Chapitre 35 - Les limites de son imagination

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L'eau salée léchant le bout de ses doigts, Jenny pénétra dans la salle de commande.

 Le TARDIS roucoulait patiemment. Des voyants bleu et mauves s'attardaient sur la console. Étant sa seule source de lumière ; l'eau lui apparaissait sous une teinte abyssale. Imperceptibles sous la surface ; les câbles délogés de force des entrailles du TARDIS - et assez lourds pour supporter le courant menaçant de faire basculer Jenny à mesure de son avancée vers la console - se frayaient un chemin vers une ouverture insoucieusement créé dans la carcasse souffrante de la machine.

Peinant à lutter, Jenny agrippa les leviers devant elle et contourna la console.

- Yaz tu es là ? Yaz, réponds-moi ! L'eau l'avait- elle emporté ? S'était-elle électrocuté ? Gisait-elle inconsciente quelque part ou le TARDIS l'avait-il mit en sécurité ? Le Maître avait-il... Non.

Elle ne pouvait y penser.

Yaz... Yaaaa.. AAAAZ ! Une détonation secoua la pièce ; alimentant le courant et plongeant Jenny dans un lit de torpeur. L'eau entra dans ses poumons mais ne l'empêcha pas pour autant de respirer que de se noyer. Elle ne pouvait se l'expliquer. Les limites de son imagination étaient franchies. Ses oreilles perçurent un craquement ; une déchirure parcourant son corps. Son dos toucha enfin le sol, ses membres se ressaisirent ; ses bras bâtèrent l'eau. Elle émergea. Un afflux de lumière l'attira à l'extérieur.

D'une nitescence aveuglante ; deux grands phares accompagnés de deux clignotants jaune l'obligea à porter une main en visière. Un croissant de lune se forma dans l'obscurité. Le sas était ouvert.

                                                                                                               ***

- Tu es quoi, un fantôme ? La silhouette émit un rire plaisant.

- Tu ne crois pas toi-même à tout ça ; ce n'est pas dans ta nature. Jenny fit les premiers pas.

- Ni dans la tienne. Le sol de braise refroidit par l'eau crissait sous ses pieds. Le vent pénétrant ses vêtements et la morsure de l'eau dans ses os la frappa si brutalement qu'ils en ravivèrent son esprit.

Le vaisseau était échoué sur le ponton qu'avait formé ; en conséquence ; la nouvelle matérialisation du TARDIS.

Il y avait bien eu un déplacement spatial. Ils avaient atterri en pleine mer. Seule Jenny pensait être en mesure d'identifier cette planète avec si peu d'éléments.

Déséquilibré par les vagues se brisant sur la surface pentue ; la silhouette ayant posé pied hors de son vaisseau se retenait d'une main. Jenny observa le poignet suivant les sillons incandescents laissés le long du bord en bois de cèdre.

Paume vers le haut ; Jenny recouvrit cette main.

- Vous n'allez plus tenir longtemps.

- Tu n'imagines pas à quel point tu me manques. Son attitude fermée semblait pourtant indiquer un rejet pour cette personne. Elle se refusait à lui offrir un regard.

- Tu n'en a pourtant pas l'air.

- Tu n'es pas réelle. Tu n'es pas vraiment là. Jenny la confronta enfin. Tout ceci n'est qu'une projection. Voilà tout. Le TARDIS doit... Ce contact ; si déstabilisant soit-il ; lui manqua cruellement lorsque Stabis lui lâcha la main.

- Suis-je assez réelle pour que tu puisses te retrouver ?

- Tu n'es qu'une projection ! Une introspection.

- Alors ... Réponds-moi.

- Tu n'es plus là. Comment veux-tu que les choses soient comme avant ? Comment veux-tu que je redevienne moi-même ?!

- Tu n'as pas besoin de moi. Stabis enserra son poignet. Tu n'as jamais eu besoin de moi.

- Je t'interdis de dire ça, tu... La pression d'un index sous son menton la fit céder. Les larmes montèrent.

- Tu te débrouilles très bien sans moi ; tu l'as toujours fait. Même avant que je ne te connaisse.

- Tu m'as trouvé dans les débris d'un crash. Que j'ai moi-même causé... Tout ce que j'ai réussi à faire ; c'est de ne pas mourir.

Jenny brisa le silence qu'elle avait elle-même installé. Elle ria jaune. Même ça ; ce n'était qu'une farce. Je ne suis qu'une farce.

- Tu n'as rien d'une farce. Tu es le plus beau mystère que l'existence ait eu à m'offrir. Mmmmm... C'était pas un peu fleur bleue ? J'ai été trop curieuse... Je... Je...

Laisse-toi aller ; lui disait son subconscient.

- Hein ? Qu'entends-tu par-là ? La voix hésitante et empreinte de culpabilité échappa à son ouïe.

- Je... Je voulais dire... Que je voulais te connaître. Tu te rappelles le jour où je suis arrivée sans mon traducteur ? Tu ne l'avais même pas remarqué. Il y avait un sourire dans sa voix.

- Oui, tu avais appris ma langue en treize rotations lunaires.

-Et toi, tu avais appris la mienne en quatre. Même si tu bloquais toujours sur le nom de mon père.

- Et je bloque toujours dessus. Jenny ria.

- Il t'appréciait, tu sais.

- Tu ne me le fais pas dire... Il n'aimait pas notre relation.

- Tu étais bien trop différente pour lui. Ta comb...

- C'est normal ; je suis humaine.

- Non. Déstabilisée, Jenny venait de prendre conscience de ce mot. Ce simple mot.

- J'ai été bien trop curieuse... Mais ça ne m'a... Tout ce temps... Ça ne m'a pas empêché de t'aimer. 

- Arrête. S'il te plaît arrête...

Doctor Who - L'amour, un danger pour les autres (Tome 2 L'île)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant