Chapitre 3 - Manon

1.2K 38 81
                                    

Mon père est déjà rentré, je l'ai laissé rentrer tout seul en voiture. Même si je n'ai pas demandé son avis à Weno, je sais qu'il est venu en voiture et qu'il va venir manger à la maison, comme toujours après un match. Je l'attends devant le gymnase, en premier lieu je me suis placée devant les portes des vestiaires. Malheureusement, j'ai entendu tout son discours après la défaite où il tentait de remonter le moral de son équipe. Je ne voulais pas le déranger et avoir les oreilles trop indiscrètes, j'ai donc décidé de m'éloigner.

Toutes les supportrices sont parties, il ne reste que quelques voitures sur le parking. Je regarde mon téléphone en ne pouvant m'empêcher de souffler, je déteste attendre et je commence à avoir froid. J'entends des bavardages dans le couloir, ça doit être lui, en tout cas je l'espère.

Le reste des membres de l'équipe sort en me faisant un grand sourire et un signe de la main. Je les regarde et vois les joggings, les teddys et les sweatshirts aux couleurs de l'équipe, ne sachant pas véritablement ce que je dois dire. Ils ont l'air de plutôt bien prendre la défaite, je n'ai pas envie de faire ressortir de mauvaises émotions. Weno n'est pas présent, il ne doit rester que lui dans les vestiaires. Ils se stoppent devant moi et me fixent. Elyas brise le silence :

- Salut Man-Man ! Tu vas bien ? Tu as assisté à tout le match ?

- Oui et vous ? Oui, comme toujours, j'étais aux premières loges à côté du coach. Vous rentrez déjà ?

- Oui on est crevés après ce match, on a qu'une hâte sauter dans nos lits et récupérer. Enfin ça c'est pour mon programme, il y a certains des gars qui ont envie de faire la fête pour se changer les idées.

- Vous devez manger pour récupérer des forces, n'oubliez pas de faire attention à votre santé les gars !

Je les regarde tous en leur faisant des allers-retours avec mon index, mon majeur entre mon regard et en les montrant, ils répondent tous, tout en avançant vers leurs voitures respectives et en se tapant des tapes dans le dos.

- Oui, ne t'inquiète pas !

- Promis m'dame !

- J'ai une pizza de prévu qui m'attend à la maison.

- Après le fût de bière, j'ai prévu de manger un petit peu !

Un enchaînement de portes qui claquent symbolise la fin de notre échange. J'arrête de les regarder alors qu'ils partent chacun à leur tour et je focalise mon attention vers la porte du gymnase. Ce n'est que lorsque j'entends des bruits de pas derrière moi que je me retourne. Je vois Isaac qui fait une petite course pour me rejoindre, il s'arrête à quelques mètres de moi en soufflant un peu.

- Tu attends Daich ?

- Oui il va venir manger à la maison, tu veux venir ? Il y a toujours de la place pour un couvert supplémentaire, en plus au menu c'est des lasagnes !

- Sans façon même si tes lasagnes me tentent beaucoup.

- Dans ce cas, je t'en ramènerais une part demain.

- C'est gentil, mais ce n'est pas pour ça que je suis venu.

- Dis-moi tout, qu'est-ce que tu veux ?

- Que tu prennes soin de notre capitaine ce soir, toi seule peux lui remonter le moral.

- Il ne va pas bien ?

- Il nous a dit qu'il ne fallait pas être déçu, qu'il était fier de nous...

Je complète sa phrase :

- Il vous a réconforté tout en repoussant ses propres émotions.

Il soupire tout en hochant la tête, confirmant mes dires. Même si je le connais depuis plus longtemps, Isaac connait Owen sur le bout des doigts. Depuis que je le connais, il a toujours été parfait, mais ne prend pas assez soin de lui. Par exemple, lorsque vous subissez une défaite collective, il va prendre sur lui, supprimer le sentiment de déception qu'il ressent aussi et te réconforter en priorité. Ce n'est une fois qu'il sera seul qu'il va s'autoriser à exprimer ses émotions et sa tristesse. Cela ne m'étonnerait pas qu'il soit en train de pleurer dans les vestiaires ou de serrer les lèvres jusqu'à qu'elles soient blanches. Il n'est pourtant pas si mauvais joueur, il ne s'est jamais énervé contre moi lorsque je l'explosais à Monopoly. Et pourtant, je me montre très mauvaise gagnante, le sentiment de joie qui m'emporte à chaque victoire de ce jeu est incomparable. Rien ne me fait me ressentir mieux, même pas la nourriture gratuite, ce n'est pas comparable à posséder plus de la moitié du plateau et de voir l'espoir quitter les yeux de mon meilleur ami alors que je lui prends tout son argent.

Ace - Les otakus du volley-ballOù les histoires vivent. Découvrez maintenant