivent dans le quartier ? C'est réservé aux enfants de keufs, ça, hein, Aurélien Cotentin. »

Il pâlit en comprenant alors que si Julien et sa bande l'avaient visé la dernière fois c'était simplement à cause de son père. Parce que son père travaillait au commissariat et que son rôle c'était justement ça : empêcher les gamins comme Julien d'aller trop loin, d'en arriver à faire des choses irréparables. Et c'est ce qui l'avait terrifié dès le départ et la raison pour laquelle il avait demandé à son père de ne pas l'accompagner tous les matins ou encore venir le chercher tous les soirs au collège dans cette nouvelle ville. Pour ne pas être pris pour cible par des enfants que son père aurait à confronter un jour ou l'autre à cause des bêtises qu'ils faisaient.

« Mais comment tu... commença-t-il et Julien le coupa, semblant comprendre sa question avant même qu'il ne la pose.

— On vous a vu marcher ensemble en direction du commissariat le jour de sa rentrée des classes. Alors on a décidé de te confronter dès le lendemain par rapport à ton père, mais Guillaume est arrivé et a gâché notre petit jeu alors que s'il savait, putain ! rit Julien et il écarquilla les yeux, effrayé de ce que cette phrase semblait impliquer. Et maintenant, tu joues avec nous !

— Non ! »

Il essaya de se dégager de l'emprise du plus âgé mais celui-ci ne se laissa pas faire et il sentit Thomas lui recouvrir précipitamment les yeux du foulard rouge avant de serrer ce dernier de toutes ses forces autour de sa tête. Et alors qu'il essayait de l'enlever, il sentit l'autre garçon, le troisième de la bande, rejoindre Thomas et tous les deux s'amusèrent à le faire tourner sur lui-même le plus vite possible pour lui faire perdre l'équilibre et pour qu'il perde ses repères. Il entendit alors quelqu'un crier dans leur direction et les deux garçons le lâchèrent, le faisant ainsi vaciller sur ses jambes sans plus aucune aide de leur part et il tomba violemment par terre, son menton rencontrant un obstacle dans sa chute.

« Aurélien !! »

Il se demanda qui pouvait bien l'appeler, complètement sonné et la douleur commençant à le lancer horriblement, et quand il sentit le goût du sang s'immiscer dans sa bouche il se mit à pleurer, complètement paniqué. Le foulard lui fit alors enlevé brusquement et il tomba sur le visage de Guillaume, un air profondément inquiet sur ce dernier.

« Aurél...? Aurél, putain, tu saignes...! s'écria celui-ci, complètement paniqué, et il pleura de plus belle devant sa panique à lui alors qu'un visage apparaissait dans son esprit.

— Papa...! Je veux mon papa...! »

Guillaume le regarda d'un air terriblement inquiet quand il cria ça à travers ses larmes sans même réfléchir et il le vit hocher la tête avant de se relever en l'entraînant avec lui.

« D'accord, Aurél. D'accord. On va appeler ton père. Mais d'abord, il faut qu'on aille à l'infirmerie, elle va bien s'occuper de toi, tu vas voir. Et après, on appellera ton père. Enfin, elle le fera. Ou le directeur. Mais je crois que là ça a le mérite d'être assez grave pour ça, l'entendit-il dire et il pleura de plus belle en l'entendant. Oh, putain... Allez, viens. Viens avec moi. Dépêche-toi. »

Il le sentit raffermir sa prise sur sa taille et il se laissa entraîné par Guillaume sans rien dire, se demandant pourquoi celui-ci lui venait encore en aide à travers ses larmes. Qu'est-ce qu'il... faisait là ?

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant