Partie 9 - L'invitation.

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« Du coup c'est bon pour le livre ? »

Il releva la tête en entendant Guillaume lui demander ça une semaine plus tard alors qu'il était chez lui, assis sur le canapé dans le salon. Aujourd'hui, le plus grand l'avait attendu après les cours et l'avait invité à venir passer un peu de temps chez lui, ce qui l'avait fortement surpris. Il avait vu ses amis les observer d'un peu plus loin et il avait hoché la tête d'un air hésitant, se demandant si ces derniers seraient aussi de la partie. Mais lorsqu'ils étaient arrivés chez Guillaume, ceux-ci les avaient salués et leur avait souhaité une bonne fin d'après-midi avant de les laisser seuls, le laissant confus. Il ne comprenait toujours pas pourquoi ils n'étaient pas venus avec eux.

« Aurél ? entendit-il Guillaume l'appeler et il sortit de ses réflexions brusquement.

— O-Oui ?

— Le livre. C'est bon alors ? La bibliothécaire l'a accepté ?

— Oui... Il était pas trop en mauvais état... balbutia-t-il en pensant au bouquin que le plus grand lui avait rendu la dernière fois qu'il était chez lui et qu'il croyait avoir perdu, soulagé de le voir en sa possession.

— J'espère bien...! rigola Guillaume en venant s'asseoir à ses côtés et il le vit se mettre à verser de l'ice-tea dans deux grands verres. Vu combien j'ai essayé de le remettre en état. Je parlais plutôt du temps de retard que t'avais dessus. J'ai pas pensé à te le rendre avant. Vu qu'on était... enfin... un peu en froid, quoi. »

Il hocha la tête distraitement à ça, puis il l'observa lui tendre un des deux verres avant d'attraper ce dernier d'un air hésitant.

« Non, ça... allait. Elle m'en a pas tenu rigueur, dit-il doucement et quand il entendit Guillaume rire de son rire si clair et chaleureux, il releva la tête pour le regarder d'un air étonné.

— Désolé, Aurél. Mais c'est juste que tu as... un de ces vocabulaires vraiment. À ton âge, en plus ! rigola le plus grand et il rougit en l'entendant dire ça. C'est ton père qui t'a appris tous ces bons mots ? Ces tournures de phrases alambiquées ? »

Il haussa les sourcils en entendant Guillaume parler alors de son père, sujet sensible entre eux, puis il sentit une grande tristesse s'emparer de lui en pensant à ce qu'il avait dit. Son père... Oui... C'était son père... Mais seulement, pas...

« Non, c'est moi, répondit-il, s'empêchant ainsi de se laisser trop penser à ce sujet précis. C'est grâce aux livres... J'apprends tout un tas de mots dedans. Je sais que c'est un peu ridicule mais...

— Hein ? Mais non, pas du tout ! s'exclama alors Guillaume, le coupant en pleine phrase. Pas du tout, Aurél. Je trouve ça cool, au contraire. C'est bien d'avoir du vocabulaire comme ça.

— Je fais pas ça pour me donner un genre, vraiment... balbutia-t-il d'un air inquiet et il vit Guillaume lui jeter un regard confus à ça.

— Te donner un genre ? Mais j'ai jamais dit ça.

— Je... sais... que tu l'as pas dit... Mais d'autres, oui. Dans mon ancienne école. Alors tu dois sûrement le penser aussi, et je comprends. Je fais pas exprès, j'essaie de m'en empêcher mais c'est compliqué. »

Guillaume l'observa alors avec un regard empli de confusion quand il dit ça, puis il le vit poser son verre sur la table basse avant de de venir poser sa main sur son avant-bras avec douceur :

« Eh... Je n'ai rien pensé du tout, ok ? Et pourquoi tu devrais t'empêcher de parler comme tu en as envie ? C'est quoi cette règle bidon ? T'as pas à t'en empêcher avec moi, Aurél. Vraiment. Je vais pas me moquer, lui dit Guillaume avant de sembler penser que techniquement c'était ce qu'il venait juste de faire. Je te promets de plus le faire. Je suis désolé. D'accord ?

— D'accord... balbutia-t-il en pensant que lui il voulait arrêter avant de penser à quelque chose qui le fit rire intérieurement, faisant apparaître un petit sourire sur ses lèvres.

— Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu souris comme ça ?

— Toi aussi, Guillaume. Toi aussi t'utilises des mots alambiqués. »

Il vit le plus grand rougir en l'entendant dire ça et celui-ci lâcha son bras pour venir prendre son verre et amener ce dernier à ses lèvres, semblant embarrassé au plus haut point et semblant essayer de se cacher derrière.

« Ça va... Moi aussi je lis des livres, hein. »

Il rit soudainement, ne s'attendant pas à cette réponse de sa part, et il vit alors Guillaume hausser les sourcils avant de rougir de plus belle. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait envie de rire tout à coup. Et Guillaume l'observa sans rien dire, un instant interdit, avant d'esquisser un petit sourire moqueur. Qu'est-ce qu'il était beau quand il souriait. C'était bien. Aujourd'hui était bien.

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant