Chapitre 7 - Manon

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Huit ans plus tôt

Je dois vite rentrer à la maison. Si papa découvre que je suis passée par-dessus la barrière pour récupérer mon ballon, je vais me faire disputer. Je n'aime pas me faire disputer, c'est trop nul, après je pleure et mes yeux me piquent.

Il ne me reste plus qu'à faire quelques pas et je pourrais refaire mon épreuve olympique : la balançoire-volley. Je dois lancer le ballon le plus haut possible tout en faisant un aller-retour en me balançant puis le récupérer avant qu'il ne touche le sol. C'est trop difficile de faire ça, je finis toujours par envoyer le ballon de l'autre côté du jardin. J'adore inventer des épreuves olympiques, du moment qu'elles sont mélangées avec du volley-ball. J'adore ce sport, c'est mon papa qui me l'a fait découvrir. Je viens tous les soirs après l'école dans son bureau. J'adore m'y rendre et m'installer sur sa chaise en cuir, je prends toujours son téléphone et fait comme si j'avais des appels importants. Tout en prenant note des appels, je prends les tampons "Urgent" et copie et m'amuse en les utilisant.

Je vois mon jardin et ma belle maison blanche. Elle n'est pas très grande mais suffit amplement à notre famille, on n'aurait pas de place pour un nouveau membre comme me l'explique maman quand je lui demande si je peux avoir un petit frère. Nous habitons dans une petite rue où toutes les maisons se ressemblent. La structure des maisons est similaire avec tout le voisinage. Les couleurs sont aussi exactement les mêmes, c'est une des règles. C'est une petite ville calme où tout est contrôlé, jusqu'à la hauteur des haies. Une fois Madame Tamsier n'avait pas eu le temps de s'occuper de son jardin parce qu'elle avait le bras dans le plâtre à la suite d'une mauvaise chute. Elle a eu le droit à une lettre de la mairie lui disant qu'elle devait respecter le règlement et cela même ces circonstances. Mais il ne faut surtout pas le répéter, j'ai écouté la conversation d'adulte qu'il y avait entre elle et maman. Je ne suis pas censée faire ça mais ma chambre est à côté de la porte d'entrée et j'étais beaucoup trop curieuse lorsque je l'ai vu arriver avec un gâteau dans les mains.

Je ralentis le rythme lorsque j'arrive devant mon portail blanc. Je fais attention de me baisser pour ne pas laisser ma tête dépasser, je fais 1m54 ou 154 centimètres. Je suis un peu plus grande que la moyenne et je dépasse toutes les filles de ma classe de CM2. J'aide même parfois la maîtresse a attrapé des classeurs sur la dernière étagère. Madame Bonnie est très gentille même si quand elle s'énerve lorsque les autres élèves parlent trop, cela me fait un peu peur même si je ne parlais pas de mon côté. J'écoute les bruits de la rue et je m'apprête à ouvrir le portail lorsque j'entends un gémissement suivi de pleurs. Je me retourne et fronce les yeux pour distinguer nettement la maison d'en face. C'est la maison de nouveaux voisins et je ne sais pas s'ils sont gentils, ils ne sont pas venus nous dire bonjour ni ne nous ont ouverts alors que papa avait préparés des muffins à la myrtille.

Je vois un petit garçon sur les marches devant la porte. Il pleure à chaudes larmes et est recroquevillé sur lui-même. Je déteste voir les personnes pleurer, ça me fait mal à la place de mon cœur, j'ai l'impression qu'on le serre fort, trop fort. Je ne distingue pas son visage, mais juste ses cheveux bruns coupés court. Il pleure tellement fort qu'il ne m'entend pas arriver. Je me baisse pour être à la hauteur de ses yeux. Je lui donne une petite tape sur le genou pour lui signaler ma présence.

Lorsque je le regarde, je suis subjuguée par la tristesse qui se lit dans son regard mais surtout par la beauté de ses yeux marron. C'est comme un mélange de caramel et de Nutella, je n'ai jamais rien vu d'aussi beau. Sa lèvre inférieure tremble, il tente de se retenir de pleurer. Je n'ai pas réfléchi à ce que j'allais lui dire, c'est pour cela que mes premiers mots à son égard ne sont pas aussi matures que je le souhaitais :

- Des beaux yeux comme ça, ça ne devrait jamais pleurer.

J'ai vraiment dit à un garçon de mon âge qu'il avait des beaux yeux ? Je sens tout de suite que mon visage devient aussi rouge qu'une tomate. Je me reprends tout de suite et ajoute

Ace - Les otakus du volley-ballOù les histoires vivent. Découvrez maintenant