Chapitre Quatorze - Veste

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"What's going on
Can you talk to me
Tell the truth"
Like You Used To — Daneliya Tuleshova

– JOSEPH –

— Rien, nous sommes justes amis.
— Tu es vraiment sûr de toi ?
— Oui, nous nous connaissons depuis une semaine seulement.
— Tout peut arriver très vite.

Nous continuons de regarder Anastasia. Je ne réponds rien à Thomas.

— En tout cas, sache que si quelque chose se passe entre vous, fait très attention à elle. Et si tu lui fais du mal, tu auras affaire à moi, il prend un air très sérieux.

Je reste silencieux, n'essayant pas envie d'avoir de problème avec le meilleur ami d'Anastasia.

— Mais à part ça. Je t'adore ! Tu es un acteur incroyable ! reprend Thomas.

J'ai l'impression que cet homme est lunatique.

— Merci...
— Les garçons ! Venez !

Anastasia nous appelle et nous demande de la rejoindre. Nous nous approchons et nous mettons autour d'elle, afin qu'elle soit entre nous deux.

— Je veux faire des photos avec mes deux invités d'honneur !
— Ce serait un honneur, Mme Smith, dit Thomas avec un ton ironique.

Anastasia place ses mains sur nos tailles, pendant qu'avec Thomas, nous posons, chacun, une main autour de sa taille. Nous faisons au moins cinq photos et laissons la place à d'autres personnes. Nous partons nous asseoir, non loin du bar, en attendant qu'Anastasia revienne.

— En fait, excuse-moi pour tout à l'heure. Je me suis un peu trop emporté... commence Thomas.
— Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas. Elle est comme ta petite sœur et tu veux la protéger, ce que je comprends totalement.
— C'est exactement ça, c'est comme une petite sœur pour moi, nous nous connaissons depuis vingt ans maintenant et elle a toujours été là pour moi, et vice-versa.
— C'est beau, une si belle et longue amitié comme la vôtre.
— Oui... Mais j'ai tendance à vouloir trop la protéger, ou même, à être jaloux... 
— Jaloux ? Pourquoi ?
— J'ai peur qu'elle me remplace...
— Thomas, une amitié de vingt ans, cela ne se remplace pas, et sache que tu t'inquiètes à cause de moi, jamais je ne prendrais ta place.
— De toute façon, tu ne pourras jamais prendre ma place, il y a quelque chose entre vous, mais vous ne voulez pas l'assumer.
— Et c'est quoi cette « chose » ?
— Je n'en sais rien, mais s'entendre aussi bien, en moins de deux jours, c'est incroyable ! Elle a énormément de mal à faire confiance aux autres.
— Ah bon ? je demande.
— Oui, tu vois là, elle ne fait toujours pas confiance à son manager, alors qu'ils se connaissent depuis bientôt six mois.
— Pourquoi elle a autant de mal ?
— Tu te rappelles des paroles de sa chanson ?
— Oui, je les connais par cœur.
— Elles parlent de son ex, d'il y a quatre ans. Elle était folle de lui, et il lui a brisé le cœur. Il l'a manipulé et trompé.

Je le regarde, sans voix.

— Et depuis, elle a beaucoup de mal à faire confiance aux autres et surtout aux hommes.
— C'est horrible !
— Tu l'as dit. C'est pour ça que je suis un peu jaloux de toi. Tu es le seul autre homme avec qui elle passe beaucoup de temps. Elle t'a fait confiance depuis la première seconde.
— J'espère qu'elle va mieux, maintenant.
— Depuis une semaine, oui, elle va beaucoup mieux.

Je regarde Anastasia, qui est toujours en train de prendre des photos.

— C'est vrai que depuis que je l'ai rencontré, je me sens mieux aussi.
— La pression ?
— Ouais, je n'ai plus de vie privée depuis la sortie de la saison quatre de Stranger Things.
— Et tu regrettes ?
— Non, je ne regrette rien, mais j'aimerais avoir plus de liberté...
— Et tu en as quand tu es avec Anastasia ?
— Ouais, je me sens plus libre avec elle, je peux être moi-même.
— Et c'est comme ça depuis le mois de juin ?
— Non, c'est beaucoup moins pire qu'avant, mais ça reste très compliqué de cacher des choses. Le seul endroit où je ne risque rien, c'est chez moi.
— Et chez Anastasia...
— Oui, aussi.
— Elle m'a tout dit, à propos de la soirée de mercredi dernier. Merci de lui avoir sauvé la vie, et de l'avoir raccompagné chez elle...
— C'est normal...
— Et de ne pas l'avoir laissé seule.
Je lui souris et regarde de nouveau Anastasia, qui a terminé la séance photos.

– ANASTASIA –

Je rejoins les garçons qui discutent ensemble un peu plus loin.

