24 décembre 2014J'ai toujours adoré noël. C'est sans doute ma fête préférée parce que c'est l'une des seules occasions où toute mon immense famille se réunit au grand complet. Les frères de mon père viennent spécialement de Belgique et ma tante de la Côte d'Azur pour que l'on se retrouve tous chez mes grands-parents.
L'ambiance qui règne dans la maison est chaque fois chaleureuse malgré le boucan que nous faisons, à plus de vingt dans la pièce à vivre. Pour rien au monde j'aurais voulu être autre part. Chacun a toujours sa place. Mes plus petits cousins courent partout dans la maison, tous excités à l'idée de montrer leurs cadeaux reçus il y a deux semaines pour la Saint Nicolas, origines belges oblige. Les adultes, eux, sont à table et parlent des dernières nouveautés dans leur vies et les adolescents zonent dans le salon et se chamaillent sur qui irait chercher à boire pour toute la petite bande. Je suis chez moi ici. Et j'ai conscience de la chance que j'ai de pouvoir partager ce moment avec ma famille au complet.
C'est pour ça que, cette année, j'ai décidé d'emmener Ken. Il a protesté au début, il ne voulait surtout pas s'imposer mais quand je lui ai confié que je ne me voyais pas passer plusieurs jours loin de lui, il avait accepté. Je crois qu'il ne voulait pas non plus me laisser partir à quelques kilomètres de Paris et perdre ce peu de temps précieux qu'il nous reste.
Lorsque nous sommes arrivés, nous avons été accueillis par les cris d'enthousiasme des plus petits, tous ravis de me revoir moi et "mon amoureux". J'ai foncé dans les bras de mes grands-parents que je n'avais pas revu depuis cinq longs mois, ils m'avaient bien trop manqué. Mais, très vite, l'effervescence autour de moi me mit mal à l'aise. Je n'avais pas spécialement envie d'être le centre de l'attention, pas à noël du moins.
Alors je me suis échappée de table, profitant d'une question de mon oncle posée à Ken à propos de son futur album, pour me glisser hors de leur vue. J'ai donc fini ici, dans le bureau de mon grand père. J'adore cette pièce parce qu'elle sent le vieux livre et le cigare, exactement la même odeur que dans mon enfance, c'est le genre de choses qui m'apaise. Un peu comme la présence de mon frère qui sait toujours où me trouver dans cette maison.
- Alors, on n'en peut déjà plus d'être le sujet de toutes les discussions. Ça te ressemble pas, d'habitude t'adore être au centre de l'attention., il me fait remarquer, l'air moqueur.
- Arrête Éden, c'est pas drôle... J'étais vraiment mal à l'aise., je souffle en inspectant la bibliothèque.
- Pas à moi Eli, quand t'étais petite tu cherchais un métier qui te permettrait de devenir célèbre juste pour pouvoir participer à Danse avec les Stars., il me rappelle en riant.
- Et je compte bien y arriver ! Il y en a plein des journalistes célèbres., je reste sérieuse pour entrer dans son jeu.
Finalement, je suis incapable de garder mon rire pour moi et il rejoint bien vite celui d'Eden. Avant qu'il ne le fasse, je décide de m'installer sur la chaise de bureau de mon grand-père, laissant mon regard vagabonder sur une photo encadrée posée sur le coin du meuble. C'est une photo de famille, on est tous dessus, ses treize petits-enfants, ses quatre enfants et leurs conjoints ainsi que sa femme.
La nostalgie me vient soudainement. Je réalise d'un coup tous les moments merveilleux que je rate immanquablement en passant l'année à l'autre bout de la planète. Une main se pose sur mon épaule, légère et pourtant ferme, et je n'ai pas besoin de lever les yeux pour savoir que mon frère m'a rejoint de ce côté du bureau. Je soupire en laissant ma tête se poser contre son torse et je profite des quelques instants de calme pour me reprendre. Je ne peux tout de même pas pleurer le soir de noël, c'est hors de question.
- Tu sais, tu m'as manqué pendant ces 5 mois..., il avoue tout bas. J'ai plus personne pour faire chier Andrea, Aloïs elle est trop nulle pour ça, elle est encore dans ses délires d'ado à parler de mec avec ses copines., il finit par râler.
- Elle est peut être encore une ado mais toi t'es toujours un enfant, sérieux arrête de faire chier Andrea, un jour tu vas t'en prendre une tu vas rien comprendre. Mais toi aussi tu m'as manqué., je souris, heureuse de retrouver mon grand frère.
D'un bon, je me relève du siège pour le prendre dans mes bras quelques instants avant de regagner la pièce de vie. J'ai la surprise d'y trouver Ken, accroupi près de deux de mes plus petits cousins, il est en train de leur parler très sérieusement et les deux gamins semblent pendus à ses lèvres. Je choisis la chaise la plus proche pour écouter discrètement, comme à mon habitude, ce qu'il se passe et, lorsque je comprend que le grec venait de les séparer d'une dispute et qu'il essaye maintenant de les réconcilier, je sens mon coeur fondre.
Mon sourire niais refait son apparition tant je suis attendrie par cette scène. Même mon grand-père assis en bout de table, tout près de moi, le remarque et s'adresse à moi de sa voix rocailleuse.
- Tu es heureuse, hein ?
Je tourne le regard vers lui, tout de même étonnée qu'il me pose cette question. J'ai toujours été très proche de lui, il était à mes yeux le pilier de la famille. Il est une véritable force de la nature, un vieux chêne qui ne cède jamais face au vent. Un vrai modèle pour moi. Son père avait débarqué en Belgique pour travailler dans les mines alors que lui n'était qu'un gosse. Mon aïeul a bataillé toute sa vie comme un dingue pour sortir de cette misère et a fini par devenir avocat, la fierté de ses parents.
- Oui Papi, tout va bien en ce moment., je lui réponds doucement, pensive.
Je sais au fond de moi que tout ne durera qu'un temps. Parce que je vais repartir et que la distance entre mes amis et moi allait de nouveau être difficile à supporter, encore pire celle entre Ken et moi, jusqu'à ce que je revienne à nouveau en France. Mais combien de fois je vais pouvoir supporter ce manège avant de craquer ? Je n'en ai aucune foutue idée.
Le reste du repas se passe comme toujours dans la joie et la bonne humeur. Il me semble que l'on est tous ravis de se retrouver autour de cette grande table et, même si ce genre de repas était éreintant à cause du bruit et de l'agitation, aucun d'entre nous ne laisserait sa place.
En fin de soirée, après avoir rejoint l'appartement de mes parents, je propose à Ken de dormir chez moi, j'ai très peu envie de le regarder prendre la route à cette heure-ci. Enfin, c'est aussi un prétexte pour passer encore un peu de temps avec lui et je crois qu'il le comprend puisqu'il décide de se glisser près de moi sous la couverture plutôt que de me laisser seule.
C'est peut-être un des plus beaux noëls de ma vie. Parce que tout est toujours mieux quand Ken est là. Et, en me blottissant contre lui, je me promets de tout faire pour arranger les choses, dans un an et demi, lorsque je reviendrais définitivement en France.
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Combien de fois ?
FanfictionCombien de fois avait-il été témoin de comportements condamnables dans les transports en communs ? Souvent, il ne faisait que tourner la tête, s'en voulant chaque fois un peu plus de ne pas savoir comment s'interposer. Une fois, seulement, il s'étai...