Doctor Who - L'amour, un danger pour les autres (Tome 2 L'île)

Chapitre 41 - Un peu de répit

Un peu de répit. C'est tout ce qu'elle demandait. Juste un peu de répit.

À demi affalée sur l'un des panneaux ; le Docteur était dans un état de béatitude avenant. L'eau froide engourdissait ses membres tout en l'entraînant dans l'eau.

Le grincement de la porte du TARDIS la fit émerger.

Une manette vint appuyer sur ses côtes. Dans un sursaut, elle cogna la tranche du livre qui dévala les commandes pour s'enfoncer dans l'eau opaque. Elle lâcha quelques faibles mots.

- Karvanista... Un Lupari. Le Lupari que je cherchais. B-bbrillant ! Ah... aïe. Le poignet contre sa tempe gauche ; elle grimaça.

L'eau ne lui arrivait plus qu'aux hanches. Toujours sonnée par la vision ; elle s'agrippait aux commandes.

La pièce qui penchait terriblement se vidait. Les suspensions spatiales de la salle étaient désactivées. C'était inévitable.

De la fumée sortait du socle de la console encore à moitié immergée.

Ses acouphènes dominaient sur le tintement affolant des cloches du Cloître. La porte se referma. Évitant ainsi l'arrivée d'une nouvelle vague d'ennui.

Je suis désolée... Elle mit un genou à terre. Ce qui restait d'eau s'écoulait au travers des grilles et venait remplir la cuve bouillonnante sous ses pieds.

Cuve qui ne tarderait pas à s'évaporer.

Elle souleva un panneau adjacent cachant une série de circuits que seul un Seigneur du Temps était capable d'identifier.

Je coupe l'arrivée d'information ; ainsi que le module récepteur. Tu ne sentiras rien.

Enfin, je l'espère.

Le menton appuyé contre le haut de sa jambe ; elle resta pourtant immobile.

Je ne comprends pas... Elle regarda le texte défilant toujours sur l'écran. Le Cyberium, a-t-il une emprise quelconque sur tes décisions ? Contrôler tes circuits télépathiques pour m'atteindre... Où même atteindre les autres ?!

Tu ne lui es plus d'aucune ressource vu ton état.

Ne le prends pas mal.

La seule essence encore utilisable ici c'est nous. Mais... Collecteur autonome ! Si on part du principe que tu es seul ; sans aucune supervision... Et que-

Ooh Docteur, Docteur ! Arrête de réfléchir autant... Tu ne veux pas risquer une crampe de cerveau ? Si ? Mm...

Je ne suis pas à ça près...

De toute façon, je ne peux pas m'en empêcher....

Tu devais être dans les Ateliers de service quand le Maître t'a trouvé. La particule de mort que Ko Sharmus a activé t'a clairement endommagé et je peux le ressentir.

Ce qui me surprend, car je n'ai ce lien qu'avec mon TARDIS.

Je me demande... Ressens-tu leur souffrance ? Leur mort ? Tous les composants organiques ont été annihilés et pourtant...

La plus grande création technologique des Seigneurs du Temps. Et tu leur survit.

Le Docteur se mua dans le silence. Ne venait-elle pas de parler d'elle-même ?

Elle secoua la tête. Je ne sais pas comment m'y prendre ; tu comprends ? Je t'ai promis de t'aider, mais...

Je suis vraiment désolée. Je ne sais même pas si cela pourra aider en quoi que ce soit. Découragée ; elle éjecta un boulon qu'elle venait de dévisser. Son regard se perdit dans l'entremêlement des câbles.

L'écran vacillant au fond de la pièce grésilla à son intention.

Optant pour une image sombre et monochrome ; des figures éclatantes traversaient le téléviseur de part et d'autres.

Elle ne comprit pas tout de suite ce qu'elle avait sous les yeux.

Effacée sous d'épaisses vagues, une plateforme longitudinale se terminait en pointe.

Elle ne pouvait le déterminer que par les jeux de lumières que produisaient les entailles luisantes, parfois visibles sous la houle. Malgré la pénombre, il lui semblait distinguer du mouvement dans le côté gauche de l'écran.

Il les avaient bien mis en sécurité.

***

Il n'y a pas de doute, le Cyberium se cache sous ta base. Même une pulsion magnétique ne le ferait pas réagir. Cela fait déjà bien trop longtemps qu'il se nourrit de toi.

Tu es une bien trop grosse source d'énergie à absorber. Et même en coupant partiellement l'alimentation, ça ne le ferait pas sortir.

Oui je sais ; j'ai le don pour les paroles maladroites mais réalistes. Excuse-moi.

Nous n'avons pas eu la visite de ses sbires... Que ce soit les boîtes de conserve ou le clown de service. Elle haussa les épaules. Visiblement ; il doit faire une sieste.

Le TARDIS lâcha un soupir accablant.

Tu en es pourtant là... Mais tu t'accroches.
Il ne te restait qu'un voyage. Tu aurais pu le lui refuser. Empêcher tout ça. Mais sans ça...

Sans ça, je n'aurai pu comprendre tout ce que j'avais à perdre. Je n'aurai pu réaliser la ténacité de caractère et de bravoure de Yaz. Et ma fille, sa-

Aïe ! La projection d'une bulle d'ébullition traversa les grilles pour atteindre sa main.

J'aurais voulu t'aider davantage, tu sais, mais le Maître n'a pas facilité les choses. Son immaturité et sa négligence t'ont laissé pour compte.

Et je ne veux pas faire pareil... Elle leva la tête. Est-ce que je peux faire une dernière chose pour toi ?

Dis-moi ce qui te soulagerait.

Le TARDIS ouvrit grand ses portes. Un sourire triste mais compatissant naquit sur le visage du Docteur.