Partie 6 - La dispute.

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« Guillaume...? »

Lorsqu'il l'appela dans la cour de récréation le lendemain après-midi, Aurélien vit le plus grand se tendre un instant avant de se tourner vers lui. Il lui offrit alors un petit sourire hésitant, étant soulagé de ne pas s'être trompé de personne, puis il se mordit un instant la lèvre inférieure, hésitant sur quoi lui dire. Il voulait le remercier pour hier, pour être venu à son secours encore une fois, pour s'être encore une fois montré aussi gentil avec lui, mais il hésitait sur le choix des mots. C'est alors qu'il se rendit compte que le regard du plus grand sur lui, comparé aux fois précédentes, n'avait rien de chaleureux. Alors il resta silencieux, toutes les choses qu'il voulait lui dire restant coincées au fond de sa gorge. Guillaume le regardait d'un air passablement énervé et il fit un pas de recul en le voyant le regarder comme ça :

« Guillaume ?

— Qu'est-ce que tu veux, Aurél ? lui demanda Guillaume d'un air froid et il tressaillit en entendant l'intonation sévère dans sa voix, dénuée de toute chaleur. Accouche.

— Je... Je voulais simplement... te remercier pour hier... balbutia-t-il, complètement perdu devant le comportement du plus grand. Pour m'avoir défendu, encore une fois...

— Super. Ben de rien. T'as fini ? lui répondit sèchement Guillaume et il tressaillit de nouveau, cette intonation de voix lui rappelant beaucoup trop quelqu'un qu'il aimerait – et essayait de toutes ses forces sans réussir à y parvenir – oublier.

— Guillaume... Pourquoi... tu me parles comme ça ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?

— Tu m'as menti. Je veux plus jamais te voir, lui cracha Guillaume et il sentit les larmes lui monter aux yeux en l'entendant lui dire cela sans comprendre la raison de sa colère envers lui. Ni te parler. Je te hais, l'entendit-il lui dire et il sentit son cœur se briser dans sa poitrine à cette déclaration.

— Quoi...? Mais... Pourquoi tu dis des choses comme ça...? Tu ne le... penses pas vraiment, n'est-ce pas ?

— Bien sûr que si. Tu m'as menti par rapport à ton père. Tu sais, le flic. Je savais bien que son visage me disait quelque chose quand je l'ai rencontré hier.

— Mon père...? C'est mon père... le problème ? balbutia-t-il en fronçant légèrement les sourcils, confus. Mais pourquoi...? Pourquoi tu le hais ? Tu ne le connais même pas ! Et comment tu sais... qu'il est flic ? demanda-t-il avant de se rappeler les mots de Julien de la veille, le prévenant de cette réaction de la part de Guillaume.

— Peu importe comment je l'ai appris, on s'en fout. Franchement, je me demande comment un garçon aussi gentil que toi peut avoir un père comme lui. Ça me dégoûte, s'exclama Guillaume et il sentit une colère sourde monter en lui à ça, venant se mélanger à son incompréhension quant à l'attitude du plus grand.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ?! Guillaume, qu'est-ce que tu raconte ?! Qu'est-ce que mon père t'a fait, à la fin ?! On est arrivés il y a même pas deux semaines, comment tu pourrais savoir quel genre de personne c'est ?!

— Ton père est flic ! Y'a rien à rajouter à ça, lui répondit Guillaume en l'attrapant soudain par le bras pour l'éloigner de son groupe de pote qui les regardait d'un air hésitant. Il est flic, le pire métier du monde, et s'il savait qui j'étais, il me qualifierait de racaille. De petite teigne. De délinquant. Alors je ne veux pas qu'on nous voit ensemble à l'avenir, parce que c'est le meilleur moyen de un, m'attirer des ennuies dans le quartier, et de deux, faire en sorte que ton père vienne foutre le nez dans des affaires qui ne le regardent absolument pas. On vient pas du même monde tous les deux, nos mondes n'ont rien à faire mélangés, et je préférerais que ça reste ainsi si ça ne te dérange pas trop.

— Et si moi... j'en ai pas envie...? osa-t-il demander alors que son palpitant commençait à s'emballer dans sa poitrine tant la réaction du plus grand le terrifiait. Si j'ai pas envie... de garder nos deux mondes séparés ? Je pensais... qu'on pouvait devenir amis... J'avais l'impression que tu m'aimais bien... malgré notre différence d'âge. Malgré que tu sois une... petite teigne comme tu dis, dit-il d'un air hésitant en reprenant ses mots, se disant qu'il avait bien compris dès le début que Guillaume n'était pas un enfant tout à fait sans problèmes. Et moi un fils de flic, pour reprendre tes mots. Je m'en fous que tu sois une racaille, Guillaume, je sais que tu as un bon fond ! Tu m'as aidé sans savoir qui j'étais, pourquoi ça devrait changer maintenant ?! Est-ce que tu veux vraiment tout effacer entre nous tout ça parce que... parce que quoi...? Parce que mon père est policier ? Vraiment ?

— Y'a rien à effacer, Aurélien, parce qu'il ne s'est absolument rien passé entre nous, lui cracha alors Guillaume en lui lançant un regard noir et il sursauta à ça. Rien, tu m'entends ? Je t'ai défendu par deux fois et crois-moi, ça n'arrivera plus. T'as qu'à demander à papa à t'apprendre à te défendre à l'avenir. Dégage maintenant. »

Il secoua la tête, les larmes inondant à présent son visage, et quand Guillaume fit genre de lui donner un coup de boule pour lui faire peur et qu'il décampe, il le repoussa avec force pour qu'il le lâche.

« Guillaume Tranchant, c'est moi qui te hais !! Si tu me détestes autant pour une raison aussi stupide, c'est que t'es qu'un connard et je regrette t'avoir un jour rencontré ! Alors tu seras prié de t'abstenir la prochaine fois au lieu de me venir en aide ! Si tu veux pas que je m'attache à toi !! »

Il n'attendit pas la réponse de l'autre garçon et s'élança vers la sortie du collège, le cœur en lambeau et ne voulant qu'une seule chose : voir son père. Il ne s'était jamais énervé autant par le passé et jamais, au grand jamais, il n'avait employé ce genre de vocabulaire auparavant. Mais Guillaume l'avait poussé à bout en le repoussant comme ça juste parce que son père était flic et l'avait bien mérité. Il le détestait à présent de tout son être, et regrettait d'être venu lui parler. Quel con.

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant