Combien de fois ?

Chapitre 18

18 juillet 2015

Depuis que Zoé m'a fait promettre de tout avouer à Ken, je crois que je n'ai jamais eu aussi peu envie de voir le grec. Pourtant lui, il se lève du canapé pour s'approcher de moi et il me semble que je suis incapable de faire comme si tout allait bien alors que je lui mens depuis des semaines. Je m'en veux et je sais que quand il saura, il me détestera. Et ce sera mérité.

    Ses deux mains agrippées sur mes hanches, il m'attire contre lui et je suis un peu réticente quand il m'embrasse. Il fronce légèrement les sourcils dans ma direction quand il remarque que je manque un peu d'entrain pour lui répondre mais il ne dit rien. Il se contente plutôt de saluer nos amis en prétextant que l'on a quelque chose de prévu avant de m'attirer vers la sortie.

    Je sais bien qu'il va finir par me poser des questions mais toute la route jusque chez moi se fait dans un silence presque religieux. Je préfère me taire pour le moment et je laisse Ken entrer avant moi chez mes parents. Ils ne sont pas encore rentrés du travail et, si on en juge par l'absence de vie dans l'appartement, mes soeurs et Eden ont déserté, eux aussi.

    Par flemme je ne prends même pas la peine de faire un tour par la cuisine, je préfère filer tout droit jusque ma chambre. Je me laisse tomber dans mon lit en soupirant. On a beau s'être fait chouchouter toute la journée, je suis épuisée. Mais bon, je sais très bien qu'il ne me laissera pas faire de sieste sans rien me dire.

    Quand il s'allonge près de moi, j'en profite pour caler mon dos contre lui. Mais c'était sans compter sur sa détermination. Il me tire par l'épaule pour que je me retrouve sur le dos et il me force à le regarder.

- Il s'est passé un truc avec Zoé ?, il me demande, les sourcils légèrement froncés.

- Non pourquoi ?, je réponds presque brusquement.

- Y a quoi alors ? T'es chelou depuis tout à l'heure., il me fait remarquer, las.

- Mais j'ai rien du tout, arrête !, je mens et tente de glisser mes doigts sur sa nuque pour l'inciter à m'embrasser.

- Je te connais par coeur, Eli, je sais qu'il y a quelque chose qui va pas., il soupire.

    Je déglutis, soupire et détourne le regard. Je le laisse m'observer pendant quelques secondes parce que je ne sais vraiment pas quoi dire. Surtout comment lui dire, en fait. Il n'y a pas de bonne manière d'annoncer que je lui mens depuis des semaines et que je vais rester plus longtemps que prévu de l'autre côté de l'Atlantique.

- Je voulais pas t'en parler maintenant pour pas gâcher les vacances..., j'avoue, d'une petite voix honteuse.

    Il soupire, se redresse jusqu'à s'asseoir en tailleur devant moi et je l'imite. Il mord dans sa lèvre et inspire un grand coup avant d'ouvrir la bouche une nouvelle fois.

- Vas y balance.

- J'ai loupé mon année., je lâche avant d'attendre sa réaction.

- Quoi, c'est tout ?, il demande, les sourcils froncés.

- Tu comprends pas..., je marmonne en détournant encore les yeux. Je dois recommencer tout depuis le début Ken ! Je passe pas en deuxième donc, je dois rester un an de plus...

    Il ne dit rien et, pleine d'appréhension, je me confronte à nouveau à son regard sombre. Il me sonde comme si il cherchait à savoir si je lui faisais une mauvaise blague et il a l'air de comprendre petit à petit que, si je suis à deux doigts de pleurer, ce n'est pas pour faire un trait d'humour.

- Putain Eli, tu fais chier !, il crache alors, acerbe. C'était deux ans et tu fais de la merde ? Dis le si t'as pas envie de rentrer !, il hausse un peu le ton.