4 décembre 2016J'inspire longuement. Emmitouflée dans un plaid, je laisse mon regard voguer sur la vue de la capitale que m'offre le balcon du nouvel appartement de Ken. Connaissant son amour pour cette ville, je le soupçonne même d'avoir choisi celui-ci pour ce point de vue sur Paris.
Je ne vais pas m'en plaindre. Parce que moi ça me manque d'être ici, et pouvoir tout observer depuis l'appartement du grec, c'est juste un immense plaisir. Je déplore seulement qu'à cette heure-ci la tour Eiffel est éteinte depuis bien longtemps. Il faut dire que j'ai dormi dans l'avion et maintenant je n'ai plus sommeil.
- Qu'est ce que tu fous là à quatre heures du mat' ?
Je souris en entendant sa voix et, en une seconde, il entre dans ma vision périphérique. Je le regarde s'installer sur la chaise près de la mienne et je me demande comment il fait pour être en t-shirt à manches longues en pleine nuit au mois de décembre. Il se pose sur l'accoudoir de mon côté pour se pencher vers moi et, d'un regard, je comprends qu'il attend ma réponse.
- J'arrivais pas à dormir, il est que vingt-trois heures à New-York, alors j'ai écouté Cyborg et je me suis perdue dans mes pensées..., je hausse les épaules en glissant distraitement une main sur sa joue.
- Ah. Et donc ?, il déglutit comme si il craignait de recevoir mon avis.- J'ai adoré. Vraiment., je lui assure. A chaque fois tu m'épates avec ton talent. Bien sûr il y'a deux trois truc qui m'ont fait tiquer mais c'est pas ce qui m'a le plus marqué.
Il hoche presque imperceptiblement la tête et se laisse tomber contre le dossier de sa chaise, échappant au contact de ma main. Je tente de capter son regard mais il est trop occupé à fixer la ville qui s'étend devant nous. Je crois que je comprends ce qu'il se passe, parce qu'à l'album précédent, j'avais piqué ma crise.
- Bon. Bah vas y, engueule moi., il réclame et je me mords la lèvre.
- Je veux pas te parler d'OD ou de Avant Tu Riais Ken, je veux savoir pourquoi tu m'as pas dit que t'allais pas bien ..., je souffle en penchant la tête sur le côté.
- Je vais bien.
Il fait en sorte d'avoir l'air sûr de lui, mais ça ne passe pas. Parce qu'après tout ce que je viens d'entendre, après tout ce que m'a dit Hakim à la sortie de Destins Liés, je ne peux pas faire semblant de le croire. Et pour lui faire comprendre que je suis inquiète pour lui, je choisis de rester calme et de parler avec la voix la plus douce possible.
- Arrête. Je crois que je passe déjà assez pour une débile., je souffle. C'est pas vrai, tu peux pas dire que tu vas bien quand tu commences ton album par un morceau de six minutes comme Humanoïde.
- C'est des phases, c'est pas bien grave., il hausse les épaules et ose enfin planter son regard dans le mien. C'est même pas important.
Il est sérieux. Il pense vraiment que ça ne compte pas, sinon il ne l'aurait jamais dit les yeux dans les yeux. Et ca me blesse qu'il pense que ça n'a pas d'importance parce que pour moi il n'y a que lui qui compte.
- Bien sûr que si que c'est important ! On parle de ta santé là, Ken., je fronce les sourcils. Hakim avait peut être raison au final... C'est pas à 6000 km de toi que je peux vraiment me soucier de toi., je marmonne en baissant les yeux à mon tour.
- Mais quoi ma santé ? Je vais bien je te dis ..., il répète. Arrête de culpabiliser pour rien, c'est moi qui t'ai dit d'y aller.
Je déglutis. Il m'a poussé à partir à New York seulement parce que c'est moi qui me suis inscrite. Lui, il fait toujours tout pour moi, il accepte la distance seulement parce qu'à la sortie j'aurais un diplôme qui m'ouvre un tas de portes. Mais c'est moi qui lui impose ça. Et je me sens coupable.
- Quand j'écoute ça je peux pas faire autrement Ken., je marmonne. Tu vas peut être plus ou moins bien quand je suis là mais je pense que tu peux pas dire que quand je repars ça soit toujours le cas.
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Combien de fois ?
FanfictionCombien de fois avait-il été témoin de comportements condamnables dans les transports en communs ? Souvent, il ne faisait que tourner la tête, s'en voulant chaque fois un peu plus de ne pas savoir comment s'interposer. Une fois, seulement, il s'étai...