Partie 5 - Le père.

90 13 3
                                    

« Aurélien ! »

Il se tourna en même temps que le plus jeune en entendant quelqu'un appeler ce dernier et il vit alors un homme d'une quarantaine d'années entrer dans l'infirmerie. Celui-ci se précipita vers eux et il sentit Aurélien se lever du lit sur le rebord duquel il est assis depuis bien vingt minutes à ses côtés à ça :

« Papa...!! »

Il vit l'homme prendre le plus jeune dans ses bras lorsque celui-ci le rejoignit en courant et il le vit se pencher vers lui pour le serrer fort dans ses bras, remontant une main sur sa nuque.

« Papa...

— Eh, mon cœur... C'est fini, tout va bien. Papa est là... entendit l'homme murmurer au plus jeune tandis que celui-ci se mettait à sangloter dans ses bras et il observa la scène un peu gêné, se sentant de trop et le surnom tournant en boucle dans son esprit : mon cœur. Montre-moi, mon ange. Ton menton, entendit-il alors l'homme demander au plus jeune et il le vit forcer Aurélien à se reculer un petit peu afin de pouvoir prendre son visage dans ses mains pour regarder la gaze qu'il avait à présent sur le menton. Ça te fait mal ? Beaucoup ? demanda-t-il et quand Aurélien hocha la tête entre deux sanglots, il le vit lui jeter un regard inquiet. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Est-ce que quelqu'un t'a fait du mal ? On t'a frappé ? demanda l'homme à son fils et quand celui-ci secoua la tête précipitamment, il s'approcha d'eux en voyant qu'il ne semblait pas vouloir dire la vérité à son père. Aurélien, parle-moi. Je ne peux pas régler les problèmes sinon, tu le sais...

— Je ne veux pas... balbutia Aurélien et il fronça les sourcils en l'entendant dire ça avant de prendre la parole à son tour.

— C'est des garçons qui lui ont fait ça. Des quatrièmes. Ils sont pas méchants... mais vraiment stupides par contre.

— Vraiment ? Tu saurais me les indiquer ? lui demanda le père du plus jeune et il vit ce dernier lui jeter un regard terrifié à ça avant de secouer la tête lentement.

— Je... sais pas... balbutia-t-il alors et il jeta un petit coup d'œil confus à Aurélien, se demandant pourquoi il réagissait comme ça. Je ne les connais pas bien et...

— Le directeur a dit qu'il allait s'en occuper, papa, l'interrompit alors le plus jeune et il vit l'homme se tourner vers son fils alors qu'il se disait qu'il lui semblait déjà l'avoir vu quelque part. S'il te plaît... ne fais rien. Promets-le-moi. Tout va bien... »

Il vit Aurélien faire un câlin à son père en entourant son cou de ses bras et en venant se blottir contre lui, et il sentit alors un petit serrement dans sa poitrine à ce geste si tendre. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Est-ce que c'était parce que ça le rendait jaloux par rapport à son propre père avec qui jamais il ne pourrait se comporter comme ça ? Ou bien parce que ce câlin... il aurait bien aimé y avoir droit lui aussi ? Mais c'était ridicule de penser comme ça, c'était son père, lui il n'était absolument rien pour le plus jeune. Et son père... il ne savait pas pourquoi, mais son visage lui disait quelque chose, il ne savait juste pas quoi, et ça le frustrait au plus haut point.

« Ok. Ok, mon cœur, dit l'homme au plus jeune qui s'était remis à sangloter dans son cou et il sentit toute sa frustration s'évaporer en l'entendant l'appeler encore une fois par ce surnom si tendre. On rentre à la maison, et je laisse le directeur s'en occuper. Pour cette fois. Mais s'ils recommencent, je veux que tu me le dises, d'accord ? Je m'en chargerais. Il faut pas tolérer des agissements pareils, hein ? Surtout... après tout ce qui t'est déjà arrivé. »

L'homme sembla se rappeler soudain de sa présence, car il le vit lui jeter un regard hésitant, puis celui-ci se redressa avant de se pencher vers son fils afin d'essuyer doucement son visage de ses pouces.

« Allez, Aurélien... On va rentrer maintenant. Tu vas pouvoir te reposer. »

Il vit le plus jeune hocher la tête et quand son père le prit par la main et attrapa son cartable sur le sol de la pièce, reposant contre le mur depuis que le directeur le leur avait ramené, il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine en ne le voyant même pas se retourner vers lui pour lui dire au revoir ou même pour lui adresser un petit sourire de remerciement. Son père, lui, hocha la tête doucement en le regardant et il en fit de même, prenant ça pour un merci et au revoir même s'il n'en avait réellement aucune idée. L'homme entraîna alors son fils derrière lui et il vit Aurélien le suivre sans rien dire, semblant complètement exténué. Putain.

***

« Alors, Guillaume ? On a rencontré le daron enfin ? »

Il se retourna en entendant Julien lui dire ça dans la rue alors qu'il rentrait chez lui et il se tourna pour le regarder d'un air irrité. Encore avec sa bande de cons.

« Qu'est-ce que tu veux ? Je devrais t'en coller une pour ce que t'as fait à Aurélien tout à l'heure.

— Moi ? Mais j'ai rien fait, voyons, dit Julien en prenant un air innocent et il sentit la colère le submerger en l'entendant dire ça.

— Me prends pas pour un con ! Que ce soit toi, Victor, Thomas ou bien vous autres, s'écria-t-il en se tournant vers François et Pierre qui le regardaient d'un air amusé. C'est toujours vous. Je vous l'ai déjà dit ! Prenez-vous en a quelqu'un de votre taille ! De votre âge ! Quelqu'un qui sait se détendre !

— Genre... toi ? dit Victor en lui lançant un regard moqueur et il resserra sa main sur la anse de son sac.

— Si ça t'amuse de te prendre un pain, ouais, viens mon gars.

— Ah ouais ?

— Ouais.

— Ok alors–

— Stop, arrêta Julien en levant une main dans les airs alors que celui-ci semblait prêt à lui sauter dessus. Avant de passer cet idiot à tabac, je veux qu'il sache d'abord qui est le père de son petit protégé.

— Ce n'est pas mon protégé.

— Oui, oui, à d'autres. Cherche dans le journal d'il y a une semaine, lui dit Julien et il plissa les yeux, méfiant. Je suis sûr que son visage te reviendra. Et tiens, son livre, vu que tu vas sûrement avoir une petite discussion après ça avec lui. Faudrait pas que la bibliothécaire l'engueule parce qu'il la perdu, hein. »

Julien lui lança un livre et il l'attrapa avant que celui-ci ne tombe par terre. Habile. Julien exhala alors un petit rire, puis il le vit tourner les talons, suivi par toute sa clique. Quel connard celui-là, il se demandait vraiment pourquoi Aurélien n'avait pas voulu dire à son père que c'était lui et sa bande qui lui avait fait ça. Après tout, une bonne leçon ne lui ferait pas de mal. Et qu'est-ce qu'il avait voulu dire d'ailleurs sur le père du plus jeune ? Le journal dil y a une semaine ? Il devait avoir ça, oui. Mais avant, il allait inviter ses potes à venir chez lui. Fallait bien qu'il leur explique pourquoi il avait disparu de toute l'après-midi.

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant