« Eh, mon garçon... »
Il tourna la tête sur le côté en entendant quelqu'un l'appeler quand il rouvrit les yeux difficilement et tomba sur le père du plus jeune assis sur une chaise près de lui. Celui-ci le regardait d'un air bienveillant, un doux sourire sur les lèvres, et il s'aperçut qu'il tenait son fils sur ses genoux. Aurélien était profondément endormi dans ses bras, la tête reposant tout contre le torse de son père, et il sentit les larmes lui monter aux yeux en le voyant ainsi endormi. Il semblait si serein.
« Monsieur Cotentin...? Mais... qu'est-ce qu'il s'est passé...? Où c'est que je suis...?
— Tu es à l'hôpital. C'est Aurélien qui les a appelés, lui expliqua le plus vieux. Ton père ne te fera plus rien dorénavant, on s'occupe de lui.
— Mon père...? Mais...
— Guillaume, je sais tout. Depuis longtemps. Ce sont tes amis qui m'ont parlé de ton père en premier. Puis mon fils. Alors dès qu'il sort de l'hôpital, il va en prison.
— M-Mes amis ? balbutia-t-il en fronçant les sourcils, confus, ne s'arrêtant pas sur le fait qu'il ait parlé de prison. Mais... Je ne comprends pas... Qu'est-ce qu'ils... Qu'est-ce qu'ils vous ont dit...?
— Ils m'ont dit que tu avais bien trop d'égo pour venir m'en parler toi-même. Que tu l'avais déjà fait d'ailleurs... d'essayer de parler à quelqu'un. Mais qu'à chaque fois, ça n'avait rien changé et qu'au final, tu pensais que ça ne servait plus à rien. Mais ils m'ont dit que comme j'étais le père d'Aurélien... que mon fils était ton ami, en plus du fait qu'il semblait avoir une foi inébranlable en moi... d'après les dires de ton ami Claude, lui raconta le père du plus jeune. Qu'alors je ne pouvais être que différent des autres flics à qui tu avais parlé dans le passé. Et que moi, je pouvais sûrement t'aider.
— Mais, je... Ce sont mes amis qui vous ont demandé de m'aider ? Vraiment ? balbutia-t-il, perdu.
— Oui, nous sommes restés en contact depuis ce jour-là où ils m'ont demandé de t'aider. C'était... peu après la réunion parents-profs, je me rappelle. Deux jours après que tu m'aies ramené Aurélien cette première fois, après une soirée chez Claude, c'est bien ça ? » lui demanda le père d'Aurélien et il hocha la tête en voyant à peu près de quand il parlait.
Aurélien avait été triste à cette soirée, à cause du bleu qu'il avait sur le visage, et il avait dû le ramener chez lui en voyant l'état de détresse intense dans laquelle il se trouvait, le plus jeune le suppliant de parler à quelqu'un. Et deux jours plus tard, son père l'avait engueulé devant tous ses amis dans la cour de récréation après cette foutue réunion obligatoire pour les parents. Son père l'avait cogné en rentrant chez eux et il n'était pas allé en cours et donc pas vu ses amis pendant trois jours, jusqu'au jour de son anniversaire où Claude l'avait appelé pour le forcer littéralement à venir chez lui le fêter. Alors entre temps... ses amis étaient allés lui parler ? Parce qu'ils s'inquiétaient pour lui ? Et quand ses amis avaient vu l'état de son visage quand il était arrivé à l'anniversaire, et surtout son épaule, Matthieu avait pété un câble, lui disant d'arrêter de protéger son connard de père. Aurélien, lui, avait fait une crise d'angoisse et l'avait supplié de nouveau d'en parler à son père. Il ne savait donc pas que ses amis l'avaient fait à sa place, le plus jeune lui ayant promis de ne rien dire ? Est-ce qu'Aurélien... avait parlé de son inquiétude à ces derniers ? Plusieurs fois ?
« Je me suis renseigné sur ton père, Guillaume. Je sais que c'est lui qui a agressé ce policier il y a six mois. Je comprends donc que tu aies des à-priori sur moi, ça en plus de toutes les fois où apparemment t'es venu parler à un policier sans aucun retour valable. Je sais aussi... que tu n'as aucune famille. Ou en tout cas, pas de la famille proche. Ni dans le coin par ailleurs.
