Partie 24 - La cicatrice.

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« Et ça aussi... c'est lui...? »

Il soupira en fermant les yeux lorsqu'il sentit les doigts du plus jeune frôler la plaie qu'il avait sur l'épaule gauche, celle-ci commençant tout juste à cicatriser.

« Oui, Aurél... C'est lui aussi... dit-il doucement avant de rouvrir les yeux pour venir le regarder. Mais c'est rien. Vraiment.

— Ce n'est pas... rien. Ce n'est pas parce que t'en as l'habitude que c'est normal. C'est tout sauf normal, Guillaume... un homme qui lève la main sur son fils... ainsi...

— Eh, mon p'tit chat... dit-il en attrapant sa main pour l'éloigner de son épaule lorsqu'il vit l'état de détresse intense dans laquelle Aurélien semblait être.

— Mais je savais... Je savais que tu ne te battais pas... balbutia le plus jeune en lui lançant un regard implorant. Je savais que ces blessures ne venaient pas de simples bagarres... Mais de quelque chose d'autre, plus inquiétant encore... Pourquoi il a levé la main sur toi...? Pourquoi tu m'as menti...?

— Parce que je savais la réaction que tu aurais quand tu l'apprendrais. Celle-ci précisément. Alors que tout va bien, vraiment. Je ne veux pas que tu t'inquiète, Aurél, je sais prendre soin de moi.

— Mais non... Pas du tout... Regarde-toi, Guillaume. Ton visage... Ton poignet...

— Aurél... soupira-t-il de nouveau, commençant à être à court d'arguments pour qu'il lâche l'affaire.

— Mais pourquoi tu refuses... comme ça...? Je sais que tu as dit que les policiers ne t'avaient jamais cru par le passé... Qu'ils s'étaient même moqués et avaient dit que c'était bien fait pour toi. Mais pas mon père... Mon père, il te croira si tu lui dis la vérité. Il est déjà passé par là avec moi.

— Ça n'a absolument rien à voir, répondit-il aussitôt et quand Aurélien fronça les sourcils, il plongea son regard dans le sien pour le regarder sérieusement. Absolument rien à voir, tu m'entends ? Mon père ne me touche pas comme le faisait le tien avec toi. Il ne me martyrise pas. Il me frappe, oui, de temps en temps mais ne me bat pas. Il le fait que lorsqu'il est bourré et qu'il n'arrive plus à contrôler sa colère.

— Mais le mien... aussi, balbutia Aurélien. Le mien aussi il faisait ça quand...

— Non, c'est faux. Le tien, c'était tout le temps. Tous les soirs. Tous les jours. Il n'avait pas besoin d'être bourré pour te faire ces horreurs. Pour te... toucher. Mon père à côté, c'est juste un mec paumé, pas un psychopathe. Et je n'ai pas huit ans. Ou... je ne sais pas quel âge tu avais quand il a commencé à te faire ça. J'en ai quatorze et je saurai me protéger jusqu'à mes dix-huit ans, jusqu'au jour où je pourrai enfin me casser de chez lui. Je n'ai pas peur de lui, Aurél, parce que ma vie, la vraie, c'est celle que je vis hors de cette maison. Loin de lui. Ce sont mes amis... toi.

— Mais si, tu as peur... Sinon tu n'aurais pas... une arme... balbutia le plus jeune en l'ignorant, malgré le fait qu'il l'ait senti frissonner à cette dernière phrase.

— Oui, pour me défendre. Au cas-où. Je ne sais pas jusqu'où il est prêt à aller, mais je sais que je suis prêt à aller plus loin que lui dans ce domaine. Pourquoi ça te fait si peur ? Ton père est policier, tu devrais avoir l'habitude des armes maintenant.

— Mais parce que... parce qu'il sait s'en servir, lui...! Et son arme... il l'utilise pour faire le bien...

— Et se défendre, répondit-il du tac au tac alors que la scène de comment ce dernier avait tiré sur le père d'Aurélien passait devant ses yeux, ne l'imaginant que trop bien.

— Mais tu n'es pas flic, Guillaume. Comment tu peux penser un seul instant... Tu ne sais pas... ce que c'est que de tuer quelqu'un... »

Il se rendit compte alors à cette phrase qu'Aurélien devait sûrement penser à la même chose que lui et il secoua la tête, avant de passer sa main dans sa frange pour la lui dégager de devant les yeux.

« Non, je ne sais pas... Mais s'il va trop loin, tant pis pour lui. Je suis prêt à le savoir. Certaines personnes... méritent ce qui leur arrivent, tu ne croies pas ? dit-il avant de se rendre compte de comment cette phrase pourrait être interprétée par le plus jeune. Je veux dire... les méchants. Ceux qui font du mal aux autres par pur plaisir. »

Aurélien fronça légèrement les sourcils en l'entendant dire ça avant qu'il ne le voie secouer la tête doucement. Si, Aurél. Il a mérité ce qui lui est arrivé, ton père. Et le mien s'il va trop loin, ce sera pareil. Il ne faut pas avoir d'empathie pour ces monstres.

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant