Le mois de novembre s'était écoulé de moitié. Hoseok faisait désormais partie des murs. L'hiver s'installait dehors. Ses journées demeuraient peu remplies. Le temps pressait. Bien qu'il appréciât de plus en plus la compagnie du chercheur, ses pensées se tournaient toujours vers son petit frère. Jimin prenait toujours soin de fournir de la nourriture à Hoseok pour que celui-ci la lui transmît. Il avait déjà émis le souhait de le rencontrer un jour, mais c'était tout bonnement impossible. À la place, Jimin initiait Hoseok au mode de vie des sorciers pour que celui-ci assimilât à son tour leurs habitudes et coutumes. Le chercheur lui avait appris quelques recettes dont seuls les sorciers avaient le secret. Jimin lui apprenait à s'alimenter selon ce que la nature voulait bien leur offrir. Bons nombres de sorciers avaient leurs propres cultures. Certaines plantes servaient uniquement à créer un terreau nourrissant pour des plantes qui se retrouveraient dans l'assiette de ses cultivateurs. Quelque part, c'était ce que les sorciers avaient cherché à faire comprendre indirectement aux hommes. Seulement, la nature ne s'apprenait pas en un jour. Hoseok se rendait compte qu'il avait encore beaucoup à découvrir, malgré ce qu'il prenait déjà pour acquis. En faisant preuve de patience et d'ouverture d'esprit, peut-être que les saisons ne leur paraitront plus si arides. La nature avait simplement besoin d'être écoutée, observée, d'être comprise, et elle rendait gracieusement ce qui lui avait été donnée. Si l'homme n'avait pas fait la sourde oreille, peut-être que la guerre aurait pu être évitée.
Jimin était quelqu'un de très gentil. Il était bienveillant et accordait une grande attention au bien-être de Hoseok. Ce dernier ne tenait pas à occuper tout son temps. Lorsque le chercheur prenait des pauses après plusieurs heures à travailler sur son livre, ils s'occupaient ensemble. Ils avaient eu le temps de discuter d'autres choses que de l'homme et son habitat. Jimin lui avait raconté qu'il enseignait l'Histoire de l'homme à la faculté. Hoseok avait jugé cela curieux, mais aussi courageux. Jimin, en dépit de son statut, n'avait pas peur de faire valoir ses idées divergentes. Ses efforts pour réaliser un ouvrage, que probablement personne ne lira, représentait un projet fou aux yeux de Hoseok. Jimin, pourtant, ne sciait pas. Il ne baisserait jamais les bras, même si cela devait lui prendre des années entières. Il y croyait. Et c'était tout ce qui comptait.
Se familiariser avec ce sorcier était une erreur que Hoseok avait commise. Il n'y avait pensé qu'après-coup. Désormais, il ressentait de la sympathie pour lui, chose qu'il n'aurait jamais cru possible. Ses préoccupations accrurent. Hoseok avait ruminé pendant des jours. Il cherchait à se décider à l'éliminer, mais contrairement à Jimin, ses motivations n'étaient pas suffisantes pour réaliser la seule mission qu'il s'était donné. Il n'était pas en mesure de lui faire du mal. Jimin était peut-être un sorcier, mais il n'était pas responsable de la guerre. Il n'était pas responsable de ce massacre. Il n'était pas même responsable de la division de leurs deux mondes. Lui vouloir du mal viendrait à devenir, non pas un traître pour son clan, mais un traître pour celui qui avait tant fait pour lui. Cela était au-dessus de ses forces. Il ne serait pas capable de tuer un homme pour qui il ressentait tant de reconnaissance. Il ne méritait pas une telle peine. Et puis dans quel but ? Satisfaire les délires macabres de Namjoon ? Sa présence ici n'avait plus aucun sens.
Hoseok avait essayé de prendre une décision, en vain. Il se sentait prêt à sacrifier sa vie au camp, sa vie auprès de son petit frère, plutôt que de devenir un meurtrier. Soucieux, Hoseok préféra laisser Jimin à son travail et partit prendre l'air. Il alla se trouver un endroit couvert. Une petite grotte nichée au creux de la montagne. Il s'était muni d'un rondin de bois. Il l'avait installé sous la cavité et s'était assis dessus. Pensif, il regardait la pluie, sans se rendre compte qu'au même moment, Yoongi était en train de l'observer. Ce dernier, se rendant compte de l'air rêveur de Hoseok, devina que quelque chose se tramait. Ce ne serait pas encore le jour où il ramènerait la tête de ce sorcier au campement. Yoongi était furieux. Il aurait aimé le rencontrer pour lui rappeler les raisons de sa présence auprès du sorcier, sauf qu'il était attendu ailleurs.
Alors que la nuit était sur le point de tomber, Yoongi gravit la montagne et y retrouva Irene. Comme à leur habitude, leurs retrouvailles furent avides de leur manque mutuel et leur désir pour l'un et l'autre. Leurs corps dénudés gisaient sur le sol boueux. La pluie assaillait leurs ailes.
— J'espère que tu m'apportes de bonnes nouvelles, Yoongi, dit Irene.
— J'aurais aimé. Malheureusement, nous devons nous armer de patience. Les hommes ne semblent pas encore décidés à passer à l'action.
La jeune femme se releva et hurla à la mort.
— Je n'en peux plus, Yoongi ! cria-t-elle.
Irene était soudain devenue folle de rage. Incontrôlable. Elle tournait en rond, le visage rongé par la colère. Elle était méconnaissable. Sa beauté semblait avoir disparu. Les traits de son visage s'étaient tirés. Son corps s'était affaissé. Ses mains passèrent dans ses cheveux et manquèrent d'arracher des touffes entières.
— Je vais finir par devenir complètement folle dans cette ville ! rugit-elle. Tu ne peux pas t'imaginer à quel point ils sont détestables ! Les sorciers sont si orgueilleux et imbus de leur personne ! Et ces odeurs ! Ces odeurs de lavande et de bois me brûlent les narines. Je ne supporterai pas encore une semaine de plus dans ce trou à rat !
— Je te promets que je fais tout ce qui est en mon possible, Irene. Mais les hommes sont trop faibles. Il manque tellement de nourriture qu'ils finiront par perdre la raison.
Irene bondit sur le corps de Yoongi. Il croulait sous elle. La main crispée d'Irene fouilla dans son manteau couvert de plumes. Elle en sortit une dague qu'elle planta dans le sol, bien trop prêt du visage de Yoongi.
— S'ils n'ont rien à manger, ils n'ont qu'à sacrifier l'un de leur membre. Je n'en ai que faire de leur petit confort ! Si tu ne me sors pas vite de ce trou, je vais bien finir par devenir de la chair à pâté pour les vampires. Et tu ne veux pas ça, n'est-ce pas ?
Yoongi, malgré les lourdes menaces de sa bien-aimée, trouva les gestes pour la radoucir. Un baiser diabolique suffit à rajeunir l'apparence d'Irene. Le monstre qui s'était pavané devant lui avait laissé place à l'élégance et la grâce qui la définissait si bien.
— Aie confiance, murmura Yoongi. Ce n'est qu'une question de temps. Les hommes ne sont pas connus pour savoir faire preuve de patience. Le chef finira bien par craquer.
— Espérons que cela arrive bien avant que les vampires ne se rendent compte de mon identité. Je suis persuadée qu'ils ont senti mon odeur. Ils savent que je ne suis pas l'une des leurs. Ils m'ont à l'œil.
— Je vais faire pression. Ne t'en fais pas. Nous parviendrons bientôt à nos fins.
— J'ai si hâte, Yoongi. Si hâte.
Les démons s'embrassèrent à nouveau. Et leurs corps se murent à même le sol. Yoongi roula au-dessus d'Irene. Il dévora son cou. Les doigts d'Irene pressèrent la peau de Yoongi. Elle enfonça ses griffes acérées dans son dos. Leurs cris résonnèrent à l'unisson.
Les démons étaient essoufflés. Irene accorda un dernier baiser avant que son corps ne se volatilisa en une multitude de plumes noires. Elle avait disparu. Yoongi se retrouva à nouveau seul. L'étau se resserrait. Il devait la sortir de ce fardeau dans lequel il l'avait plongée. Il n'avait qu'une chose à faire.
Il reprit ses vêtements et les enfila de sorte à se fondre à nouveau dans son environnement. Aussi, ses ailes durent disparaître. Yoongi rebroussa chemin avec la ferme intention de faire passer un message très clair auprès de Hoseok, si par chance, il le retrouvait.
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𝐛𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐬𝐰𝐚𝐧 ℎ𝑜𝑝𝑒𝑚𝑖𝑛
FanfictionFuir. Jimin ressent cette envie irrépressible constamment. Il s'éloigne de la ville de Sungye et longe dangereusement la rivière Han, frontière de l'entre deux mondes. Par-delà les eaux se trouve la forêt interdite. Nulle créature n'est priée de s'y...