Partie 13 - La tristesse.

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« Aurél ? Ah, t'es là... »

Il se retourna en entendant Guillaume l'appeler derrière lui et il lui lança un regard hésitant avant de lui offrir un petit sourire en le voyant le rejoindre sur la terrasse de Claude, chez qui ils étaient. Celui-ci leur avaient proposé de venir goûter et de passer l'après-midi chez lui afin de bien profiter du week-end et il était venu, bien qu'il soit étonné d'être invité de même alors que ces derniers jours sa relation avec Guillaume était tendue. Depuis l'épisode du bleu. Mais c'est vrai que les amis de Guillaume semblaient l'apprécier. Ceux-ci étaient tellement gentils avec lui, il ne comprenait pas pourquoi. Peut-être était-ce parce qu'il était plus jeune. Ou peut-être parce qu'ils savaient que son père était flic, l'ayant appris à leur tour, et que eux – contrairement à Guillaume et à une grande partie du quartier dans lequel il vivait maintenant selon le plus grand – trouvaient ça cool d'être amis avec un fils de flic. Claude avait proposé à un moment donné d'aller nager dans la piscine qu'il y avait dans le jardin et ils s'étaient tous empressés d'aller chercher leurs maillot avant de se rendre compte en revenant habillés pour le bain que lui n'avait pas bougé. Claude lui avait proposé de lui passer un maillot s'il n'en avait pas et il l'avait remercié de sa proposition avant de refuser en disant qu'il n'avait pas vraiment envie d'aller se baigner lui, mais qu'il se contenterait avec plaisir de les regarder s'amuser dans l'eau et que ça ne le dérangeait pas du tout. Guillaume lui avait demandé s'il était sûr et alors tous ses amis s'étaient mis à insister les uns après les autres, et il avait été contraint de leur dire la vérité. Ou en tout cas, une partie de cette dernièreJe ne sais pas nager, maintenant allez-y s'il vous plaît et n'insistez plus. Il avait eu tellement honte. Et il savait qu'il n'avait pas de raison, vraiment, d'avoir honte surtout au vu de la bienveillance dont faisaient preuve les amis de Guillaume depuis le début à son égard, mais tout de même. Guillaume s'était aussitôt excusé d'avoir insisté, et Ablaye avait trouvé un jeu de ballon à faire où il pourrait se sentir inclus malgré le fait qu'il soit hors de l'eau, assis sur la margelle de la piscine.

« Eh, Aurél... Ça va...? lui demanda Guillaume en s'arrêtant à côté de lui et il hocha la tête doucement en relevant cette dernière pour le regarder. Tu es sûr ? Pourquoi tu es parti t'isoler comme ça alors ? »

Il repensa alors à quand Claude avait proposé qu'ils restent tous dormir chez lui ce soir vu qu'on était samedi et que ses parents étaient partis pour le week-end, et la panique qu'il avait ressenti en les voyant tous acquiescer et dire que c'était une super idée. Il n'avait pas envie de rester. Il ne pouvait pas.

« Aurél ? entendit-il Guillaume l'appeler, le sortant de nouveau de ses pensées, et il secoua alors la tête alors qu'il se rendait compte que ce dernier était à présent assis à ses côtés sur les marches du petit escalier qui menaient au jardin de Claude. Eh... Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? C'est à cause de moi ? J'ai fait quelque chose ? l'entendit-il lui demander en venant le prendre doucement dans ses bras et il secoua la tête de nouveau alors qu'il pensait que si, ça avait un rapport avec lui, bien sûr que oui.

— Je ne veux pas... que tu m'en veuilles, Guillaume, sanglota-t-il alors en se blottissant bien malgré lui contre la chaleur du plus grand. Je suis tellement désolé...

— Désolé ? T'en vouloir ? Attends, tu parles de la dernière fois là ? De comment on s'est quittés quand tu t'es rendu compte que je m'étais battu encore ?

— Oui... pleura-t-il, soulagé de voir que Guillaume savait parfaitement pourquoi il pleurait et qu'il n'aurait donc pas à le lui expliquer. Je suis désolé, je voulais pas te mettre en colère...

— Non, non, non... Aurél, tu ne m'as pas mis en colère, entendit-il Guillaume lui dire en passant ses mains dans ses cheveux pour venir caresser sa nuque avec tendresse et essayer ainsi de le réconforter.

— Si... J'ai bien vu que je t'avais énervé...

— Non... Ou peut-être un peu, mais c'est pas grave, c'est déjà oublié, je te jure.

— Ne jure pas, ne jure pas... sanglota-t-il en revoyant le souvenir de la dernière fois apparaître aussitôt dans son esprit à cette phrase.

— Merde, désolé... Je te promets, Aurél. Ce serait plutôt à moi de m'excuser. Pour comment je t'ai parlé, les choses que je t'ai dit... Et pour comment je suis me suis barré en te laissant en plan. Excuse-moi... Tu veux bien m'excuser...?

— J'ai peur, Guillaume... J'ai peur qu'il t'arrive quelque chose. Je ne veux pas... Surtout... si je peux faire quelque chose pour éviter ça.

— Aurél... l'entendit-il commencer et il le coupa, sachant pertinemment bien qu'il avait compris où il voulait en venir.

— Je ne dirais rien. Je te promets que je ne dirais rien. Mais s'il te plaît, parles-en à quelqu'un... À tes parents, n'importe qui. »

Il sentit Guillaume se tendre contre lui lorsqu'il dit ça et il eut peur de l'avoir énervé encore une fois en insistant pour qu'il parle de ce qu'il n'avait pas envie de lui dire à quelqu'un.

« Ça n'a pas forcément à être mon père. Ni la police. Mais juste... quelqu'un. Tu m'avais dit ce jour-là... de ne pas le dire. Que ça ne rendrait les choses que plus compliquées encore. Que ça ne ferait que énerver encore plus Julien et ses amis. Et peut-être que c'est vrai. Mais c'est aussi vrai qu'en parler c'est toujours la bonne solution. Avoir quelqu'un qui nous croit, qui nous épaule, qui nous aide... Même si ce n'est qu'un ami. C'est toujours mieux que de rester seul dans son coin, sans personne à qui parler. »

Le plus grand resta un long moment silencieux, comme s'il absorbait ses mots pour mieux les comprendre, puis il le sentit secouer la tête contre la sienne :

« Aurél... c'est juste un bleu, bordel. Je te promets.

— Tu mens. Je le sais. »

Oui, il savait. Parce qu'il avait déjà vu ce genre de bleu, et surtout ce genre de déni de la réalité. Ce genre de refus d'être aidé. Parce qu'on a bien trop peur des conséquences qui vont venir derrière si on décide de parler. Il savait et Guillaume refusait de l'écouter. Il était tellement fatigué.

Fiction OrelxGringe - Pourquoi tu me touches ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant