Chapitre 6 - Owen

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Le ballon s'arrête à quelques centimètres de mon visage, faisant un bruit sec et stoppant le brouhaha présent dans le gymnase. Il retombe et rebondit sur le sol plusieurs fois. Je cligne des yeux pour vérifier que je ne rêve pas. Si Julien n'avait pas été là, je l'aurais pris en pleine tête, et ce n'est pas la meilleure façon de faire un amorti. Notre manager siffle et se dirige vers nous sans pour autant courir. Ce n'est pourtant pas son rôle de nous surveiller pendant nos entraînements et d'intervenir. Elle me fixe de ses yeux marron et ne prononce que ces mots en le ponctuant du signe que font les plongeurs :

- Ok ?

- Oui ne t'inquiète pas, j'étais un peu dans la lune.

Je me retourne et fais signe aux membres de mon équipe que je vais bien et me penche en avant pour m'excuser. C'est l'un des automatismes que je prends à force de voir des animes.

Elle secoue la tête et retourne à sa place. C'est le plus d'interaction qu'elle a eue avec moi. Oui, en disant un seul mot. C'est la manager la plus discrète que je n'ai jamais vue, pas que j'ai eu l'occasion d'en rencontrer beaucoup d'autre. Elle reste tout le temps sur son téléphone et passe son temps à froncer les sourcils lorsqu'elle nous prend en photo pour développer nos réseaux sociaux. Je la comprends, ça ne doit pas être facile de s'intégrer à une si grande équipe du jour au lendemain. Elyas fait une roulade sous le filet et me rejoint en poussant un grand cri. Toute cette gymnastique aurait clairement pu être évitée, il n'a même pas besoin d'énormément se baisser pour passer en dessous, ce qui semble plutôt logique pour un libéro.

On le regarde tous alors qu'il est au sol puis en utilisant ses abdos il se relève d'un seul bond. Encore un spectacle qui peut impressionner, mais qui ne fait que soupirer Apolline. Elyas la suit du regard en faisant un grand sourire tout en se mettant à mes côtés et en posant son avant-bras sur mon épaule.

- Un jour je réussirais à lui faire prononcer une phrase entière et elle me sera entièrement destinée me dit-il.

- Il faut toujours croire en ses rêves, je te soutiens.

Depuis qu'Elyas a vu notre manager, il n'a que son prénom en tête, et cela même si elle n'est absolument pas réceptive à son charme qui selon lui fait tomber toutes les femmes à la renverse. Ce qui est facilement vérifiable vu sa popularité envers la moitié des femmes du campus et le nombre de personnes qui le bouscule sans faire exprès dans les couloirs.

- Tu verras, sujet, verbe et complément ! dit-il en ayant un sourire montant jusqu'aux yeux.

- Et bien, bonne chance pour ça lui répondis-je en lui donnant une tape dans le dos.

Mon regard se dirige vers les tribunes vides, instinctivement je la cherche alors que je sais qu'il est impossible qu'elle soit présente. Sa journée n'a aucune pause, enfin c'est ce qu'elle m'a dit hier soir dans son audio dans 5 minutes où elle faisait son sac et se plaignait de ses professeurs qui la faisaient enchaîner 4h du même cours.

- Daichi...

Le monde passe au ralenti autour de moi, mon regard est dans le vide.

- Daichi ! • Oui, pardon tu disais ? dis-je à Elyas en revenant à moi.

- Je te demandais si tu étais concentré et si tu étais prêt pour le prochain échange et vu ta réaction je dirais non.

Je secoue la tête et me donne une gifle.

- Pardon les gars, continuez sans moi je vais faire quelques tours de terrain pour me réveiller un peu.

Les crissements de chaussures reprennent tandis que je m'éloigne en me demandant ce qui ne va pas. Le brouhaha reprend aussi avec tous les cris, les appels aux ballons et les sorties des joueurs. Deux heures après, je suis tout transpirant, mon maillot me colle, et cela même si j'ai passé la moitié de l'entraînement en dehors du terrain à faire des plongeons vers le sol. C'est d'habitude, ce que nous faisons lors de notre défaite d'un match amical. Ici, c'est pour me forcer à me concentrer.

Ace - Les otakus du volley-ballOù les histoires vivent. Découvrez maintenant