Chapitre 1

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3 avril 2007

- Joyeux anniversaire Eli.

    Je souris, le regard fixé sur le plafond de ma chambre plongée dans le noir. Les images de cette journée tournent encore en boucle dans ma tête, je suis presque sûre de ne pas pouvoir m'endormir ce soir tant l'euphorie est encore présente. Sa présence n'arrange rien, j'ai juste envie de lui parler toute la nuit, tenter de le faire céder, lui faire accepter la proposition de mes parents.

    C'est mon père qui m'a réveillé ce matin, il tenait à ce que je mange mes pancakes pendant qu'ils étaient encore chauds et j'ai accouru. J'ai aussi tenté de négocier pour sécher les cours mais j'ai vite abandonné, des années que j'essaie en vain, je vais finir par laisser tomber l'idée.

    Ce n'est qu'après cette longue journée de cours que j'ai rejoint Ken. Il m'attendait comme prévu devant mon collège alors que lui, il a abandonné le lycée d'à côté il y a quelques semaines, il repasse toujours dans le coin de temps en temps pour voir ses amis. Mais aujourd'hui il est venu pour moi. Et mon sourire ne me quitte plus depuis que je l'ai retrouvé assis sur le banc d'en face à la sortie des cours.

    Son sac de sport en bandoulière, il a traîné des pieds jusque chez moi et j'ai bien vu qu'il n'était pas trop en forme. Depuis qu'il ne vit plus chez ses parents, il travaille trop. Le jour dans un fast-food, la nuit sur sa musique. Mais aujourd'hui, il a mis tout de côté pour me faire plaisir.

    Il n'avait pas posé un pied dans l'entrée que ma mère l'avait assailli de questions gênantes à propos de sa famille. Je crois que je n'aurais dû rien dire à ma famille sur la situation de Ken, au moins elle se serait tu. Et si mon frère n'était pas arrivé pour désamorcer la bombe à retardement que j'était à ce moment là, la journée ne se serait pas si bien passée. Alors j'ai traîné mon ami jusqu'à ma chambre où il a déposé son sac sur le matelas gonflable que mon père a installé spécialement pour lui.

    Je crois que ça a fait plaisir à Ken, quand, lorsque mon géniteur est passé dans ma chambre pour dire bonjour à notre invité, il lui a spécifié qu'il pouvait rester autant qu'il le voulait. Ken n'avait plus de "chez lui" et j'aurais aimé qu'il se sente bien chez moi, mais je sais très bien que ce ne sera jamais le cas. Il retournera pioncer dans des halls d'immeubles, parfois chez ses amis, peut-être de temps en temps ici, mais il ne restera jamais. Parce que ça le gêne, il me semble même qu'il a peur de déranger. Je crois qu'il ne se sent à sa place nulle part depuis que ses parents ont choisi de le foutre à la porte.

    Il n'en parle jamais. Il ne dit rien, ne se plaint pas, il fait juste ce qu'il peut pour s'en sortir.

    Nous sommes restés dans le silence complet pendant près de deux heures. Il était juste installé dans son lit de fortune, un de mes bouquins dans les mains, plongé dans sa lecture, pendant que je terminais mes devoirs pour demain. On ne disait rien, mais sa présence a suffit à me faire finir ma dissertation sans que la rage me fasse arracher toutes mes pages.

    Quand nous sommes sortis de ma chambre, c'était pour rejoindre le salon. Andréa, Aloïs et Eden étaient déjà entourés de mes cousins et toute ma famille installée autour de la table. J'ai toujours aimé cette ambiance là, le brouhaha constant, les rires, les instants de communion. J'ai dit à Ken de s'asseoir entre mon oncle et moi et il me semble que ça l'a gêné, au début.

    Il s'est tout de suite détendu quand il a compris qu'il ne serait pas la bête de foire du repas. "Le gars qui s'est fait virer de chez lui" n'existait pas ici, personne n'avait demandé pourquoi Ken se retrouvait à table avec nous, ça avait juste semblé normal pour tout le monde. Il n'avait jamais mis les pieds chez moi avant aujourd'hui, pourtant tout le monde s'employait à lui montrer que, si il le voulait, il avait sa place ici. L'inquiétude s'est dissipée dans son regard et moi j'ai souri deux fois plus.

