Partie 20 - Guillaume.

67 9 0
                                    

Il regardait le plus jeune qui était en train de le soigner en silence, celui ayant les yeux rivés sur son visage et, surtout,  n'ayant pas ouvert la bouche depuis la fin de la bagarre. Quand ses amis avaient enfin réussi à l'extirper de cette dernière, il s'était rendu compte que seuls Julien et lui étaient en train de se battre. Les amis de ce dernier l'avaient regardé d'un air effrayé quand il s'était tourné vers eux et il avait compris à leurs visages déconfits qu'ils n'avaient absolument aucune envie de se battre contre lui alors qu'il semblait comme possédé. Oui, possédé. Par une rage sans limite.  À cause de Julien qui avait raconté son secret, le faisant évidemment exprès pour qu'Aurélien soit au courant de ce qu'il voulait tant lui cacher. Les amis de l'autre garçon s'étaient alors précipités vers ce dernier pour l'aider à se relever et il avait ainsi pu se rendre compte de l'état dans lequel il l'avait mis en voyant son visage en sang. Ça lui avait fait du bien. Alors, il s'était tourné vers Aurélien et il l'avait vu le regarder d'un air terrifié, blotti tout contre Claude. Encore. Ça, ça ne lui avait pas fait du bien. Ils s'étaient fixés un long moment, chacun pour des raisons différentes, puis il avait vu Aurélien se lever et se diriger vers lui, le faisant trembler à son approche. Il ne savait pas quelle serait sa réaction. Aurélien avait plongé son regard dans le sien pour le regarder un long moment d'un air sérieux, puis il l'avait senti prendre sa main dans la sienne en silence, tournant les talons et l'entraînant derrière lui. Ses amis les avaient laissés s'en aller sans rien dire et il s'était laissé entraîner par Aurélien, n'ayant aucune idée d'où il l'emmenait mais se foutant complètement de la destination tant qu'il était à ses côtés. Il l'avait amené chez lui.

« Aurél, parle-moi, s'il te plaît... » dit-il doucement en attrapant délicatement le poignet de ce dernier en le voyant s'immobiliser soudain alors qu'il passait un coton imbibé d'alcool sur son arcade sourcilière ouverte.

Aurélien resta silencieux, le regard perdu dans le vide, et il l'amena à baisser sa main avant de prendre son visage dans les siennes avec douceur pour l'appeler doucement :

« Eh... Aurél... Tu m'entends ? »

Aurélien sembla alors revenir à lui car il vit son regard se concentrer sur son visage à lui et il vit des larmes lui monter aux yeux alors qu'une expression inquiète se dessinait petit à petit sur le sien.

« Est-ce que... c'est vrai...? Ton père...? Est-ce que c'est vraiment lui... qui te fait ça, Guillaume ? Qui... te bat...? »

Il sentit sa mâchoire se serrer en l'entendant lui demander ça et il hésita un instant à lui mentir encore une fois avant de se dire que ça ne servait plus à rien. Il hocha alors la tête et il vit une expression de totale dévastation s'inscrire sur le visage du plus jeune à ça, comme il l'avait redouté.

« Mais c'est rien, Aurél. Vraiment. Et puis... battre, c'est un bien grand mot pour expliquer la vérité. La vérité c'est qu'il me cogne de temps en temps, quand il est bourré ou en colère, c'est tout. Pas de quoi... en faire tout un plat. Regarde, je me porte comme un charme, non ?

— Non... Non, pas du tout, murmura Aurélien en le regardant d'un air terrifié et il exhala un petit rire en voyant qu'il avait manqué l'ironie évidente dans sa voix.

— Aurél, c'était une blague...

— Ce n'est pas drôle, Guillaume. Ça fait des semaines que je m'en doute. Je savais que ce n'était pas... Je savais que tu ne te battais pas... Que c'était pas dû à de simples bagarres, l'entendit-il lui dire avant qu'il ne le voie lever un bras pour se le passer devant les yeux, comme pour essuyer ses larmes, mais il le vit bientôt abandonner et pleurer de plus belle contre ce dernier. Je le savais... »

Il chercha à lui enlever le bras de devant le visage pour le regarder et Aurélien rouvrit les yeux en le sentant le toucher. Leurs regards se croisèrent alors et il vit de la peur dans ses prunelles sombres. De la peur, et du désespoir.

