19 décembre 2015Je déglutis en me blottissant un peu plus dans ma couette, ma tête enfoncée dans mon oreiller. Je suis fatiguée et je crois que ma déception y joue beaucoup. Je suis en vacances depuis hier et la boule que j'ai en travers de la gorge n'est qu'accentuée par cette période de l'année.
J'étais censée prendre l'avion il y a trois heures, rentrer chez moi, retrouver ma famille, faire la surprise à mes amis et, par la même occasion, aller voir Ken. Mais, la semaine dernière ma mère m'a appelé pour me dire que le repas de noël était annulé cette année. Elle en a profité pour me dire que je devais rester à New York cette fois, parce que payer un billet d'avion pour si peu, ce n'était soit-disant pas utile.
Alors, après m'être promis de me trouver un job pour me payer mes prochains billets moi-même, j'ai enterré loin la joie de retrouver mes proches et j'ai décidé de passer les fêtes de fin d'année dans mon lit à déprimer. Tout le monde me manque et, même si ça aurait été bizarre de faire une croix sur nos traditions familiales, j'aurais au moins pu revoir tout le monde.
- Eli, sors de ta chambre !, râle Erin dans un anglais impeccable mais avec un accent islandais à couper au couteau. On va regarder un disney avec Sun !
Je sais bien qu'elle essaye de m'amadouer pour que je sorte. Mes deux colocataires étant au courant de la situation, elles ont décidé de me greffer, sans mon accord, à tous leurs plans pour les vacances. Elles qui ne rentrent dans leurs pays qu'aux vacances d'été, elles savent exactement quoi faire pour passer le temps et comment supporter le manque de leurs familles et je les envie pour ça.
Finalement j'accepte de quitter mon lit mais j'emmène ma couverture dans le canapé du salon que l'on partage. Je les laisse se glisser sous le tissus épais et souris en comprenant qu'en plus d'avoir choisi un disney, elles ont jeté leur dévolu sur Mulan, mon préféré.
Sun et ses yeux joliment bridés me fixe tendrement. J'adore cette fille, elle est profondément gentille et elle sait toujours quoi dire pour me rassurer. Hier, en allant se coucher, elle m'a rappelé que d'ici six mois je pourrais rentrer définitivement chez moi, que je ne devrais pas me morfondre pour ces deux semaines. Elle a raison, au fond, mais j'ai du mal. Finalement c'est elle qui s'endort en première, suivie de près par Erin, et je trouve ça affreux de s'endormir devant un chef d'oeuvre pareil.
Profitant de leur sieste, j'enchaîne avec le second opus du film. Ce sont quelques coups contre la porte de notre appartement qui me font lever les yeux de la télé. Je m'extirpe à regret de ma couverture quand je constate que le bruit n'a réveillé ni l'Islandaise, ni la Taïwanaise. Je traîne des pieds jusqu'à la porte que j'ouvre sans même vérifier dans l'oeillet.
J'ai un mouvement de recul lorsque mon regard croise des pupilles brunes que je reconnaîtrais entre mille. Il est là, droit comme un I sur le pas de ma porte et c'est soudain que j'ai l'impression de rêver. Je crois que je mets trop de temps à réagir mais, dès l'instant où je comprends qu'il est réellement là, je me jette à son cou.
Ses bras qui me pressent contre lui suffisent à effacer les jours entiers à déprimer de savoir que je ne retournerai pas en France avant mes prochaines vacances. Ken est là et à lui seul il éclipse tout le reste.
Finalement, je l'attire avec moi à l'intérieur de l'appartement. Il traîne sa valise en me suivant jusque ma chambre et seulement là je me permet de me pencher pour l'embrasser. Il m'a vraiment trop manqué. Il n'y a que lui pour resserrer sa prise sur mes hanches de cette manière là, sans compter le fait que personne d'autre ne me fait ressentir ne serait-ce qu'une fraction de ce que je ressens pour lui dans ces moments là.
VOUS LISEZ
Combien de fois ?
FanfictionCombien de fois avait-il été témoin de comportements condamnables dans les transports en communs ? Souvent, il ne faisait que tourner la tête, s'en voulant chaque fois un peu plus de ne pas savoir comment s'interposer. Une fois, seulement, il s'étai...