Partie 12 - Le bleu.

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« Guillaume, attends...! »

Il s'arrêta dans la rue en entendant Aurélien l'appeler malgré le fait qu'il ait tourné les talons en le voyant en sortant du collège, espérant ainsi qu'il ne le voie pas. Il ferma alors les yeux et resta immobile, refusant de se retourner pour le regarder. Il ne voulait pas qu'il voie...

« Guillaume...? Qu'est-ce qui... ne va pas...? l'entendit-il alors lui demander doucement d'un air hésitant et il eut peur soudain qu'il pense qu'il lui en voulait pour quelque chose alors que... putain... non, c'était tellement pas ça. Eh... »

Il le sentit frôler ses doigts des siens avec délicatesse, d'un air incertain, et un grand frisson remonta sa colonne vertébrale à ce geste si doux. Il le sentit alors prendre un peu plus d'assurance et Aurélien referma ses doigts sur les siens avant de tirer doucement sur sa main, l'amenant ainsi à se retourner et lui faire face. Il baissa immédiatement la tête à ça et Aurélien resta silencieux un long moment avant qu'il ne le sente lâcher sa main. Il allait rattraper cette dernière en le sentant l'éloigner de la sienne quand il le sentit glisser celle-ci sous son menton avec délicatesse pour lui faire relever la tête :

« Qu'est-ce qu'il... t'est arrivé ? lui demanda doucement Aurélien en apercevant alors le bleu qu'il avait au niveau de l'œil et il faillit pleurer en entendant la douceur avec laquelle il lui adressait la parole, comme on le ferait pour calmer un animal sauvage avant de l'approcher pour éviter qu'il ne nous attaque. 

— Je me suis battu. Je voulais pas que tu le voies.

— Encore ? Mais... avec qui...?

— Aurél, arrête. Reste en dehors de tout ça, dit-il alors en soupirant et il détourna le regard .

— Pourquoi... tu essaies de me tenir à distance encore une fois ? murmura Aurélien en venant poser une main sur sa joue pour l'amener à le regarder de nouveau. Avec qui tu t'es battu...?

— Personne que tu connais. Ok, c'est bon ? dit-il un peu trop sèchement et il vit Aurélien lui jeter un petit regard inquiet à ça.

— N-Non, ce n'est pas bon. Pourquoi tu ne veux pas me le dire, Guillaume ? Je m'inquiète pour toi, tu le comprends pas ?

— T'as aucune raison de t'inquiéter. Je m'en sors très bien tout seul.

— Clairement... non. Sinon tu ne serais pas aussi blessé pour la deuxième fois en une semaine. »

Il lui lança un regard noir en l'entendant lui dire ça avant de se calmer aussitôt en le voyant lui lancer un regard surpris – et même un petit peu effrayé. C'était Aurélien devant lui, il n'avait rien demandé. Il ne savait rien. Il voulait simplement comprendre, même si lui ne lui dirait jamais de quoi il s'en retournait vraiment. Il avait bien trop d'égo.

« Excuse-moi. Je n'aurais pas dû te regarder comme ça. Ni te parler ainsi. Mais il faut que tu me fasses confiance, Aurél. Tu dois rester en dehors de ça. Vraiment.

— Ce n'est pas Julien et sa bande alors ? lui demanda le plus jeune en éloignant sa main de son visage et il bugua un instant en l'entendant parler d'eux avant de secouer la tête.

— Non, Aurél. Vraiment pas, dit-il en exhalant un petit rire. T'as pas à t'inquiéter d'eux non plus, j'ai pas l'impression qu'ils veulent encore te faire chier en nous voyant avec toi h24 maintenant...

— Guillaume, les gros mots, le réprimanda gentiment Aurélien – ce qui fit grandir une chaleur dans sa poitrine – avant qu'il ne le voie secouer la tête à son tour tristement. Mais je ne m'inquiète pas pour moi. Pas par rapport à eux...

— Aurél, soupira-t-il en sachant pertinemment bien ce qu'il allait dire : mais pour toi.

— Tes potes n'étaient pas avec toi...? Pour te défendre ?

— Non, et ça n'a pas d'importance. Maintenant, promets-moi d'arrêter de me poser des questions. Je fais ça aussi pour te protéger, hein. Il faut que tu restes en dehors de tout ça. Je le supporterais pas sinon. »

Il vit Aurélien lui lancer un petit regard hésitant, semblant se demander en quoi ne pas lui dire avec qui il se battait ainsi pouvait le protéger et pourquoi il ne supporterait pas qu'il ne reste pas en dehors de tout ça en s'en mêlant, et il vint attraper une de ses mains d'une des siennes avec douceur, le contact entre leurs deux peaux lui manquant déjà :

« S'il te plaît. Promets-moi.

— Je... Je ne sais pas si je peux... Ou sinon... si tu ne veux pas m'en parler... Parles-en à mon père...? Il pourrait t'aider.

— Non, jamais de la vie ça, répondit-il en lâchant sa main précipitamment en l'entendant émettre cette idée.

— Guillaume, s'il te plaît... Je sais que tu n'aimes pas les flics mais c'est mon père et–

— J'ai dit non, Aurél ! T'es sourd ou c'est comment ?! lui cria-t-il soudain et il vit le plus jeune reculer en lui lançant un regard effrayé. Pardon. Je suis désolé, putain. Mais c'est toi qui me pousses à bout aussi... dit-il en se passant une main sur le visage, grimaçant quand il toucha son bleu alors qu'il avait oublié son existence. Tu laisses ton père en dehors de tout ça, Aurél, tu m'entends ? Il ne ferait qu'aggraver les choses de toutes manières. Comme à chaque fois.

— Mais je ne comprends pas... Il pourrait t'aider, si tu as des problèmes...

— Je ne te demande pas de comprendre. Juste de respecter mes choix. Ok ? »

Aurélien hésita un long moment avant de hocher la tête et il poussa un petit soupir, irrité, avant de tourner les talons. Il sentit les larmes lui monter aux yeux et dut littéralement se forcer pour ne pas jeter un regard en arrière afin de regarder le plus jeune qui le regardait s'en aller sans rien dire et sans essayer de le rattraper. Pourquoi il devait l'avoir rencontré à ce moment-là de sa vie ? Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi tous ces sentiments conflictuels à son égard dans son cœur...

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant