Chapitre 24

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Le vol entre New York et Paris, c'est toujours trop long. C'est encore pire quand il s'agit d'aller rejoindre Ken en Grèce. Il a de la chance que ce soit pour lui, surtout pour le retrouver, sinon j'aurais refusé de faire autant d'heures de vol.

Je souffle quand, enfin, l'avion atterrit. J'attends, excédée, que les passagers pressés qui faisaient la queue dans le couloir se barrent enfin avant de me lever à mon tour. Je récupère mon bagage à main avant de rejoindre la terre ferme. Dans l'aéroport, je récupère ma valise sur le tapis et la traîne en cherchant la sortie.

La douane derrière moi, je me retrouve dans un hall bien trop immense pour espérer y trouver Ken. D'ailleurs il n'a toujours pas répondu à mon message où je lui demandais un endroit repérable où l'on pourrait se rejoindre. Alors, d'un oeil las, je cherche le panneau sortie.

Enfin. Jusqu'à ce que mon regard croise le sien.

Le moment est comme figé dans le temps. Parce que je me sens soudain incapable de faire un pas de plus, trop hypnotisée par ce gars, accoudé sur un coin de mur, les bras croisé, les yeux plantés dans les miens. Il a toujours le même effet sur moi malgré toutes ces années. Et, à vrai dire, depuis qu'il m'a dit clairement que, pour lui, je suis toujours à lui, le retrouver a une saveur particulière.

Seulement parce que je sais avec certitude que cette fois la distance n'aura jamais raison de nous. Je le retrouverai définitivement d'ici quelques mois, c'est une évidence.

Puis, je crois que ce moment de flottement suspendu dans le temps a raison de moi. J'agrippe fort ma valise en avançant à grandes enjambées. Je trace tout droit, ne lâchant son regard à aucun moment et lui ne bouge pas. Il attend patiemment que j'arrive jusqu'à lui pour se redresser et m'accueillir quand je me jette dans ses bras.

Son étreinte autour de moi apaise tous les maux qui ont fait irruption dans ma vie depuis la dernière fois que l'on s'est quittés. Et, très franchement, j'ai hâte d'être le jour où je rentrerai pour de bon, juste pour ressentir la satisfaction de savoir que je ne serais plus obligée de me séparer de lui.

- Tu m'as manqué., il souffle et je le serre un peu plus fort dans mes bras.

- La prochaine fois, je n'aurais plus à repartir., je lui murmure.

Je le sens soupirer contre moi avant que, d'un commun accord tacite, nous décidions de relâcher notre prise l'un sur l'autre. Il m'avoue que l'on a un peu de trajet avant d'arriver chez sa grand-mère et nous décidons donc de tout de suite nous mettre en chemin.

La route me paraît durer des heures. Enfin, je pense que c'est le stress qui parle. Parce que je vais rencontrer l'une des personnes qui compte le plus pour Ken, et ça m'angoisse. J'ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas lui plaire. Si ça se trouve, elle va se rendre compte que, la plupart du temps, son petit fils va mal à cause de moi. J'aurais aucun argument pour la contrer si elle décide de m'en vouloir pour quoi que ce soit, elle aurait raison de me détester.

Finalement, nous descendons du taxi au bout d'une petite rue pas assez large pour qu'il puisse circuler. Je suis là depuis peu de temps mais j'adore déjà l'ambiance qui règne ici. Ken avait raison, c'est calme et reposant. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder dans la ruelle, Ken s'éloigne, ma valise à la main, attendant sûrement de moi que je le suive alors je m'exécute.

Il me guide sans rien dire jusqu'à monter les deux marches qui mènent à l'une des portes d'entrées. Mon stress me saute à nouveau à la gorge quand il passe la porte en me jetant un regard pour s'assurer que je le suis à l'intérieur. Ce que je fais, non sans avoir envie de faire demi-tour.

Combien de fois ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant