Chapitre 12

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19 Décembre 2014

- Tu sais t'as le droit de me regarder quand tu me parles., je lâche.

   
J'aurais sûrement pu choisir une meilleure manière de lui dire ça, parce que je crois que j'ai eu l'air acerbe, mais je suis fatiguée d'avoir à le forcer. Il a l'air de ne pas m'en tenir rigueur puisqu'il me regarde enfin longuement. Il ne dit rien mais ses yeux sont plantés dans les miens.

    C'est le moment qu'à choisi Eliott pour passer la chanson préférée de mon père. November Rain et ses notes de piano reconnaissables. Mes yeux se ferment et j'oublie Ken pour un moment, parce que je pense à ma famille, à tous les moments que l'on a passé ensembles, à toutes ces fois quand j'étais petite où mon père me faisait danser debout sur ses pieds.

- Tu veux danser ?

   
Je fronce les sourcils avant de tourner le regard vers lui. Il m'observe et semble attendre ma réaction alors qu'il est sûr de lui pour la première fois de la soirée. Sans vraiment réfléchir, je recule ma chaise et, lorsque je me lève, sa main attrape la mienne.
   

Ce contact m'avait manqué. Vraiment. Et j'ai soudainement l'impression d'être seule avec lui dans cette salle bondée. Après m'avoir fait faire le tour de la table pour arriver sur la piste de danse, il m'attire vers lui et tout devient à nouveau évident. Ses paumes glissent sur ma taille et mes bras s'enroulent autour de son cou comme ils en ont eu l'habitude pendant des mois.

    Je crois défaillir quand je parviens à relever le regard vers lui, parce qu'il a toujours le même effet sur moi. Son visage est trop proche du mien et, je ne sais pa si il ressent la même chose que moi, mais j'ai envie de l'embrasser. Je prends sur moi pour ne pas franchir la distance qui nous sépare parce que, si on n'est plus ensembles, c'est à cause de moi.

- Ne me regarde pas comme ça., il susurre et je frissonne.

    Je déglutis, il a l'air aussi désemparé que moi et je préfère ne pas empirer la situation. Alors je baisse le regard et laisse ma tête retomber sur son épaule et nos corps se retrouvent un peu plus étroitement liés. J'ai la sensation que la chaleur dans la pièce augmente un peu plus à chaque seconde mais je sais bien que c'est juste à cause du contact de ses doigts contre la peau de mon dos.
   
Je crois qu'il en joue. J'espère qu'il le fait exprès parce que, si ce doux supplice n'est pas calculé, j'ai juste l'air d'une conne encore bien trop amoureuse. Alors je tâte le terrain en laissant l'une de mes mains glisser distraitement dans ses cheveux.

- Arrête, Eli., il murmure près de mon oreille et mon sang bouillonne.

    Je relève la tête vers lui et je sens mon coeur se gonfler. Il a la même lueur dans le regard que lorsqu'il me regardait avant, quelque chose entre l'amour et le désir. Puis, quand enfin il décide de se pencher vers moi, je m'agrippe un peu plus à sa nuque. Ses lèvres sur les miennes m'avaient manqué plus que tout le reste et la musique qui nous guidait me semble tout à coup s'effacer, nous laissant seuls au monde.

    Bien vite, le baiser chaste devient frénétique. Je retrouve le Ken passionné, m'offrant une étreinte ardente et avide au beau milieu de la piste de danse. J'ai comme un électrochoc lorsqu'il met fin à cet échange, son front se colle au mien et son regard transperce le mien.

    L'une de ses mains lâche mon dos pour glisser le long de mon bras et s'agripper à la mienne. Il me fait lâcher mon étreinte autour de sa nuque et je comprends pourquoi sans qu'il n'ait à prononcer un seul mot. Il s'éloigne un peu plus de moi et, ma paume contre la sienne, je le suis pour traverser la piste. En passant la porte du vestiaire, je suis surprise de trouver François étalé et somnolant sur un matelas gonflable sans doute installé là pour recueillir les bourrés en quête de calme.

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