Chapitre Trois - Voisins

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"There was flowers waiting on a Monday
But now you've been forgetting our dates"
Like You Used To — Daneliya Tuleshova


– ANASTASIA –

Pendant le repas, nous discutons afin d'apprendre à mieux se connaître. Nous parlons de nos familles, de nos enfances... 

— Et donc, tu as quitté tes parents pour vivre toute seule ? me demande Joseph.
— Exactement. J'ai enfin quitté le cocon familial.
— Et tu te sens bien ici ?
— Pour le moment, oui. J'espère que j'arriverais à m'adapter assez rapidement.
— C'est génial alors. Tu joues d'un instrument ?
— Je joue du piano depuis sept ans. D'ailleurs, il faut que je m'en rachète un pour mettre dans ce coin-là, je pointe l'angle vide près de ma chambre.
— C'est super ça, tu vas aller l'acheter quand ?
— Demain, je pense. Enfin, je veux acheter beaucoup de choses demain, je ne sais pas si j'aurais assez de place dans ma voiture et assez de bras pour tout porter.
— Tu veux de l'aide ?
— Non, t'inquiètes. Je demanderais à mon meilleur ami de m'aider. Il faut que tu te reposes. Ta vie n'est pas de tout repos.
— Tu n'hésites pas si tu as besoin. Tu sais, on a presque la même vie maintenant.
— Je suis beaucoup moins connue que toi.
— Pour le moment, peut-être, mais tu vas devenir une star !
— Merci beaucoup... 
— Et ton meilleur ami, il est chanteur lui aussi ?
— Non, il est écrivain. C'est Thomas Henderson, je ne sais pas si tu le connais, il écrit des histoires pour les enfants.
— Ça ne me dit rien du tout, désolé... 
— Oh, ce n'est rien. Si tu veux, j'ai un de ses livres dans ma chambre. Je vais le chercher, ne bouge pas.

Je me lève et pars dans ma chambre chercher le bouquin de Thomas. Quand je reviens dans la cuisine, Joseph est en train de débarrasser.

— Je vais le faire, t'inquiètes.
— Ça ne me dérange pas, tu sais... En plus, j'ai presque terminé !

Joseph commence à prendre l'éponge qui se trouve vers l'évier.

— Pose cette éponge, je le ferais moi. Viens, je vais te montrer le livre.
— D'accord chef ! rigole-t-il.

Nous allons nous asseoir sur le canapé et je lui passe le livre de Thomas.

« Louis et le labyrinthe enchanté », dit-il en prenant l'ouvrage.

Quand il l'ouvre, il tombe sur les illustrations.

— Wow, c'est ton ami qui dessine comme ça ?
— Bingo !
— Wow, c'est magnifique ! Il a du talent pour le dessin !
— S'il n'avait pas pu devenir écrivain, il serait devenu dessinateur.
— Si je te dis que j'ai trop envie de lire l'histoire, tu me crois ?
— On dirait bien que quelqu'un a toujours une âme d'enfant, je rigole.
— Et je ne l'abandonnerais jamais !
— Et tu as bien raison ! Si tu veux, je te le prête pour que tu le lises.
— Tu es sûre ?
— Oui, Thomas sera content d'avoir un nouveau lecteur, même s'il est plus âgé que la tranche d'âge pour laquelle il écrit. 
— C'est vrai... Quelle heure est-il ?
— Il est 22 h 15... Déjà !?
— Nous avons beaucoup discuté.
— Oui... 
— Bon, je vais y aller, comme ça, tu peux te reposer, tu as une journée assez longue et tu ne dois plus avoir de muscles.
— On va dire que j'ai fait mon sport pour une semaine, plaisantais-je en le raccompagnant vers la porte.
— En tout cas, merci pour la pizza !
— Non, c'est à moi de te remercier ! La prochaine fois, c'est moi qui paie !
— D'accord. Je te rends le livre demain, je le lirai demain matin.
— Pas de soucis, prends ton temps pour le lire et surtout, amuse-toi bien en le lisant !
— Merci ! À demain Anastasia !
— À demain Joseph, bonne nuit !
— Bonne nuit à toi aussi !

Il me fait signe de la main et je ferme la porte d'entrée. Il a raison, je n'ai plus de force. Je finis de ranger la cuisine, prends une douche, me brosse les dents et pars me coucher dans ma nouvelle chambre. Je me sens bien dans cet appartement. La solitude n'est pas si mal... Enfin, pour le moment.