— Coucou ! dis-je.
— Comment va la plus belle fille du monde ? me dit Thomas, en ma faisant un petit câlin.
— Tu abuses un peu quand même...
— Non, il n'abuse pas, intervient Joseph.

Je le regarde et rougis, instantanément. Je lui souris, en guise de remerciement.

— Sinon, tu vas bien ? demande Thomas, mort de rire.
— Ouais, ça peut aller, je commence déjà à être fatiguée.
— Tu as mangé ? me demande Joseph.
— Non, je n'ai pas encore eu le temps.
— Allons chercher quelques feuilletés, dit Thomas.

Nous partons tous les trois au buffet.

***

23 h 30

De 21 h 30 à 23 h 25, nous avons fait la fête tous ensemble. Avec Joseph et Thomas, nous sommes restés ensemble pendant toute la soirée. Nous avons, tous les trois, dansés, chantés et criés. C'était incroyable. Pendant la soirée, une femme est venue me voir et m'a dit que nos costumes avec Thomas étaient très beaux. Et une autre m'a dit que les tenues de Joseph et moi vont très bien ensemble. Il est maintenant 23 h 30 et je suis très fatiguée. Je marche même pied nu, tellement j'ai mal aux pieds. Nous nous dirigeons vers les voitures.

— C'était une superbe soirée ! dit Thomas.
— Je suis d'accord ! ajoute Joseph.
— Et, cette fois-ci, je ne suis pas bourrée ! dis-je en rigolant.
— Tu habites loin ? demande Joseph à Thomas.
— À vingt minutes environ, pourquoi ?
— Je peux ramener Anastasia, si tu veux. Comme ça, tu rentres plus vite pour pouvoir te reposer.
— T'inquiètes, je dormirai plus tard.
— Étant donné que tu as fait la promo de ton livre, tu risques d'avoir des interviews dans les jours qui suivent, je préfère que tu te reposes, dis-je.
— Bon d'accord. Je t'envoie un message quand je suis rentré, me dit Thomas.

Nous nous faisons une dernière accolade. Joseph et Thomas s'en font une aussi, je suis tellement contente qu'ils s'entendent si bien. Thomas monte dans sa voiture et nous salue. Soudain, je ressens un frisson, j'ai un peu froid.

— Tu as froid ? me demande Joseph qui m'a vu trembler.
— Un peu.
— Tiens.

Il enlève la veste de son costume et me la pose sur les épaules.

— Merci, mais tu ne vas pas voir froid ?
— Non, ne t'inquiète pas. Dans cinq minutes, nous serons au chaud, chez nous.

Nous montons dans sa voiture, et cinq minutes plus tard, nous sommes déjà arrivés. Nous entrons dans l'immeuble et montons les quatre étages, en discutant de la soirée. Nous arrivons devant chez nous.

— Merci beaucoup de m'avoir ramené, dis-je.
— Merci à toi de m'avoir invité.

Nous nous faisons un câlin et nous entrons chacun dans nos appartements respectifs. Une fois chez moi, je pose mes chaussures et enfile, directement, mes pantoufles, et me débarrasse de toutes mes affaires. Une fois dans la salle de bain, j'ôte ma robe et enfile mon pyjama. Je me débarbouille, me brosse les dents et retourne dans le salon, ranger un peu le bazar que j'ai mis en arrivant. Avant de commencer, je regarde l'heure sur mon téléphone : 23 h 47. Thomas ne devrait pas tarder à m'envoyer un message. Je commence à ranger quand je me rends compte qu'il y a la veste du costume à Joseph, posée sur le dossier de mon canapé. Je la prends et pars frapper à la porte de Joseph, en espérant qu'il ne dort pas encore. Au bout de trente secondes, il ouvre la porte, en pyjama, un peigne à la main.

— Coucou, j'ai oublié de te rendre ta veste, je commence.
— Coucou, ce n'est pas grave, tu aurais pu me la rendre plus tard.
— Je sais, mais me connaissant, j'allais oublier, du coup, je préfère te la rendre maintenant.

Je lui tends la veste, il la récupère et la pose sur son portemanteau, à l'entrée de son appartement.

— À bientôt ! dis-je.

Je commence à partir, quand je sens sa main attraper mon bras.

— Attends ! Je peux te poser une question ? dit-il.
— Oui ?
— Est-ce que tu me fais confiance ?
— Oui, pourquoi tu me demandes ça ?
— Thomas, il m'a dit que... que tu avais du mal à faire confiance aux gens depuis...
— Ah, il t'a expliqué...
— Oui, et je suis terriblement désolé pour toi.

Sa main glisse le long de mon bras, afin d'atteindre ma main, qu'il saisit. Il s'approche de plus en plus. Nos corps se rapprochent l'un à l'autre et se retrouvent presque collés. Son autre main glisse sur une mèche de mes cheveux, qu'il place derrière mon oreille. Nos visages sont de plus en plus proches...

Sur le Même Palier - Joseph QuinnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant