𝐛𝐥𝐚𝐜𝐤 𝐬𝐰𝐚𝐧 ℎ𝑜𝑝𝑒𝑚𝑖𝑛

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖

Jimin était de retour à son atelier, après plusieurs jours passés à enseigner les origines des hommes à ses élèves. Il était revenu à ses études le temps d'un week-end. Dans une sacoche en cuir brun, il avait glissé quelques documents extraits d'ouvrages qui seront étudiés dans lors d'un de ses cours. Après de longues heures à s'être penché sur d'anciens manuscrits, le soleil avait fini par se coucher. Jimin s'était endormi sur ses écrits. La semaine l'avait épuisé. Il avait à peine pris le temps de manger. La faim l'avait réveillé. Elle l'avait poussé à se rendre en cuisine où il fit bouillir de l'eau. Les placards n'étaient pas bien remplis. Tout ce qu'il avait pu trouver était un piètre sachet de nouilles instantanées. Pas vraiment de quoi reprendre beaucoup de forces, mais cela serait suffisant pour faire taire les lamentations de son estomac qui troublaient ses pensées et son sommeil.

Debout dans la cuisine, il avait avalé ses nouilles en quelques coups de baguettes, puis en avait bu le bouillon à même le bol avant de vouloir retourner s'asseoir à son bureau. Sur son chemin, ses pieds shootèrent malencontreusement contre une pile de documents qu'il s'empressa de reconstituer. Ses lunettes, qui avaient demeuré sur son front, faillirent tomber. En se redressant, une liasse de papiers encombrant ses bras et sa paire de lunettes entre les mains, il crut apercevoir un visage lorgnant à l'intérieur de son atelier. Surpris par cette visite incongrue, ses mains tremblèrent et manquèrent de laisser tomber ses lunettes une nouvelle fois. Il réussit toutefois à faire glisser les branches entre ses oreilles et son crâne. Après avoir retrouvé sa vue, ses yeux croisèrent ceux d'un jeune homme qui lui semblait inconnu. Ce dernier avait les mains jointes près de son visage et cherchait à voir ce qu'il se passait à l'intérieur. Les vitres de la petite maison étaient si sales qu'il devait avoir grand mal à apercevoir la silhouette du chercheur à travers. À la vue de ses phalanges tatouées qui ne laissaient aucun doute paraître, Jimin devinait qu'il ne s'agissait pas d'un sorcier, ni d'un vampire. N'en croyant pas ses yeux, il desserra les coudes et fit alors crouler toutes les feuilles qu'il avait jusqu'alors maintenu contre son torse frêle. Ce mouvement d'étonnement alerta le jeune homme qui prit peur et s'enfuit aussitôt qu'il constata la présence de l'anthropologue à l'intérieur de la petite bicoque. Craignant qu'il ne s'agît que d'un rêve, Jimin s'empressa d'ouvrir la porte d'entrée. Ainsi, il vit le jeune homme courir au loin. Il savait qu'il n'avait aucun droit d'être ici. Seulement, Jimin ne cherchait pas à le chasser. En entendant la porte s'ouvrir derrière lui, l'humain voulut s'assurer qu'il ne se faisait courser. Étant témoin du contraire, il s'arrêta. Jimin, bien que prit par l'adrénaline, su faire mine de garder son calme. Il hésita longuement, mais lui accorda aimablement d'un geste de la main une invitation à entrer. Hoseok fut stupéfait. C'était à se demander si la faim ne le rendait pas fou, lui aussi. Elle l'avait pourtant mené jusqu'ici.

Hoseok avait parcouru à pied une grande parcelle de la forêt. Ses poches regorgeaient de petits encas trouvés çà et là, qu'il comptait partager avec Taehyung dès son retour. Il avait fait une halte près de la rivière pour s'abreuver, mais la découverte de cette petite bicoque avait éveillé sa curiosité. Il était là bien imprudent de vivre aussi près des hommes, avait-il pensé. Ce sorcier devait être plutôt sûr de lui pour se trouver si prêt de l'homme. Peut-être que sa proposition silencieuse n'était autre qu'un piège. Hoseok s'était montré méfiant. Il était resté planté là un long moment. Il serait trop dangereux de s'approcher de l'ennemi, bien que ce dernier semblât tout à fait inoffensif. De loin, Hoseok le devina plutôt petit, maigre et peu agile. Le corps de Hoseok s'était affaibli au fil des semaines. Son avantage demeurait cependant dans son arme qu'il avait rangée dans un fourreau qui pendait à sa ceinture. Il n'hésiterait pas à s'en servir si le besoin se faisait ressentir. Ainsi, il décida de prendre le risque. Il s'avança lentement, à l'affût du moindre geste suspect. Le sorcier ne bougea pas d'un pouce. Il attendait sa venue, sans avoir l'air pour le moins inquiet. Hoseok le trouvait bien imprudent. Sa méfiance grandissait à mesure qu'il s'approchait. Sa main posée sur son arme, il s'accroupit alors qu'il venait d'atteindre à nouveau la petite maison.