Chapitre 33

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NASTASYA

À dix sept heure trente, je sors à la fois exténuée et pétrifiée  de ma chambre. On ne me l'avait jamais faite celle là. Pour ce service, ce ne fut pas pas un homme que j'ai du satisfaire mais un homme et sa femme ! J'avais déjà eu des femmes qui m'avaient demandé des services auparavant, mais un couple...

Je sors de cette pièce avec une sensation étrange de vide accompagné une fatigue extrême. Je n'ai qu'une seule envie, rentrer chez moi.

Alors que je suis assise sur l'un des poufs de l'entrée pendant ma pause, le téléphone fixe sonne. Rovitsky décroche puis je le vois froncer les sourcils, tourner son regard vers moi et me tendre l'appareil. Je prends sa place derrière le comptoir car le fil est trop court et il s'en va fumer dehors.

— Bonjour qui est à l'appareil?

— Nastasya...

Ma respiration se bloque sur le coup puis j'expire lentement, accueillant une chaleur agréable au fond de mon cœur. Je pourrais reconnaître sa voix entre mille même à travers un combiné téléphonique grésillant. Je fais mine de ne pas avoir compris juste pour entendre à nouveau sa voix qui m'avait tant manquée.

— Excusez moi qui est-ce? Je redemande.

—Nastasya... c'est moi, Adrik.

L'entendre au bout de la ligne, me donne des frissons. J'ai l'impression qu'il me chuchote dans l'oreille alors que plusieurs kilomètres nous séparent.

— Pardonne moi je t'en prie. Pardonne-moi de ne pas avoir pu te contacter plus tôt. Pardonne-moi de t'avoir fait retourner dans cet endroit. Pardonne-moi de ne pas avoir été franc dès le départ avec toi, pardon d'avoir été stupide et irresponsable...

Nastasya je t'en prie, je t—.

Le signal n'est pas bon, la ligne grésille puis je comprends que l'appel a été coupé. Je rends le téléphone fixe à Rovitsky et il affiche un air interrogateur, un peu inquiet.

Je prends appui contre le mur, une larme coule sur ma joue.

Je n'ai pas pu lui parler, lui dire à quel point j'aimerais qu'il soit là avec moi, que rien de tout ça ne soit arrivé, que nous retournions dans son canapé l'un dans les bras de l'autre. Dans notre bulle et qu'aucun accident ne nous sépare à nouveau.

Une seconde larme rejoins la première sur mon visage et rapidement je n'arrive plus à les compter.

Je me réfugie dans les toilettes de la maison close et asperge mon visage d'eau. Lorsque je relève la tête et que je croise mon reflet dans le miroir, je ne me reconnais plus.

Mes joues se sont creusées depuis les dernières semaines, mes cernes sont affreuses et mon regard semble vide. J'ai l'impression de ne plus contrôler mon corps ces derniers temps. Que depuis mon retour à la maison du plaisir, il est en libre service à qui voudra l'échanger contre quelques billets le temps d'une heure. En y pensant, ça a toujours été le cas... je ne suis qu'un corps que l'on peut louer pour s'amuser.

La colère remplit soudainement ma poitrine. J'ai envie de me défouler, de tout casser autour de moi dans cette petite pièce. Je ne réfléchis pas longtemps et la seconde plus tard, mon poing se retrouve dans le miroir en face de moi, qui se brise aussitôt en mille morceaux.

Lorsque je regarde mon poing, mes phalanges sont ensanglantées et douloureuses mais je n'en ai plus rien à faire. Me m'effondre à nouveau et m'assois sur le sol froid, laissant échapper des sanglots étouffés. J'ai envie de crier à pleins poumons, de faire sortir la douleur qui me comprime la poitrine à longueur de journée et m'empêche de dormir la nuit.

La secrétaire de Monsieur AdrikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant