Chapitre 18 - Owen

942 19 6
                                    


L'amphithéâtre A6 est l'un des plus grands amphithéâtres que l'université possède. Comme tous ceux présents, il est empli de rangées de sièges convergeant vers une estrade où trône le professeur. Mon esprit a dû mal à se concentrer sur le sujet principal et cela n'est pas dû à mes camarades m'entourant qui jouent aux loups-garous sur leur ordinateur. Les rayons du soleil passant à travers les fenêtres, projetant des motifs géométriques sur le sol est ce qui est le plus intéressant à mes yeux, créant une ambiance paisible.

Je me force à me concentrer en soufflant et en me frottant les yeux. Cela ne devrait pas être compliqué, j'aime les interactions humaines et les dynamiques sociales. Pourquoi je viens de penser à ça ? Je la revois à quelques centimètres de moi, mon coeur bat de nouveau à 100 kilomètres-heure. Cet instant va rester graver dans ma mémoire à jamais.

Le professeur Davis parla plus fort et avec enthousiasme me sortant de ma torpeur. Même si ma concentration n'est pas à son meilleur niveau, ses paroles sont fascinantes, tissant des liens complexes entre les dynamiques de la ville et les interactions humaines. Sa passion pour la matière se reflète dans son énergie contagieuse et dans la manière dont il captive son auditoire dès les premiers instants, en tout cas la plupart du temps.

- ... Un aspect fondamental de la sociologie : la méthodologie qualitative. Pour cela, vous allez avoir un cas pratique vous poussant à vous plonger dans le monde réel. Vous allez devoir choisir un environnement dans le campus à analyser, apprendre à observer et interpréter les comportements humains autour de vous, annonce le professeur Davis.


Cela me pousse à me redresser, j'adore cette partie du cours, où la théorie se mêle à la pratique. La classe se divise en groupes de cinq tandis que les consignes sont distribuées avec une liste d'observation à réaliser en fonction d'un endroit précis dans le campus.

Mon groupe se forme tout seul et je suis mes camarades dans l'enceinte du campus sans vraiment les écouter. Assis à une table de la librairie, je commence à observer avec attention. Pour ne pas nous faire remarquer, nous avons pris la décision de nous séparer et de partager nos notes à la fin de nos observations. Je note tout ce qui passe devant moi : les conversations animées entre amis, les gestes de timidité des futurs amoureux, les regards échangés entre des camarades qui tentent de contenir un fou rire. Le regard ne trompe pas. Jamais. Et une chose est certaine est que le regard de Manon ne trompait pas lorsque nous nous sommes retrouvés tous les deux dans le local du gymnase. Manon voulait m'embrasser. Et j'en crevais aussi d'envie.

Je me racle la gorge, pour l'enlever de mes pensées. Après une observation intense, mon groupe se dirige de nouveau vers l'amphithéâtre pour exposer ce que l'on a remarqué, mettant en lumière les différents aspects des interactions humaines et en faisant des comparaisons avec les résultats des autres groupes. Les débats sont animés, les idées fusent et les concepts sociologiques prennent vie devant nos yeux.

Et je reviens à elle, à chaque concept sociologique abordé. Elle m'a aussi dit que j'étais aussi parfait que des tasses alignées, cela doit bien vouloir dire quelque chose. Je me force à noter non seulement des informations essentielles, mais aussi mes propres réflexions et questions. Et son prénom revient encore, je le note encore et encore. Je ne sais pas quoi en penser. Et avant la soirée, elle m'avait dit de ne pas m'habiller comme ça, qu'il fallait cesser d'être aussi beau. Je me doute que ce n'était pas de la drague, en tout cas pas pour elle. Mais il doit bien avoir un sens à tout ça.

Agacé, je barre toutes mes réflexions sur mes notes étant liées à elle. Je m'arrête de me torturer l'esprit lorsque je me rends compte que le professeur commence à distribuer les copies de notre dernier devoir. Je suis confiant, j'ai beau adorer le volley-ball, je préfère avoir une deuxième voix par mesure de sécurité. J'investis donc beaucoup de temps et d'efforts dans cette matière. Lorsque ma copie me parvient, la note en haut à droite est la première chose que je vois. Je parcours rapidement la première page et me contente de la note moyenne que j'ai reçue. Un 12 est très satisfaisant, je peux m'en contenter.

La sonnerie retentit à ce moment, un ras de-marée se déclenche dans l'amphithéâtre, tous les élèves se lèvent rapidement et prennent les escaliers pour sortir de l'enceinte. Je prends mon sac et lance mes affaires dedans puis je me dirige vers la sortie à mon tour. Je dois me rendre dans un autre cours, puis je pourrais enfin me rendre à l'entrainement. Tant mieux, j'ai envie de jouer.

La voix du professeur Davis m'interpelle tandis que je passe à côté de son bureau :

- Monsieur Levy, pouvez-vous rester ici quelques instants, je souhaiterai vous parler.

- Très bien, de quoi souhaitez-vous parler ? lui dis-je d'une voix calme, mais déterminée.

- Votre devoir, vous m'avez habitué à mieux.

Ces mots me frappent comme un coup de tonnerre, je ne m'attendais pas à une hola et des félicitations, mais pas non plus à la destruction de mes efforts et de mon engagement. D'une voix que je souhaite calme, je lui explique mes choix, mes recherches approfondies et mes réflexions personnelles sur le sujet.

- Je note bien tout ça, Monsieur Levy. Mais cela ne change rien à ma déception lorsque j'ai vu que c'était vous qui aviez rédigé cette copie. Je ne vous dis pas ça pour vous décourager, mais pour vous encourager à vous pousser davantage.


J'hoche lentement la tête, absorbant les paroles du professeur, étant proche d'une condamnation.

- Merci beaucoup pour votre retour, je l'ai bien noté. Je vous prie de m'excuser, mais j'ai mon cours de seconde période qui va bientôt commencer.


En soi, ce n'était pas un mensonge. Même si mon plan vient de changer, je n'ai pas l'intention de me rendre à mon prochain cours. J'ai besoin de jouer au volley-ball maintenant.

Ace - Les otakus du volley-ballOù les histoires vivent. Découvrez maintenant