« Aurél... Pourquoi tu réagis comme ça ? Aussi... violemment ? lui demanda-t-il dans un murmure, cherchant à tout prix à ne pas le brusquer, et il le vit écarquiller les yeux d'un air apeuré. Qu'est-ce qu'il t'est... arrivé...? »

Le plus jeune secoua précipitamment la tête en l'entendant lui demander ça tout à coup et il glissa sa main dans ses cheveux noir afin de pouvoir caresser sa joue.

« Je sais que tu as probablement peur pour moi, mais je t'assure... Tout va bien...

— Tout ne va pas bien, Guillaume, le coupa précipitamment Aurélien et il déglutit, se demandant comment lui faire comprendre. Comment tu peux dire ça ? Comment tu peux vouloir me le faire croire ?

— Parce que je m'en fous. Complet. C'est juste un pauvre type bourré et au fond du trou. Il se fait plus de mal à lui qu'à moi.

— Non... Il est dangereux...

— Pas vraiment... Je suis allé voir la police, tu sais, plusieurs fois. Pour leur dire. Pour leur expliquer ce qu'il se passait, et je pensais naïvement qu'ils me croiraient. Tu sais ce qu'ils m'ont répondu ? À chaque fois ? Il fait bien pour te remettre dans le droit chemin. Une bonne dérouillée de temps en temps ça remet les idées en place. Parce que... quoi ? Je m'étais battu quelques fois à l'école ? J'avais volé une fois dans un magasin quand j'avais dix ans ? J'suis pas un gangster, Aurél. La plupart de mes blessures, elles viennent de lui, pas de bagarres.

— Je le sais... pleura Aurélien en fermant les yeux et il le sentit attraper son tee-shirt de ses doigts alors, tandis que lui avait toujours ses doigts dans ses cheveux. Je sais que tu n'es pas méchant...

— Et le mec qui a créé tout le grabuge l'an dernier... reprit-il en voyant Aurélien s'écrouler à nouveau. Celui qui a fait virer ce policier, c'était lui. Parce qu'il était bourré à 3h du matin sur la voix publique et qu'il s'en ait pris à des policiers. Mais ça, les autres s'en foutent. Ça leur donnait juste une raison pour incendier le commissariat quand ce policier s'est défendu. Mon chat, écoute-moi... murmura-t-il en le voyant sangloter douloureusement et il ne s'arrêta même pas sur le surnom qu'il venait de lui donner, celui-ci lui allant à la perfection. L'arme que j'ai dans ma chambre. C'est justement pour me protéger de lui, si jamais un jour il va trop loin. Alors tu vois, tout va bien. Je saurais me protéger.

— Non, Guillaume... Non, c'est juste encore plus dangereux. Imagine qu'il tombe dessus. Qu'il s'en serve sur toi, lui. Il faut que tu te débarrasses de cette arme. Déjà, comment ça se fait qu'elle soit en ta possession... sanglota le plus jeune avant de reprendre sans attendre sa réponse et il le vit alors se mettre à paniquer. Il faut que tu le dises à mon père. Dis-le-lui... Il t'écoutera, lui. Il a déjà eu affaire... affaire à... »

Il le vit se mettre à pleurer de plus belle à ça, n'arrivant pas à dire ce qu'il semblait vouloir lui dire, et il le regarda d'un air perdu se mettre à respirer de plus en plus fort avant de comprendre qu'il commençait à faire une crise d'angoisse.

« Non, non, non... Aurél, l'appela-t-il en prenant son visage dans ses mains et le plus jeune lui lança un regard paniqué à ça. Respire, bordel. À quoi a eu affaire ton père ? Quoi ? lui demanda-t-il, se doutant que sa panique soudaine avait sûrement un lien avec ce qu'il s'était passé dans son passé. Je t'interdis, tu m'entends ? Tu restes avec moi, tu ne t'évanouis pas. Pas cette fois. »

Aurélien lui lança un regard implorant à ça, semblant complètement terrorisé, et au moment où il le vit tourner de l'œil, il l'attrapa à bras le corps en poussant un juron.

« Putain, merde ! Aurél !! »

Il n'avait pas réussi. Et il s'était évanoui.

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant