Chapitre 11

1K 77 31
                                    



19 Décembre 2014

    Je suis euphorique. Je crois qu'il n'y a pas de meilleur mot pour qualifier mon état physique et mental à l'instant où je pose enfin le pied sur le territoire français. J'inspire longuement comme si l'air était différent ici mais, en vérité, la seule différence avec l'état de New York, c'est qu'ici il neige et que, après avoir récupérer ma valise, je vais retrouver mes amis.

    Mon bagage enfin à mes pieds, je le traîne à la hâte vers la sortie. Je traverse le hall à grandes enjambées, esquivant d'autres passagers, et je trace jusqu'au dépose minute de mon terminal. Hier, Moh m'a dit que c'était lui qui avait gagné à la courte paille et que c'était lui qui avait l'honneur de venir me chercher, on s'est alors mis d'accord sur une heure et un lieu et je n'ai pas besoin de le chercher longtemps.

    Il est appuyé sur son capot, son téléphone entre les mains et il ne prête pas une once d'attention au bruit des roulettes de ma valise qui s'approche de lui. Une fois près de lui, je me fais discrète jusqu'à lui arracher son portable des mains. C'est son regard ahuri qui se relève vers moi et, en un quart de secondes, il se rue sur moi pour me soulever contre lui.

- T'es conne, tu m'as fait peur !, il râle et je ris.

- Moi aussi je suis contente de te voir., je soupire en claquant un bisou sur sa joue.

- Tu m'as manqué petite tête.

    J'inspire longuement pendant qu'il me repose au sol. Il m'a manqué aussi, et le bonheur qui irradie en moi à cet instant précis me laisse penser que je vais forcément pleurer en retrouvant mes autres amis. Le retrouver lui seul, j'arrive à gérer, mais tous les autres d'un seul coup, je crois que ce sera trop.

    Finalement, il jette ma valise et mon bagage à main dans son coffre pendant que m'installe à la place passager. Il me sourit une dernière fois avant de démarrer la voiture et, tout le long du chemin, je retrouve le Mohamed que j'ai laissé il y a cinq mois. Les ragots fusent et les fous-rires aussi.

    C'est à regret que je le quitte quand il me dépose à Aubervilliers. Il parait que Deen s'est fait jeter de l'appartement pour que nous puissions nous préparer entre filles. Alors, me sachant attendue, je tire ma valise jusqu'à l'appartement de Zoé et j'entre sans même sonner. Le sourire sur les lèvres de la blonde s'accentue quand son regard se pose sur moi et, c'est certain, si elle me fait un calin, je ne saurais pas retenir mes larmes.

- Pleure pas Zo !, je l'implore, à deux doigts de la suivre.

- C'est trop d'émotion aujourd'hui., elle soupire en écrasant simplement ses lèvre sur ma joue. Tu m'as manqué, j'ai dû survivre seule dans cette bande de chiens de la casse ... C'était comment, raconte !

- On parlera de moi plus tard, c'est ton jour à toi., je lui rappelle et elle pleure de plus belle.

    Je ris doucement quand elle m'avoue être à fleur de peau depuis le matin même et ça se comprend. Ce n'est qu'à partir de là que j'accorde un minimum d'attention à ses quelques amies qui sont arrivées avant moi. Je ne les connais pas vraiment mais, pour les avoir vues quelques fois, je les salue en prenant pour siège le flightcase qui d'habitude fait office de table basse.

- Zoé avait peur que tu ne sois pas là à l'heure., me confie tout bas Anaelle lorsque notre amie s'éclipse dans le couloir. Elle est inquiète pour tout, je te jure.

- Elle est persuadée que Deen va dire non, aussi., ricane doucement Chloé.

    Je ris doucement parce c'est une aberration. Mika ne ferait jamais ça et je suis certaine qu'au fond Zoé le sait aussi. Mais elle stresse et si elle a besoin que je lui rappelle un tas d'évidences, je peux le faire sans problème.

Combien de fois ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant