Chapitre 24 :

129 11 6
                                    

- J'ai une planque à Tancity. Prends la prochaine à gauche et sors de la ville, m'indique-t-il d'une voix neutre, avec une pointe de douceur, comme lorsqu'il essayait de me rassurer après une dispute quand j'étais encore gosse.

Je roule dans la nuit dont le froid commence à saisir mes mains. Mais je suis déjà glacé de l'intérieur de toute façon. Je roule jusqu'au panneau "Vous quittez Tinytown" et le dépasse, m'enfonçant sur l'autoroute, déserte à cette heure-ci, le regard fixé sur l'horizon sombre qui se dessine devant moi. Et les larmes coulent sans que je ne puisse les retenir, mais je fais semblant qu'elles n'existent pas pour me rassurer comme je le peux.

 Et les larmes coulent sans que je ne puisse les retenir, mais je fais semblant qu'elles n'existent pas pour me rassurer comme je le peux

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

(pov de Jungkook)

Après quarante minutes de route, on a finalement atteint Tancity. À partir de là, Seokjin m'a guidé dans les rues désertes jusqu'à une résidence modeste de plusieurs immeubles, avec parking souterrain. Je me suis garé loin de l'entrée et nous avons changé les plaques d'immatriculation aussi vite que possible avant d'accrocher deux gros dés en peluche complétement ridicules au rétroviseur intérieur. C'est une voiture plutôt commune pour les personnes ayant un peu de moyens et le style de la résidence ne casse pas avec l'aspect de la bagnole. Ainsi, s'il y a des contrôles de police dans les parkings, on devrait pas nous souler. Je suis mon oncle dans les escaliers et remarque qu'il n'y a pas de caméras, ce qui me fait comprendre pourquoi il a choisi une résidence qui n'est pas super luxueuse contrairement à ce qu'il aime louer quand il va en séjour. Il y en a peut-être dans l'ascenseur mais pas ailleurs. Puisqu'il est tard, on ne croise personne. Tant mieux. Il me guide jusqu'à une porte et nous entrons dans l'appartement. De taille modeste, il est équipé d'un canapé, d'un tapis, d'une télé. La cuisine donne directement sur le petit salon, sans séparation, et il y a une salle d'eau et une chambre. Parfait pour une planque. Seokjin ferme la porte à clé et se tourne vers moi.

- Dans le placard de la chambre, il y a des vêtements et des couvertures. Dans ceux de la cuisine, de quoi faire un repas. Je m'occupe de la cuisine, va faire une douche.

Je fais un faible signe de tête et obtempère. Je me sens vide. J'ai été en colère, frustré, brisé, anéanti durant plus de la moitié du trajet, qui s'est déroulé dans le froid et le silence complet. Maintenant que j'ai ruminé toute ma colère et mon désespoir, je me sens juste épuisé. Une bonne odeur se dégage de ce qui est en train de mijoter quand je reviens, vêtu d'un jean noir et d'un t-shirt à manche longue. Je me poste sur un tabouret haut et m'accoude au comptoir.

- Ça sent bon, ne puis-je m'empêcher de prononcer.

Comme si je redevenais le petit enfant sauvé par Jin. Oui, je l'appelle Jin depuis tout petit, c'est mon surnom réservé pour lui. Aussi loin que je me rappelle, c'est lui qui a toujours pris le plus soin de moi, même avant que mes parents ne m'abandonnent. On vivait tous sous le même toit. Jin était toujours celui qui prenait soin de moi et m'apportait de la tendresse ou de l'attention. Je ne sais pas pourquoi, mais il a radicalement changé après que mes parents m'aient abandonné. Comme s'il avait vécu quelque chose qui l'avait brisé ; il n'était plus l'homme doux et attentionné, presque paternel, qu'il était. Il était devenu l'homme strict qui ne faisait pas dans le sentimentalisme. Je ne sais pas pourquoi... Sans doute que le départ de mon père l'a dégoûté, ou qu'il a endossé le rôle qui lui revenait à présent qu'il n'était parti. Seokjin était toujours collé à lui ; l'un n'allait pas sans l'autre. J'ai longtemps cru qu'il était son garde du corps, car j'ai longtemps cru que mon père était PDG d'une grande entreprise. Puis en grandissant, j'ai compris qu'il était un mafieux. Et il y a de cela maintenant un mois et demi, j'ai appris qu'ils étaient plus que de simples criminels. Le parrain de la mafia et son second. Et même plus que le second de mon père, si je me rappelle soudain ce que Jimin a dit dans l'entrepôt... Il s'assoit en face de moi et me glisse un bol de ramen fumant sous le nez, avec une paire de baguette que j'attrape.

Arrête moi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant