Combien de fois ?

Chapitre 6

18 Octobre 2012

Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas fini mon devoir hier plutôt qu'aujourd'hui. Parce que je dois le rendre demain et je n'ai pas pu partir de chez moi plus tôt alors que je suis attendue à Aubervilliers. Ken m'a envoyé deux cent messages pour me demander à quelle heure je comptais arriver et ce n'est qu'à presque vingt-deux heures que je toque enfin à la porte.

La seule raison pour laquelle je ne suis pas entrée sans frapper, c'est seulement parce que c'est le nouvel appartement de Zoé et Deen, il est assez insonorisé pour que je n'entende rien du couloir alors je ne suis pas certaine de toquer à la bonne porte. Mais, quand Mohamed m'ouvre la porte, le brouhaha de musique et de discussions mêlés s'étend dans le couloir, alors je me glisse par l'entrebâillement de la porte pour éviter à mes amis des problèmes avec leur voisinage dès leur arrivée dans le bâtiment.

- On a failli t'attendre., il sourit quand je claque un bisou sur sa joue.

Par pure curiosité, je jette un coup d'oeil dans le couloir pour inspecter les nouveaux lieux avant de le suivre jusqu'au salon. Je n'ai pas fait un pas dans la pièce qu'on m'a déjà attrapé le visage pour m'embrasser. Ken, bien évidemment. Alors mes mains rejoignent bien vite sa nuque, par habitude et pour un peu plus profiter de ce contact avec lui.

- J'ai raté combien de chapitres, déjà ?, demande derrière nous la voix grave de Deen.

- Si tu savais lire, aussi ..., raille Zoé.

- Et maintenant on sait où il était toute la semaine plutôt que venir au stud'., commente Eliott, amusé.

- Bon Ken c'est bon, lâche ma copine avant de l'étouffer !, s'exclame la future ingénieure du son.

Je souris contre ses lèvres mais il n'a pas vraiment l'air déterminé à me laisser aller discuter avec la blonde. Alors je me vois dans l'obligation de le repousser quelque peu et il comprend enfin que l'on n'est pas seuls et que nos amis on peut-être autre chose de prévu que de nous regarder nous embrasser pendant deux heures. Alors, il m'embrasse la tempe en m'approchant un peu plus de lui avant que je ne m'échappe d'entre ses bras.

Rapidement je me retrouve à suivre Zoé qui m'entraîne vers le couloir. Elle ouvre les portes sur son passage et me laisse observer la salle de bains minuscule et la chambre tout juste assez grande pour y entrer un lit et une armoire. Puis, elle nous fait faire le chemin inverse pour m'emmener dans la cuisine microscopique où elle ouvre le frigo pendant que je m'adosse à l'évier.

- Tu as des trucs à me raconter, toi., elle me fait remarquer en décapsulant deux bières. La dernière fois j'ai dû te menacer pour que tu ailles lui parler et là, manifestement j'ai raté un truc., elle ajoute, amusée.

- T'avais raison., je ris. Il méritait pas que je lui parle comme ça.

- J'ai toujours raison., elle m'assure. T'as que ça à me raconter ? Genre je sais pas, de quelle manière ta langue est passée de ta bouche à la sienne hors période de reproduction ?

Je pouffe de rire et m'étouffe avec ma première gorgée de bière. Je tousse et reprends mon souffle avant de lui raconter la version courte des évènements.

- On peut dire qu'il a été assez persuasif, il m'a demandé si j'étais vraiment heureuse avec Lucas et j'ai compris que j'avais beau essayer du mieu que je pouvais, ça serait jamais pareil qu'avec Ken., je reste évasive.

- Rassure moi, t'as quitté Lucas au moins ?, elle s'empresse de me demander.

- C'est en cours, j'ai pas réussi à le voir cette semaine et je me vois mal lui annoncer par téléphone. Mais je dois le voir mardi., je grimace en me cachant au maximum derrière ma bière.