Chapitre 42 - Owen

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Je ne pense qu'au volley-ball.

Je ne vis que volley-ball.

Je ne peux de toute façon que faire ça.

Sinon, je viendrais tous les soirs chez elle.

Et je deviendrais fou.

Je sais qu'elle va bien et qu'elle recommence à avoir un véritable routine. C'est son père qui me l'a dit, en même temps qu'il m'a demandé s'il avait besoin de me briser les jambes parce que sa fille n'était pas bien pendant un moment, les garçons la voient souvent. Parce qu'ils ont le droit de la voir. Eux. Ils se font des soirées jeux et je ne suis pas invité ! Et Isaac n'arrête pas de me charrier avec ça.

En parlant de lui, je dois retrouver ce sale traître pour le dernier épisode de notre ainme avant la saison finale qui devait déjà être la saison que l'a regardait. Le pire ? C'est que je dois le soudoyer pour obtenir des informations et des nouvelles de Manon. Pourquoi il a fallu que ce soit la personne dont elle est le plus proche dans l'équipe ? Rien que là, je suis obligé de venir le chercher en voiture alors qu'il est chez Manon.

Oui.

Je suis comme un con dans ma voiture.

Garer devant sa maison.

Comme un putain de stalker.

A écouter notre playlist en commun.

Je regarde fixement l'écran de mon téléphone.

Et j'espère qu'un miracle se produise. Sauf que je ne sais pas lequel j'attends. Qu'Isaac bouge ses fesses et se ramène dans ma voiture avant que je ne cède à mes pulsions et que je vienne sonner chez Manon. Ou que le numéro de Manon s'affiche avec un message réparateur qui m'invitera à la rejoindre. Mais le téléphone reste muet et est une confirmation silencieuse de la cruelle réalité.

Elle est inatteignable.

Pour l'instant.

Elle ne veut plus de moi, pour une raison que j'ignore encore. J'ai l'impression de m'éteindre quand je ne suis pas avec elle. Toute l'équipe a essayé de me distraire, de m'insufler un peu de vie, mais le monde extérieur n'est qu'un tableau terne compare à l'éclat qui existait quand elle était là ou encore pire à un match de volley-ball sans ace. Je tape du poing sur mon volant luttant contre la frustration. Chaque coin de sa ville, de l'université, chaque librairie, chaque recoin du gymnase porte son empreinte et de notre amitié.

La soirée commence à s'entamer comme ma patience. Et pour ne rien arranger, une pluie fine vient s'ajouter à l'équation. Celle-ci martèle le toit de ma voiture, créant une mélodie monotone qui accompagne le flot de mes pensées. Les gouttes s'étalent sur mon pare-brise, distordant les lumières de la rue.

Soudain, une silhouette familière apparaît sur le trottoir à proximité. J'ai quelques secondes de doute, cela fait des années que je ne l'ai pas vu. Mais elle n'a pas tant changé que ça, la pluie glisse sur son parapluie, créant un halo mystique autour d'elle. Rien qu'en la regardant, je ressens un mélange de colère refoulée et de curiosité malsaine. Pourquoi est-elle là ? Devant la maison de Manon ? Le souvenir de sa dernière conversation avec celle-ci me revient, Manon était détruite. Qu'est-ce que sa mère lui veut. Je l'observe à travers les essuie-glaces qui travaillent en surdrive pour dégager la vue.

Sans y réfléchir, je me retrouve à ouvrir la portière dans un grincement et à braver la pluie. Les gouttes glissent le long de mon front alors que je m'approche du plus grand cauchemar de mon copine.

- Madame ?, je l'appelle fortement alors que ma voix se mêle au bruit de la pluie.

Elle se retourne et je ne peux m'empêcher de penser qu'elle n'a pas changé malgré le temps. Elle est aussi impressionnante, perchée sur ses talons et dans son incontournable tailleur. Comment peut-elle se déplacer dans cette tenue par ce temps ? Dans un premier temps, elle me regarde surprise. Puis, lentement, elle esquisse un sourire qui ne parvient pas à atteindre ses yeux.

Ace - Les otakus du volley-ballOù les histoires vivent. Découvrez maintenant