Chapitre 13 - Manon

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J'angoisse.

J'ai peur.

J'ai froid.

J'ai chaud.

J'ai tout à la fois.

C'est un trop plein.

Dans mon lit, il m'est impossible de trouver le sommeil, toutes les installations d'attrape-rêve n'y changent rien. Je sais que je ne vais pas réussir à dormir tout de suite et pourtant je ne veux pas lire. Je sais que si je commence un roman, je ne vais réussir à grappiller une seule heure de sommeil qui est pourtant si importante. C'est le choix que je dois prendre dès que j'ai une insomnie. Soit je reste éveillée à ressasser tous les événements qui ont pu se dérouler dans ma vie et j'ai l'espoir de m'effondrer de fatigue, soit je commence la lecture d'un roman et fait stopper le monologue interne qui se déroule.

Je suis allongée dans mon lit, sans aucun bruit autour, mes yeux regardent le vide. Le silence n'est pourtant pas seul, il est rythmé par les battements de mon cœur. Les rayons de la lune se filtrent à travers mes rideaux, baignent ma chambre d'une lueur se voulant douce et apaisante, mais ici cela ne me faisait qu'augmenter mon anxiété. La nuit est pourtant d'habitude mon sanctuaire, mon moment de paix avec moi-même, mais parfois, c'était aussi un rappel brutal de mes peurs les plus profondes.

La panique commence à reprendre le dessus.

Les larmes commencent à couler sur mes joues, je me force à respirer par le nez tandis que la pression sur mon cou s'accentue me déchirant en deux. Je ne peux m'empêcher de penser à elle, au pourquoi, au comment. Je serre les draps entre mes doigts, cherchant un réconfort qui semble échapper à mon emprise. Tout tourne dans ma tête, je l'entends encore, en boucle. Je la revois, ne m'adressant même pas un regard en partant et s'éloignant de nous. Les souvenirs douloureux et les inquiétudes m'envahissent, faisant naître en moi une crainte viscérale.

Partir.

L'abandon.

L'impression d'être un poids.

Le sentiment de n'être rien.

Mes pensées oppressantes menacent de m'engloutir.

Un tourbillon de sentiments incontrôlables se déverse sur moi.

Je ne vois plus, je ne sens plus, mon souffle se fait court, les battements de mon cœur résonnent dans mes oreilles.

Je suffoque.

J'ai besoin de respirer.

La chambre se rétrécit autour de moi.

Je vais mourir.

Les ombres dansent sur les murs et prennent des formes effrayantes.

Je me redresse difficilement et je pousse les couvertures, la sensation de frottement me brûle. La seule idée qui me fait avancer est que je dois avoir de l'air et ouvrir une porte vers l'extérieur. Je me lève en titubant, ma vision se brouille, je n'arrive plus à respirer, je m'appuie sur les meubles, les murs, me frayant un chemin vers mon seul salut. A chaque pas, les murs se referment sur moi, comme si le monde extérieur me rejetait à son tour, me condamnant à l'isolement et à l'obscurité de mes pensées. J'ouvre ma fenêtre, l'air frais me brûle les poumons. J'ai enfin l'impression de pouvoir respirer, la brûlure me fait reprendre conscience que je suis toujours en vie.

Ma vision devient plus claire, je peux de nouveau distinguer le monde qui m'entoure. J'arrive à retrouver une partie de ma raison qui se bat contre mon anxiété. Mon issue est là, me permettant de m'échapper de cette spirale infernale. Les ombres en redeviennent, les formes effrayantes disparaissent. Mes larmes ne cessent pourtant pas de couler, je dois toujours me débattre pour reprendre le contrôle. Aucune parole réconfortante ne pouvait agir sur mon âme tourmentée, aucune présence aimante pour me rappeler que je n'étais pas seule. L'angoisse ne se dissipa pas lentement, elle n'était pas remplacée par un sentiment de réconfort et de sécurité. Je me dirige de nouveau vers mon lit et m'entoure de ma couverture comme un cocon protecteur, calmant peu à peu mes terreurs. 

Ace - Les otakus du volley-ballOù les histoires vivent. Découvrez maintenant