19 juillet 2014
J'inspire longuement en observant le ciel prendre des teintes inédites. Le soleil couchant illumine l'océan d'une manière tellement belle que je ne parviens pas à détourner les yeux. Baignée dans l'eau tiède jusqu'au buste, j'observe l'horizon intensément. Tellement intensément que je n'entends pas les remous derrière moi et je sursaute lorsque deux paumes se posent sur mes hanches.Ken plaque son torse contre mon dos et ses doigts courent sur mon ventre pour m'encercler de ses bras. C'est vraiment le seul endroit au monde où je me sens heureuse d'être prise au piège.
- Tu sais, Ken, quand je t'ai dit que je voulais voir la mer, Dunkerque ça suffisait., je lui avoue enfin.
- Je sais., il susurre au creux de mon oreille. Mais j'ai touché mes premiers cachets et j'avais envie de partager mes premières vraies vacances avec toi. Tu mérites mieux que Dunkerque.
Je souris comme une débile en me retournant entre ses bras. Les miens s'enroulent d'eux-même autour de sa nuque, comme pour m'assurer qu'il ne va pas s'en aller et mon coeur se gonfle d'amour pour lui lorsque son regard croise le mien.
La semaine dernière, lorsqu'il m'a récupérée chez moi pour partir en vacances, je m'attendais à passer les sept jours suivants dans une caravane sur un bord de mer de France métropolitaine quelconque. J'ai été surprise quand, en arrivant en bas de mon immeuble, j'ai retrouvé Zoé, adossée à sa voiture. Elle nous a conduit à l'aéroport et, de trop nombreuses heures d'avion plus tard, nous avons rejoint la terre ferme.
J'ai cru défaillir en passant la porte de l'avion. J'avais eu des heures pour m'imaginer les paysages du pays que j'allais découvrir mais je ne m'attendais tout de même pas à ça. Nouméa a dépassé toutes mes attentes. Alors, après avoir récupéré nos valises, on a simplement été chercher les clés de notre petite maison sur pilotis pour y déposer nos bagages avant d'aller s'étaler comme des crêpes sur la plage.
On n'a fait que ça de toutes nos vacances, il me semble. Bronzer, se reposer, profiter l'un de l'autre. Et manger, beaucoup, tout le temps. On a visité très peu, et c'est peut-être le seul regret qu'il restera, mais ça nous donnera une bonne raison de revenir ici pour passer une autre semaine magique.
En fait, on n'a pas pris le temps de partir à la découverte de l'île parce que chaque moment nous paraissait hors du temps. C'est un peu comme si les jours passaient sans que l'on ne se rende compte que la fin du voyage arriverait si vite. On pourra au moins dire qu'on a profité des plages et de la gastronomie locale.
Tout est tellement merveilleux ici. Et, malgré tout, la plus belle chose qui m'ait été donné de voir cette semaine, c'était l'immense sourire de Ken, ses fossettes se creuser, ses yeux se plisser. Je pouvais lire le bonheur sur son visage, des plages paradisiaques en arrière plan et ça m'a fait du bien. Beaucoup de bien.
- Merci pour ces vacances Ken., je murmure contre ses lèvres.
- C'est moi qui te remercie, Eli., il m'assure son regard planté dans le mien. Si tu n'avais pas été là quand les temps se faisaient durs, peut-être que j'aurais tout laissé tomber. C'est aussi grâce à toi si on est là.
Je secoue la tête. Sa réussite il ne la doit qu'à lui-même et au travail acharné qu'il a fourni. Moi, à l'époque, j'étais juste une adolescente qui soutenait ses amis, je n'ai fait que croire en eux. Si tout leur sourit, c'est le seulement résultat de leurs efforts.
Le temps file et les heures passent comme des secondes. C'est la seule explication que je trouve au fait que nous ayons passé notre nuit entière dans les bras l'un de l'autre sans bouger à un seul instant. C'est le reflet sur l'eau de l'éclat de la lune à l'aube qui m'a fait lever les yeux vers le ciel. C'est le jour du départ.
- Dans deux semaines on n'aura plus ces moments là., je souffle, mes yeux se remplissant inexorablement d'eau salée.
De toutes les vacances on n'avait pas évoqué mon départ. Je crois que ça nous aurait fait trop de mal à l'un comme à l'autre de se rappeler que c'étaient les derniers instants que nous passions réellement ensemble. A Paris il y a nos amis, nos familles, les heures au studio pour Ken, un tas de choses qui nous empêcheront de profiter seuls de nos derniers jours.- On ne sera même plus sur la même plaque tectonique., j'ajoute, l'air songeur.
- Mais ferme là., il râle soudainement. D'où tu vas si loin ? Et puis pense pas à ça, profite encore un peu.
Je hoche la tête et force un sourire alors que mon esprit n'arrive pas à se défaire de ces pensées là. Je ne parviens pas à oublier qu'à cause de moi je ne pourrais plus le voir quand je veux. C'est moi la coupable et, même si je sais bien que je ne resterais pas les deux ans sans revenir, même une semaine loin de lui me paraît impensable. Mais ça va devoir durer des mois. J'aurais presque dû saboter mon année et prendre comme prétexte pour rester le fait que je devais terminer ma licence avant de songer à quitter le pays. Mais j'ai réussi.
- Tu reviendras me voir ?, me demande Ken à voix basse et ça me fait tellement mal que j'ai l'impression de sentir mon coeur se déchirer.
- Bien évidemment, Ken ..., je lui souffle en plantant mon regard dans le sien. Evidemment., je répète, les larmes au bord des yeux.
Il hoche la tête et passe son pouce sur ma joue pour effacer la seule larme qui m'a échappé. Il finit par souffler et m'avouer qu'il allait sûrement bientôt être l'heure qu'on s'en aille alors, à contre coeur, nous nous séparons pour rejoindre le rivage. Le temps passe toujours trop vite ici lorsque nous rejoignons notre maisonnette pour prendre une dernière douche. Je vérifie une dernière fois que nous n'avons rien oublié et j'ai un pincement au coeur quand nous refermons la porte derrière nous. C'est vraiment la fin.
~~
Coucou !!!
Comme d'habitude, on espère que ce chapitre vous aura plu !
Avec le confinement, on est tous en déprime donc si on peut vous redonner un peu le sourire, c'est que du positif.
On se voit demain pour la suite !
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Combien de fois ?
FanfictionCombien de fois avait-il été témoin de comportements condamnables dans les transports en communs ? Souvent, il ne faisait que tourner la tête, s'en voulant chaque fois un peu plus de ne pas savoir comment s'interposer. Une fois, seulement, il s'étai...