***

Le mardi 8 novembre 2022
10 h 30

Je suis réveillée depuis maintenant deux heures. J'ai terminé la mise en place de mes dernières décorations et j'ai passé un petit coup de balai. En même temps, j'attends Thomas qui ne devrait pas tarder. Soudain, la sonnette retentit. Quand on parle du loup ! Je pars ouvrir la porte et me jette dans ses bras.

— Ma petite tête à moi ! dit-il en me serrant fort dans ses bras.
— Comment tu vas ? je lui demande.
— Ça va super, et toi ? Tu as bien emménagé ?
— Ça va super ! Oui, il ne me manque que quelques petites choses. D'ailleurs, tu veux bien venir avec moi ? Je ne pense pas que ces deux petits bras puissent tout porter...
— Bien sûr ! En plus, tu as besoin de mon aide pour choisir !
— Ah oui, c'est vrai ! Tu as des goûts très particuliers... rigolais-je.
— Hé ! Je croyais que tu adorais mes goûts ! il fait semblant de bouder.
— De temps en temps oui... Et aussi, j'ai prêté « Louis et le labyrinthe enchanté » à mon voisin.
— Ton voisin ? Il a cinq ans et demi ? rigole-t-il.
— Non, mais essaie de deviner qui c'est !
— Ah, parce que je le connais ?
— Oui, et en plus, tu l'adores !
— Donne-moi un indice !
— Euh... il a 28 ans.
— Tu es sérieuse ? C'est ça, ton indice ?
— Allez, c'est super simple !
— C'est un chanteur ? Un acteur ?
— Oui, un acteur !
— Alors attends, un acteur de 28 ans... C'est un homme ou une femme ?
— C'est un homme ! Et tu adores l'un de ses personnages !

Il réfléchit et au bout de quelques secondes, il fait les gros yeux.

— Attends, ne me dit pas que ton voisin, c'est Joseph Quinn.
— Bon, bah, je ne te dis rien alors... 
— Non, arrête ! Tu me fais une blague !
— Si tu ne me crois pas, descends en bas et regarde les boîtes aux lettres !
— Non, c'est bon, je te crois. Tu lui as passé mon livre ?
— Oui, nous avons passé la soirée ensemble et... 
— Attends, QUOI !? Tu as passé la soirée avec Joseph Quinn ? Explique-moi tout !
— En gros, il m'a aidé pour monter quelques cartons et après, il est rentré chez lui... 
— Et ?
— Laisse-moi finir ! Hier, vers 20 h 00, j'ai commandé une pizza et le livreur s'est trompé d'appartement. Il lui a donné à lui, il a payé et est venu me l'apporter. Étant donné qu'il ne voulait pas que je le rembourse, je lui ai proposé de partager la pizza avec moi et nous avons mangé ensemble.
— Il est où le rapport avec mon livre ?
— Nous avons parlé de nos familles, de nos amis et j'ai parlé de toi. Je lui ai dit que tu étais écrivain. Je lui ai montré ton livre et il a voulu le lire. Donc, je lui ai passé.
— Et après ? dit-il en haussant les sourcils avec un sourire au coin des lèvres.
— Non, il est rentré chez lui et je suis partie me coucher !
— Oh non, nul... 
— Thomas ! je le tape doucement sur l'épaule.

Il fait semblant d'avoir mal.

— Nous nous connaissons à peine et puis c'est Joseph Quinn. Ce n'est pas n'importe qui !
— Et toi, tu es Anastasia Smith, tu n'es pas n'importe qui non plus !
— Tu me désespères. Bref, on y va ? On mangera dans le centre de Londres.
— D'accord, pas de soucis. Tu veux emmener ton cher Joseph ? dit-il en rigolant.
— Tu aimerais bien, mais non. Il doit se reposer, la vie d'acteur n'est pas facile.
— La vie de chanteuse non plus, ma belle.
— Je ne suis pas encore trop connue... 
— Ne parle pas trop vite, ta chanson passe dans toutes les radios de Londres et les vues augmentent de plus en plus sur YouTube.
— Ah bon ?
— Eh ouais, petite tête, c'est le début de la célébrité pour toi ! Sache que cette journée ne sera pas de tout repos et que tu risques d'avoir des paparazzis collés aux baskets !
— Et bah, je n'ai qu'à mettre des talons ! dis-je en rigolant.
— Ta blague est nulle, Ana !
— Arrête, je sais qu'on fond, tu es mort de rire ! Allez, on y va, grosse tête !

Nous partons tous les deux, en direction des voitures. Avant que je ne monte dans ma voiture, j'entends quelqu'un m'appeler. Le son vient de plus haut. C'est Joseph à sa fenêtre qui me fait signe. Je lui réponds en lui faisant signe à mon tour, sous le regard de Thomas qui est mort de rire.

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