Partie 18 - La détresse.

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« Eh, p'tite tête... »

Il rouvrit les yeux en sentant Claude se lever à côté de lui dans le canapé et en l'entendant dire ça soudain. Il le suivit du regard et alors, il vit Aurélien entrer dans le salon, faisant rater un battement à son cœur. Il était réveillé. Il avait eu tellement peur. Et s'il s'était évanouie, c'était sûrement par sa faute. Parce qu'il avait vu à quel point il était blessé en entrant dans le salon. Mais ce n'était rien, vraiment. Il observa son ami prendre le plus jeune dans ses bras et il se rendit alors compte, devant l'aisance avec laquelle il le faisait, qu'il avait encore du mal à se comporter ainsi avec le plus jeune, lui. Oui, c'est vrai, il l'avait déjà pris dans ses bras, mais le plus souvent c'était quand celui-ci était en pleurs et avait besoin de réconfort pas... spontanément. Il ressentit alors la morsure de la jalousie dans son cœur en voyant Aurélien se laisser faire dans les bras de Claude : depuis quand ils étaient si proches tous les deux ? Est-ce qu'il avait raté un épisode ? Puis, quand Claude lâcha le plus jeune, leurs regards se croisèrent et il frissonna en voyant le petit regard inquiet que portait Aurélien sur lui. Il avait l'air presque... effrayé. Est-ce que c'était lui qui lui faisait peur ainsi ? Il aperçut alors Ablaye aux côtés du plus jeune, derrière lui, et celui-ci lui fit un signe de tête communicatif : Va lui parler. Tout de suite. Il en a besoin. Il soupira alors et, juste au moment où il allait se lever du canapé, il sentit Matthieu poser une main sur son épaule et il se tourna vers lui, les sourcils levés de surprise. Son ami le regarda fixement comme pour lui dire de pas faire le con ou peut-être de dire la vérité cette fois et il hocha la tête avant de se lever. Il se dirigea vers Aurélien et celui lui jeta un petit regard inquiet lorsqu'il le vit s'arrêter devant lui, semblant se demander ce qu'il allait bien pouvoir lui dire et quelle réaction il allait avoir.

« On peut... parler ? lui demanda-t-il et il vit alors le plus jeune lui lancer un regard plus paniqué encore à ça, comme si la seule idée de se retrouver seul avec lui le terrifiait, alors il força un petit sourire sur ses lèvres, essayant ainsi de le rassurer. Aurél, s'il te plaît... J'ai besoin de te parler.

— D'a-D'accord... » l'entendit-il répondre d'une voix brisée.

Comme s'il allait s'effondrer en larmes dans peu de temps. Et c'était sûrement le cas. Alors il hocha la tête – ne sachant pas que dire d'autre – et lui fit un petit signe de cette dernière, lui indiquant de le suivre. Aurélien acquiesça doucement et quand il tourna les talons, il l'entendit lui emboîter le pas aussitôt. Il fallait vraiment qu'ils discutent.