— Qu'est-ce que je vais devenir alors...? Est-ce que je vais devoir... partir ? Être placé en foyer...? demanda-t-il en lançant un regard apeuré au père d'Aurélien. Si mon père finit en prison...
— Ce serait idiot, non ? Il vaut mieux pour toi que tu continues ta scolarité là où tu l'as commencée. Avec tes amis. Dans la ville que t'as toujours connue. Tu ne penses pas ?
— Si, bien sûr... Mais... Comment...
— Et puis, Aurélien ne s'en remettrait pas. Il est amoureux de toi, Guillaume, non ? lui demanda le père de ce dernier en esquissant un petit sourire moqueur qui signifiait que ce n'était pas réellement une question et qu'il savait.
— Je... Il... Il vous l'a dit ? bégaya-t-il en pensant à leur baiser et que ce serait tellement Aurélien d'en parler à son père le jour-même.
— Non, même pas. Mais ça se voit. C'est flagrant. Et toi...? Est-ce que tu l'aimes aussi ?
— Aurél...? balbutia-t-il, perdu et cherchant ses mots pour expliquer à son père combien il aimait le plus jeune. Bien sûr, je l'aime de tout mon cœur. Je l'aime... plus que ma vie.
— On est deux dans ce cas, rit doucement le père de ce dernier avant de se calmer afin de ne pas réveiller son fils qui dormait contre lui. Ça me rend un peu... je sais pas... nostalgique ? Comme si... je m'apercevais soudain que d'autres personnes, autres que moi, pouvaient elles aussi avoir un impact aussi grand sur lui à leur tour. Sur sa vie. Tu comprends ce que je veux dire, Guillaume ?
— Oui, bien sûr, répondit-il en pensant à la fois où il avait ressenti de la jalousie en voyant à quel point Aurélien semblait aimer son père, ce qu'il s'était dit plus tard était complètement ridicule. Je comprends tout à fait.
— Mais si tu aimes mon fils autant que lui il t'aime, sachant que tu es quelqu'un qui a toujours été là pour lui depuis qu'on est arrivé ici... qui l'a protégé, défendu, est devenu son ami quand il n'avait personne... je suis prêt à te donner ma bénédiction, Guillaume. Aurélien est encore jeune, et j'aimerais qu'il reste mon petit garçon à moi seul pour encore des années, si ce n'est toute sa vie, mais je sais que ce n'est pas possible. Alors je te le dis, je te fais confiance par rapport à lui. Et c'est pour ça qu'il est absolument hors de question que tu partes loin de lui. N'est-ce pas ?
— Mais... Comment...? balbutia-t-il, le cœur battant la chamade devant le discours du plus vieux.
— Comment ? Et si tu restais vivre... à la maison ? On aurait seulement quelques papiers à remplir et ce sera bon. Tant que c'est mieux pour ta scolarité et que tu le veux aussi.
— Comme si... vous m'adoptiez...?
— Je ne sais pas s'il faudra en arriver jusque là mais... pourquoi pas ? Est-ce que ça te dirait ? »
Si ça lui disait ? Il n'avait jamais été aussi soulagé et heureux de sa vie. Quelqu'un en avait enfin quelque chose à foutre de lui. De sa vie. Son bonheur. Son futur. De ce que lui voulait. Il s'effondra alors en larmes en hochant la tête précipitamment et il entendit le père d'Aurélien rapprocher sa chaise de son lit avant que celui-ci ne vienne le prendre dans ses bras à son tour. Il vint se blottir contre lui, Aurélien entre eux deux qui dormait toujours, et il déposa un baiser sur le cuir chevelu du plus jeune tandis que son père caressait tendrement ses cheveux pour l'apaiser lui. Quelqu'un voulait de lui. Et à ce moment-là, alors qu'il se sentait être un enfant comme ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas laissé en être un, il se fit une promesse à lui-même. Cet homme, il en ferait son modèle dans la vie, pour le remercier de tout ce qu'il avait fait pour lui. Et il allait le rendre fier.
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Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ?
FanficGuillaume vient en aide au nouveau dans le quartier sans vraiment savoir pourquoi et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette simple décision va venir chambouler sa vie et toutes ses certitudes.