Janvier 1994.
« Eh, oh...! Ça va pas, mais lâchez-le un peu...! »
Guillaume se précipita vers le petit attroupement d'enfants en voyant ces derniers entourer un garçon aux cheveux mi-longs noir qu'il ne connaissait pas et en voyant un garçon le pousser en arrière. Il le vit chuter lourdement par terre et il fit une grimace de douleur en imaginant à quel point il avait dû avoir mal, avant de chercher à se rapprocher de lui en jouant des coudes parmi la foule d'enfants de son âge. Ah si, c'est le nouveau de l'école, se dit-il en reconnaissant celui-ci en réussissant enfin à dépasser le cercle qui s'était formé autour de lui et il s'accroupit à ses côtés pour lui parler. Le garçon était agenouillé par terre, le visage baissé en direction du sol et le corps légèrement penché sur le côté et il remarqua deux grosses traces rougeâtres sur les paumes de ses mains, celles-ci étant dirigées vers le ciel tandis que le garçon regardait ces dernières.
« Eh, qui t'a fait ça ? » demanda-t-il en approchant sa main de l'avant-bras gauche du garçon et il le vit sursauter brusquement au contact, le faisant sursauter de même.
Il plongea alors dans ses grands yeux marron foncé bordés de larmes et il lut de la peur dans son regard alors qu'il se noyait dedans. Le garçon le dévisagea un temps qui lui sembla infini, ses yeux marron lui donnant alors l'impression de se noyer à l'intérieur tant ils semblaient profonds, avant qu'il ne le voie secouer la tête d'un air terrifié.
« Tu veux pas me dire ? dit-il et quand le garçon secoua la tête de nouveau après une once d'hésitation, il se releva. Très bien. Qui a fait ça ? Thomas ? Victor ? François ? Julien ? Pierre ? Dénoncez-vous.
— Tu cherches quoi là, Guillaume ? l'apostropha le dit Julien et il se tourna vers lui en soupirant.
— C'est toi, Julien, qui l'a frappé ? On peut savoir pourquoi ?
— Et on peut savoir ce que t'en as à foutre ? rigola Thomas de son rire de hyène à côté de Julien.
— Il y a un code, des règles. Ne jamais s'en prendre à plus faible que soi. Vous êtes au courant quand même, non ? Vous n'êtes pas complètement ignorants, n'est-ce pas ? En plus, il est tout seul. Et nouveau.
— Ferme-là, Tranchant, s'emporta Victor et il se tourna vers lui d'un air las en voyant que c'était, encore une fois, une bagarre provoquée par le même groupe. Retourne dans ton coin de la cité et qu'on t'entende plus, va retrouver tes loosers de potes.
— Des loosers, mes potes ? C'est bien ça que t'as dit, dit-il d'un air menaçant en s'avançant vers Victor à pas lents. Tu sais qu'on vous écrase en moins de deux et qu'on a pas besoin d'être cinq, nous. Connards.
— Ouais, mais là, t'es seul et nous plusieurs, ricana François. Alors t'es sûr que tu veux nous provoquer.
— Avec le commissariat de police juste à côté ? répondit-il du tac au tac et François s'approcha de lui, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent front contre front. Et ce nouveau keuf qui est arrivé aujourd'hui pour faire régner l'ordre ? T'es sûr que tu veux tenter ? Paraît qu'il est pas commode, hein. Mais vas-y, si ça t'amuse, vas-y ! »
Il était déjà prêt à se battre, peu importe les conséquences, quand il entendit Julien appeler François d'un air sévère et il exhala un rire moqueur :
« C'est ça, Julien. Rappelle tes clebs un peu. Tu leur laisses trop de liberté.
— Ferme-là ! s'énerva François, prêt à lui foutre une dérouillée, mais Julien l'arrêta d'un signe de la main.
— Il a raison. Pour une fois. On connaît pas encore ce nouveau policier et s'il est aussi vénère qu'on le dit... vaut mieux se tenir à carreaux pour le moment. Histoire de voir par quel bout le prendre. »
Il exhala un rire en entendant la justification de l'autre garçon et quand celui-ci fit signe à ses amis de le suivre et que la foule commença à se disperser, il se retourna vers le garçon par terre qui regardait la scène d'un air terrifié.
« Allez viens. Relève-toi, lui dit-il en le tirant par l'avant-bras. C'est bon, maintenant. »
Le garçon grimaça alors et il baissa les yeux pour regarder ses mains. Celles-ci étaient rouges, ça devait le piquer.
« T'as mal ? lui demanda-t-il d'un air détaché et le garçon hocha la tête en lui lançant un regard effrayé. Ok... Bon, j'ai pas l'habitude de faire ça mais... Viens avec moi, ok ?
— O-Où ça ? bégaya le plus jeune et son cœur sauta dans sa poitrine lorsqu'il entendit enfin sa voix, ce qui le surprit, et il se dit qu'elle était douce.
— Mm, chez moi. J'ai de quoi te soigner, expliqua-t-il brièvement avant de ricaner en le voyant lui jeter un regard apeuré. Je peux savoir de quoi t'as peur au juste ? Je viens de te sauver la mise, je te ferais dire. C'est pas pour te faire du mal à mon tour, non ? »
Le garçon, qui devait bien faire deux têtes de moins que lui il remarqua alors, jeta un regard par-dessus son épaule en direction du commissariat de police et il fronça les sourcils en le voyant regarder vers ce dernier.
« Je ne te conseille pas d'aller porter plainte pour ce qu'il s'est passé. Sinon, Julien et sa bande risquent de ne jamais te laisser tranquille après ça. Tu m'as compris ? »
Le garçon se retourna vers lui et lui lança un regard inquiet avant de hocher la tête et il hocha la tête à son tour avant de tourner les talons :
« Ok, bien. Viens maintenant. Faut soigner ces paumes. »
Il entendit le garçon lui emboîter le pas après une nette hésitation et un petit sourire victorieux s'inscrivit sur ses lèvres en le sentant le suivre. Il lui faisait confiance. Et il ne savait pas pourquoi il avait autant insisté pour qu'il le suive chez lui, mais il était content de cette victoire.
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Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ?
FanficGuillaume vient en aide au nouveau dans le quartier sans vraiment savoir pourquoi et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette simple décision va venir chambouler sa vie et toutes ses certitudes.