***

Je veux le protéger. Cette phrase tournait en boucle dans son esprit alors qu'il observait le plus jeune assis à ses côtés dans la chambre de Claude. Aurélien le regardait sans rien dire, semblant attendre sa sentence, et il sentit sa gorge se serrer en repensant alors à la discussion qu'il avait eu avec son père après que celui-ci ait réussi à rendormir son fils. Avant qu'il ne lui parle de son bleu et qu'il prétexte une excuse pour s'en aller. Je veux le protéger. C'est gentil, Guillaume, mais ce n'est pas ton rôle, lui avait répondu le père d'Aurélien. C'est déjà compliqué pour moi avec mon métier... Alors que c'est mon métier... Mais c'est le mien, de le protéger. Toi, tu es encore un enfant et ton rôle c'est de bien grandir. Rien de plus. Son père lui avait ensuite parlé, mais tellement brièvement, des cauchemars que faisaient ces derniers jours Aurélien. Ces cauchemars dont il semblait prisonnier quand il les faisait et qui le terrifiait tellement, s'imaginant toujours qu'Aurélien n'arriverait pas à en sortir cette fois et resterait enfermé dedans à jamais. Il lui avait dit qu'il avait cru que c'était derrière eux tout ça, Aurélien ayant semblé aller tellement mieux depuis ces deux dernières années et il avait appris que celui-ci était même allé voir une psychothérapeute pour régler ces cauchemars par le passé. Puis le père du plus jeune s'était tu, semblant se dire qu'il en avait trop dit. Ce n'est pas à moi de t'en parler, Guillaume, c'est à lui. Puis il se rappela de la manière terriblement inquiète qu'avait eu l'autre homme de regarder son fils avant de sortir de sa chambre, ne sachant pas qu'il les observait en silence depuis le couloir : Reste encore un peu mon petit garçon, hein ? Ne grandis pas trop vite, mon cœur, tu as tellement à rattraper encore. À rattraper... Qu'est-ce qu'il avait voulu dire par là ? Il avait pensé pendant longtemps qu'Aurélien vivait une vie privilégiée, une vie sécurisée, loin de la violence et des horreur de ce monde. Mais à présent, après avoir eu cette discussion – bien qu'avortée – avec son père et après avoir été témoin de sa crise d'angoisse nocturne, puis celle d'un peu plus tôt, il n'en était plus si sûr. Et son envie de le protéger du monde entier parce qu'il semblait bien trop innocent et naïf à propos de la violence du monde s'était maintenant changée en besoin parce que justement il semblait la connaître que trop bien. Mais être à ses côtés représentait un danger de plus pour Aurélien, il en était maintenant encore plus conscient qu'à leur première rencontre. Pas avec comment tout avait escaladé ces derniers temps.

« Guillaume... l'entendit-il alors l'appeler dans un sanglot et en sortant de ses pensées, il croisa le regard implorant du plus jeune sur lui. Pourquoi... tu ne dis rien...

— Désolé... J'étais dans mes pensées. Je réfléchissais... à quoi te dire.

— Et qu'est-ce que tu veux me dire...? l'entendit-il lui demander d'une voix brisée qui lui serra le cœur. Qui... t'a fait ça...? Qui t'a fait du mal ?

— Aurél, non, l'arrêta-t-il aussitôt en le voyant lever une main en direction de son visage, les yeux rivés sur son arcade sourcilière.

— Qui... t'a blessé ainsi... Guillaume...? murmura le plus jeune alors qu'il entourait sa main de la sienne pour l'éloigner de son visage et il le vit lui lancer un regard larmoyant quand il ne lui répondit pas. Guillaume...

— Ce n'est rien, Aurél. Une bagarre qui a mal tourné. Je te l'ai déjà dit, non ? Ce n'est rien, je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi. »

Aurélien secoua la tête à ça et il le vit s'effondrer en larmes, cette vision lui brisant littéralement le cœur.

« Pourquoi... tu continues de me mentir ? Je sais que tu mens. Je le sais. Je le sais... Guillaume... »

Il sentit son cœur s'arrêter un instant dans sa poitrine en voyant Aurélien s'écrouler littéralement devant ses yeux. Le plus jeune semblait sur le point de faire une crise d'angoisse de nouveau, à cause de lui à nouveau, et il ne sut rien faire d'autre que le prendre dans ses bras, le serrant tout contre lui alors qu'il glissait une main derrière sa nuque.

« Arrête ça, je t'en supplie. Il faut que ça cesse, Guillaume. Dis-le à mon père. Dis-le à mon père...!! »

Il secoua la tête contre la sienne et Aurélien poussa alors un long cri de douleur qui lui glaça le sang. Pourquoi... est-ce qu'il réagissait comme ça ? Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver dans le passé pour obtenir une telle réaction de sa part.

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant