ADRIK
Les jours passèrent, et se ressemblaient. L'hiver allait bientôt arriver et les nuits devenaient de plus en plus froides.
Chaque soir après vingt deux heures trente je venais chercher Nastasya. Je lui apportais de quoi manger et elle le dévorait avec une faim de loup. Parfois nous parlions, d'autres fois nous restions silencieux tout le long du trajet.
Durant ces courts instants que nous partageons, elle s'est ouverte petit à petit à moi. Elle me fait part de son quotidien, des clients désagréables, de sa douleur physique et psychologique mais surtout de son envie de fuir. J'ai appris à la connaître un peu plus, par exemple qu'elle raffole des « Smokva », ces petites sucreries à base de pomme, de prune ou de coing, que son dix-neuvième anniversaire est dans à peine deux semaines ou encore, son entrée à seize ans à la maison du plaisir.
La pauvre n'a presque personne à qui confier ses inquiétudes, ses joies ou juste sa journée mis à part ses cinq frères et sœurs tous plus petits d'au moins dix ans qu'elle.
Écouter sa douce voix me détend, je pourrais l'écouter pendant des heures sans pause.
En réalité, juste sa présence me détend. Alors je la laisse me parler durant le trajet, je suis là pour elle. Et je suis heureux qu'après quelques jours à la ramener, elle ait réussi à s'ouvrir à moi.
Jour après jour, la flamme qui brûle en moi pour mademoiselle Nastasya et que j'essaye tant de dissimuler prend du volume dans ma cage thoracique. Je ne sais pas si Nastasya ressens quelque chose ou non elle aussi. Peut être qu'elle me prend pour un simple client, qui d'ailleurs, n'a pas demandé de ses services depuis un bon bout de temps à l'enseigne.
Si je ne fais pas le premier pas je ne saurais jamais.
***Nous sommes le 18 décembre et cela fait un peu plus d'un mois que je ramène Nastasya chez elle tous les jours.
Aujourd'hui est un jour spécial.
Ce soir je suis décidé à faire LE pas qui pourra tout faire changer.
Au lieu de venir à vingt deux heures trente comme d'habitude, je suis cette fois ci venu un peu avant vingt et une heure.
Juste avant le dernier service de mademoiselle Nastasya.
J'ai réservé sa dernière séance et j'ai attendu dans le hall qu'elle finisse avec son client de dix neuf heure trente.
Je reconnus sa voix à travers les murs trop fins, gémissant pour satisfaire son client. Ceci eu le pouvoir de faire monter en moi une sorte de rage même si je savais que ses cris n'étaient que de la simulation.
Cinq bonnes minutes plus tard, son client sorti et je le fusilla du regard. La porte se referma derrière lui et se ré-ouvrit une minute plus tard . Habillée d'une belle robe bleue nuit, courte et décolletée, la jeune femme était sublime. Je fus submergé par un sentiment de jalousie en pensant que plusieurs hommes aujourd'hui, l'avaient vue dans cette tenue. Ils l'avaient achetée, touchée, pénétrée.
Officiellement, je pense qu'à part être client et prostituée, nous ne sommes rien de plus. Pour elle du moins. Mais je ne peux supporter l'idée que d'autres hommes puissent avoir accès à son intimité la plus profonde.
Je la veux pour moi et moi seul.
S'apprêtant donc à rejoindre le hall et attendre son dernier client, la jeune fille à la chevelure auburn me trouva sur un des canapés du hall d'entrée. Quand elle me remarqua, elle parut étonnée. Elle s'approcha donc puis me dit :
- « Bonsoir Adrik, que faites-vous ici ? Son visage prit soudain des couleurs. Je ne finis pas avant vingt deux heures trente vous savez ?
- Bonsoir Nastasya répondis-je, oui oui je suis au courant mais je suis un client après tout, j'ai le droit de réserver un service non ? Dis-je un sourire aux lèvres voyant son embarras.
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La secrétaire de Monsieur Adrik
RomanceNastasya Zaysteva est une jeune femme qui vit en Russie dans les années 1980. Aînée d'une famille nombreuse, ses parents perçoivent de très maigres revenus et la forcent à se prostituer pour aider la famille à vivre... Un jour où la clientèle se fut...