Partie 19 - La bagarre.

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Au final, ils n'avaient pas parlé. Ils étaient redescendus dans le salon lorsqu'il avait comprit qu'il ne pourrait rien dire à Aurélien. Il n'en avait tout simplement pas la force nécessaire. Et surtout, plus important que lui, il voulait comprendre ce qui était arrivé à Aurélien. Comprendre pourquoi il était aussi terrifié de ses bleus et de ses blessures, alors même qu'il faisait tout pour lui faire croire que ceux-ci provenaient de ses différentes bagarres pour ne pas l'inquiéter plus qu'il ne semblait déjà l'être. Il y avait quelque chose dans son regard qu'il n'arrivait pas à comprendre, une lueur de doute, de peur, mélangée à de... quoi ? De la certitude ? Oui, de la certitude, c'était bien ça. Mais comment pourrait-il savoir ? Il se rappela alors de la fois où le plus jeune avait vu son père lors de la réunion au collège. Celui-ci avait semblé terrifié et s'était blotti contre son père à lui, comme si celui-ci était le seul à pouvoir le protéger en éloignant cet homme qui lui faisait tant peur à cet instant précis. Son père à lui. Ça ne suffisait donc pas que celui-ci le cogne, il fallait aussi qu'il terrifie Aurélien de sa seule présence ? Il pouvait passer outre les coups, les insultes, les humiliations, parce qu'il savait que c'était pas tout ce qu'il y avait. Que dans quelques années, il serait libre de se casser de la maison familiale et il comptait bien se barrer à l'instant précis où il aurait dix-huit ans. Il pouvait passer outre tout ça, parce qu'il savait que hors de cette maison, sa vie, la vraie, elle était remplie de gens qu'il aimait et qui l'aimait. Et c'était ça l'important. C'était ça qui lui permettait de s'en foutre autant. Dehors, il y avait sa lumière, ce garçon qu'il venait à peine de rencontrer, un mois plus tôt, et qui avait déjà pris tant de place dans sa vie. Et c'était précisément ce garçon qu'il voulait protéger à présent de son père, tentant tant bien que mal de garder son visage le plus éloigné possible de son esprit. Il vint frôler le bracelet tressé marron qu'il portait à présent autour du poignet droit en pensant à lui et il sourit tristement en repensant au moment où Aurélien le lui avait offert lors de son anniversaire, un petit sourire hésitant sur les lèvres, après avoir rejoint ses amis dans le salon. Il lui avait fait un câlin pour le remercier et après avoir passé le bracelet à son poignet, il l'avait attiré de nouveau à lui pour le prendre dans ses bras. Aurélien n'avait pas quitté ses bras de la soirée après ça et s'était même endormi contre lui, complètement épuisé car ayant pleuré une bonne partie de celle-ci malgré le semblant de sérénité qu'ils avaient retrouvés vers la fin, en partie grâce au délicieux gâteau que Claude et lui lui avaient préparé. Ils avaient alors brièvement discuté du plus jeune, ses amis lui disant qu'ils étaient inquiets eux aussi. Eux aussi semblaient s'être rendu compte que quelque chose n'allait pas. Ils n'avaient pas reparlé de son père. Et quand il l'avait ramené ensuite chez le sien après la soirée, Aurélien ayant refusé encore une fois de rester dormir et il savait pourquoi à présent, celui-ci l'avait regardé un long moment avant de lui dire ça : Il s'inquiète pour toi, Guillaume. Tu es sûr que tu n'as rien à me dire ? Il avait secoué la tête et était parti sans lui raconter les événements de la soirée, pas certain que son père apprécierait l'entendre lui dire qu'Aurélien avait eu une crise d'angoisse à son arrivée en voyant ses blessures. Qu'est-ce qu'il y pouvait de toute façon, hein ?

« Guillaume. Aurél. »

Il se retourna vers Claude en l'entendant dire ça tout à coup près de lui, le sortant de ses pensées, et il se tourna dans la direction que son ami regardait. Il vit Julien et ses amis entourant en arc de cercle le plus jeune à quelques mètres de lui dans la cour de récréation et quand il vit le plus grand pousser le plus jeune fortement, Aurélien tombant par terre sur les fesses sans ne serait-ce que riposter une seule fois, il s'élança vers le groupe d'adolescents :

« Putain, mais c'est pas vrai...!! Jamais vous allez le laisser tranquille, bande de cons !! s'écria-t-il et il s'interposa entre le groupe et Aurélien, celui-ci dans son dos.

— Oh tiens... Guillaume le Conquérant, tu m'avais manqué, dis donc.

— Ferme ta gueule, Julien. Tu veux te battre ? On va se battre, si tu veux. Mais Aurélien, tu le laisses tranquille ! Tu m'entends ?! cria-t-il dans une rage sourde.

— Se battre ? Mais Guillaume... Dis-moi... Ce bleu, là. Et cette blessure à la tempe. Et cette main bandée. C'est en te battant que tu te les aies faites ? Toutes, vraiment ?

— Julien, je te préviens... menaça-t-il l'autre garçon en se rappelant d'Aurélien dans son dos. Un mot de plus, et tu verras si ma main bandée ne peut rien te faire.

— Tu vois, j'en suis pas si sûr moi, Guillaume... J'ai plutôt l'impression que quelqu'un a la fâcheuse habitude de se défouler sur toi ces dernières années. Et par quelqu'un, je veux bien sûr parler de... ton père. »

Il sentit sa respiration se couper en l'entendant dire ça et alors, il entendit Aurélien se mette à sangloter dans son dos. Il n'osa pas se retourner, trop effrayé de le voir être en train de s'écrouler mentalement à cette déclaration de Julien, et il s'élança sur ce dernier, fou de rage. Il entendit ses amis crier son prénom dans son dos mais ça ne l'arrêta pas, bien au contraire. Il avait envie de tuer Julien pour ce qu'il avait osé dire devant Aurélien. À tout le monde s'il voulait, mais pas à lui. Pas à lui, bordel.

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant