Chapitre 1 - Manon

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On ne va jamais arriver à l'heure. C'est ce que je n'arrête pas de penser depuis que je suis montée dans la voiture de Camille. Si j'arrive en retard, je ne sais pas ce qu'il va advenir de moi, le volley-ball c'est sacré dans mon entourage. Je tape du pied contre la moquette en écrasant les paquets de gâteaux vides. Si je lui dis encore une fois d'accélérer, je pense qu'elle va me jeter sur la route.

- Calme-toi, tu martyrises le sol de ma voiture, dit-elle en posant sa main sur mon genou pour stopper ses mouvements.

- Ta voi-quoi ? je raille en lui tapant la main.

- Voiture, le truc où tu es assise qui a un moteur et quatre roues. Tu ne connais pas ce terme ?

- Si, mais j'aurais plutôt utiliser le terme débarras, épave, poubelle, pour décrire cet habitacle.

- On ne critique pas Philibert ! C'est mon plus fervent serviteur !

- Je ne le critique pas, je partage mon avis sur la propreté plus qu'absente chez Philibert et ça c'est de ta faute. Regarde aucune remarque sur le bruit du moteur qui fait flipper dès que tu t'arrêtes à un feu ou même le voyant qui clignote sur le tableau de bord et si je sais un truc sur les voitures c'est que quand ça clignote ce n'est pas bon signe.

- Je mange quand je stresse et souvent c'est en voiture ! Et là tu me stresses et je n'ai rien à me mettre sous la dent.

Je la connais par cœur, c'est pour cela que j'ai toujours une sucette goût Coca-Cola dans mon sac, juste au cas où. Je la sors, enlève l'emballage et lui tends. Sans aucune hésitation, elle la prend et pousse un soupir de soulagement lorsque le goût touche ses papilles.

- Je me sens revivre !

Un sourire se dessine sur ses lèvres.

- Qu'est-ce que tu ferais sans moi ?

- Je ne stresserai pas pour arriver à un match de volley !

- Ball. On dit volley-ball, si tu le disais devant mon père ou Weno tu ne serais plus de ce monde. J'ai assez de self-contrôle pour ne pas t'étrangler...

- C'est surtout que tu t'en fiches, tu aimes par procuration. Mais c'est vrai que le coach et le capitaine de l'équipe ne devraient pas apprécier ces termes. Comment va ton chéri depuis la dernière fois ?

- Je n'appelle pas mon père mon chéri, ce serait chelou lui dis-je en l'écoutant à moitié et en fixant mon téléphone.

Je n'ai pas eu de réponse, depuis que je suis montée dans la voiture, de Léonard et ça ne fait qu'amplifier mon irritation. J'active et désactive la 4G de mon portable, espérant voir s'afficher un message me disant qu'il accepte mes excuses et que l'on peut rester ami. Camille ne fait pas attention à moi, elle est concentrée sur la route et surtout à comment éviter tous les étudiants qui surviennent de tous les côtés. C'est vraiment un mauvais plan de venir ici en retard, on a une chance sur deux de renverser des gens. Lorsqu'elle tire sur le frein à main dans un bruit strident, je sens mon téléphone vibrer, je regarde les premiers mots et je le balance sur le sol comme s'il me brûlait.

- Qu'est-ce qui se passe encore ? On va être à l'heure, me dit-elle en tapotant le tableau de bord. 21h12... On est large, tu as même le temps d'aller voir Mimi.

- Merde, merde, merde... Je n'ai que ce mot à la bouche, comme si tout mon vocabulaire c'était envolé.

- Quoi ?

Je me baisse et ramasse mon téléphone pour lui montrer la preuve du crime. Je le lui tends, la laissant réagir.

- Oh, je comprends mieux. Tu ne veux pas...

Ace - Les otakus du volley-ballOù les histoires vivent. Découvrez maintenant