    La seule ombre au tableau, c'était Andréa, assise en face de lui, qui tentait d'attirer son attention par tous les moyens. Ken était là pour moi et elle voulait à tout prix qu'il s'intéresse à elle. Je crois que si il avait eu l'air intéressé par son numéro pitoyable, je me serais énervée plus que ça. Je me suis contenté de lui foutre un coup de pied sous la table, accompagné d'un regard noir, c'était peu par rapport à tout ce que j'avais envie de lui cracher au visage.

    A la fin du repas, les yeux de Ken ont brillé quand mes parents ont déposé deux gâteaux devant nous. Il me semble qu'il était reconnaissant pour cette soirée passée loin de ses problèmes, mais aussi pour avoir inscrit son prénom sur l'un des gâteaux. Lui aussi, il avait le droit de profiter de sa journée. Lui aussi il avait le droit de souffler sur ses dix-sept bougies pendant que j'éteignais les quatorze miennes.

- Joyeux anniversaire Ken.
- Je ne m'attendais pas à recevoir des cadeaux de ta famille., il souffle en se tournant sur son matelas.
- C'est ton anniversaire aussi, alors..., je lui fais remarquer.
- Mais ils ne me connaissaient même pas...

    Je hoche la tête dans le vide. Je sais bien qu'il n'avait jamais rencontré ma famille hormis Andréa et Eden qu'il a déjà vu au lycée, évidemment qu'il ne croyait pas recevoir quelques enveloppes de la part de mes oncles et tantes et une nouvelle veste de la part de mes parents. Personne n'a rien dit, mais je sais bien qu'ils ont juste cherché à ce que mon ami reçoive un peu d'argent et de quoi se tenir au chaud au cas où il refuserait d'habiter ici quelques temps.

- Mes parents ne m'ont même pas appelé...

    Je déglutis. Je sais bien que c'est la première fois qu'il passe son anniversaire autre part que chez lui et, bien que je sois certaine qu'ils ont pensé à lui, leur colère envers leur fils les ont poussé à ne même pas envoyer un message. Il ne m'a jamais dit pourquoi ils lui ont demandé de faire ses valises et de quitter leur appartement un jour, et je crois que je me fous des raisons. Je me doute juste qu'il doivent lui en vouloir.

- J'adore ta famille., il me confie alors et je souris comme une imbécile. Vous avez l'air proches.
- Super proches., je le rectifie. Ma famille c'est ce que j'ai de plus cher.

    Je sais bien que l'on ne va pas dormir ce soir. Il a l'air d'humeur à discuter alors, quand il ouvre la bouche pour me raconter une blague que lui a fait mon oncle, je décide d'allumer la lampe de chevet. Je me tourne vers lui, il fixe le plafond et sourit en mentionnant la soirée qu'il vient de passée avec nous. Il a l'air heureux même si j'ai conscience qu'il doit tout de même penser à sa propre famille.

- Ton père me fait mourir de rire., il me confie.
- Mon père est génial, et quand il boit c'est un phénomène., je ricane.
- Sacré descente, d'ailleurs., il me fait remarquer.
- Ça c'est le sang Belge., je hausse les épaules. Faire des soirées et finir ivre est presque un sport national.

    Il rit doucement et son regard se tourne vers moi. Il a l'air un peu ailleurs puis, finalement, après un silence il ouvre la bouche.

- Merci de m'avoir invité., il marmonne.
- Viens là, tu me fais de la peine sur ton matelas gonflable là., je sourit en me décalant vers le bord de mon lit.
- Un matelas gonflable c'est mieux que pas de matelas du tout., il me fait remarquer.

    Je soupire et pose mon regard insistant dans le sien. Il sait que je ne lâcherai pas l'affaire, il refuse déjà notre hospitalité pour plus d'une nuit, je ne le laisserait pas dormir par terre en plus. Alors c'est sans surprise que je le regarde se lever puis s'affaler à ma gauche.

~~

Bonsoir les petits gars!

Alors, vous pensez quoi de ce premier chapitre? Il est à la hauteur du teasing qu'on vous fait depuis des jours?

Vous allez voir, l'histoire va évoluer avec le temps et sur va très vite sauter quelques années. Donc tenez vous prêt demain sur est repartit!

N'hésitez pas à nous laisser des commentaires en nous donnant votre avis et à liker en masse!

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