Chapitre 14

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NASTASYA

Assise sur mon lit, la tête dans les mains, je repasse les événements de la soirée. Mon agression en pleine rue, monsieur Guseva sorti de nulle part, l'agresseur tombé raid mort au sol, le chemin jusqu'à la voiture sous la protection de mon client et le service surprenant demandé par ce dernier.

Émotionnellement je ne sais plus où je suis. Sous le choc, affolée, et rassurée à la fois.

Pourquoi mon client tient tant à ma sécurité ? Pourquoi tient-il tant à me ramener en personne ?

Pourquoi ai-je accepté ?

À présent, un sentiment de haine m'envahit. Mes parents dorment paisiblement, ils ne se sont même pas préoccupés de savoir si j'étais bien rentrée. Si ils étaient venus me chercher à la sortie du travail, rien de tout cela ne serait arrivé. Si monsieur Adrik n'était pas venu me secourir, qui sait si ils m'auraient retrouvée vivante. Mes parents ne peuvent pas me prendre pour leur fille en s'inquiétant si peu pour ma sécurité. Même cet homme rencontré il y a à peine un mois s'en soucie plus qu'eux....

Je fonds en larme mais essaie d'étouffer le bruit avec mon coussin pour ne pas réveiller mes frères et sœurs qui dorment dans la chambre d'à coté. J'essaie de respirer calmement, je m'allonge et ferme les yeux et je me rends compte que pleurer me fait du bien, que j'ai besoin de relâcher cette pression qui me comprime la poitrine à longueur de journée.

« Je ne veux plus que vous rentriez seule le soir. »

« En m'assurant de votre sécurité vous me rendez un très grand service mademoiselle. »

« Promettez moi de toujours prendre soin de vous, de votre santé mentale et physique avant toute autre chose. »

Les paroles de monsieur Adrik me reviennent en boucle et de la chaleur vient remplacer le froid glacial qui frigorifiait mon cœur.

Quelques minutes plus tard, je voulu rentrer sous ma couette car il était plus d'une heure du matin, mais je me rendis compte que je portais encore le blazer beaucoup trop grand pour moi de monsieur Adrik. Inconsciemment, je me mis à sourire. Il avait oublié de me reprendre sa veste.

Malgré la place que prenait le blazer sous ma couette je m'enfouis sous celle ci, et serra la veste fort contre moi. L'odeur de Guseva m'engloba et me rassura. Mélange de noisette, de miel et de bois.

Je m'endormis alors calmement avec la sensation de l'avoir près de moi, m'entourant de ses bras.

Dans quelques heures je le reverrais.

ADRIK

J'ai enfin osé.

Dans mon lit trop grand pour moi seul, je repensais aux heures précédentes .

Ce bout de femme qui habite toutes mes nuits avait failli se faire agresser. Quand je l'ai entendue crier à l'aide, mon cœur a fait un bond . J'ai couru aussi vite que j'ai pu et quand je l'ai finalement trouvée en détresse dans cette rue sombre, sous les mains de ce sale type, je n'avais plus qu'un objectif en tête : faire payer à la personne qui avait osé toucher mademoiselle Zaysteva.

L'agresseur enfin mort, il fallait que je rassure la pauvre femme sous le choc . À chacun de mes pas, des mots que j'ai dits, j'avais peur de la briser ou de la traumatiser plus qu'elle ne l'étais déjà.

Frigorifiée, je m'étais empressé de lui passer ma veste dans laquelle elle parue si petite tellement mon blazer était grand. Ceci me décrocha un petit sourire que je m'efforçais de lui cacher.

Je me souvins alors qu'elle l'avait emporté avec elle. Tant pis, elle peut le garder si elle veut. Mademoiselle Zaysteva a quelque chose à moi chez elle cela signifie. Peut être qu'elle l'a caché pour que ses parents ne le trouve ? Peut être qu'ils l'ont punie d'être rentrée plus tard que prévu, avec un costume d'homme ?

Trop de questions se bousculent dans ma tête.

Après les événements de cette nuit, il m'est impossible à présent de l'imaginer seule le soir dans ces rues trop dangereuses. L'idée qu'un homme ose lui faire du mal, la touche, me fit monter le sang à la tête.

Mais j'ai enfin osé, je vais pouvoir la protéger de ces hommes sans cœur et égoistes qui ne savent pas calmer leur impulsions. Ces hommes me dégoûtent.

 Je poussa un soupir, seul, dans ma chambre plongée dans la pénombre.

Plus jamais elle n'aura affaire à eux. Plus jamais elle ne se sentira en danger.

Dans quelques heures, je la reverrais.


La secrétaire de Monsieur AdrikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant