Chapitre 28

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NASTASYA

La pièce resta silencieuse quelques minutes pendant lesquelles je pensais à ce que pouvait ressentir Adrik ou à quoi il rêvait en étant plongé dans ce sommeil profond.

J'observai son visage, ses yeux clos, sa bouche reliée à un tube, les bandages autour de sa tête.

Et réalise que j'ai faillis le perdre. Peut être qu'il n'aura plus de souvenirs de nous à cause de son traumatisme crânien en se réveillant. Peut être même qu'il ne se réveillera pas de ce coma.

Madame Guseva ne me le pardonnera jamais si c'est le cas. Et moi non plus.

Comment Adrik a-t-il fait pour se retrouver dans une telle situation ?

Je ne l'ai jamais vu ivre, il ne fume pas.

Que s'est-il passé ?

Est-ce à cause de notre dispute et de mon incapacité à l'écouter sur le moment ?

Sûrement, et dans ce cas, je suis en partie responsable et sa mère avait en partie raison...

Toutes les questions sans réponse dans ma tête se brouillent et je ferme les yeux.

- « Tu te poses des milliers de questions pas vrai ? me demande Tymon toujours agenouillé à mes côtés, Moi aussi ajoute-t-il sans attendre ma réponse.

Il prend doucement la main d'Adrik qui n'est pas encombrée par des tuyaux et dépose un baiser sur les phalanges de l'endormi. Quand il la repose sur le drap il m'indique que nous devrions partir car l'heure tourne et malgré le fait que le blond, son supérieur, soit absent au travail, le cabinet tourne toujours. J'acquiesce et avant que nous passâmes la porte de la chambre, Tymon s'adresse à son meilleur ami, sachant qu'il ne l'entendra pas : « Repose toi bien princesse ! »

Sa phrase a le don de me décrocher un sourire au coin des lèvres alors que nous fermons la porte derrière nous.

Le grand brun sourit à son tour et nous nous dirigeons vers la sortie.

La relation que ces deux hommes entretiennent est si forte. J'aurais aimé avoir une amitié comme la leur en étant petite mais je n'ai jamais osé aller vers les autres de peur qu'ils se moquent de mes vêtements démodés et mes parents ne me permettaient pas d'inviter des gens à la maison.

Puis j'ai été contrainte de quitter l'école à treize ans, ruinant toutes mes chances d'avoir des amis.

D'avoir une vie normale.

Lina, Tanya et Sofia, les autres femmes qui travaillent à la maison close, ne sont pas des amies. Les seules fois où elles m'adressèrent la parole furent pour m'emprunter des tenues que monsieur Rovitsky m'avait acheté pour mes services.

Une enfance bien seule, si on exclut mes frères et sœurs qui ont apporté de la lumière dans cette maison beaucoup trop sombre...

Inna et moi avons sept ans d'écart, avec Alexei j'ai dix ans de différence et avec les jumeaux, quatorze. Malgré la différence d'âge que j'ai avec eux quatre, le lien fraternel que nous entretenons est très fort. Lorsqu'Inna est née, j'étais si heureuse de pouvoir enfin avoir une amie et qu'en plus elle vive sous le même toit que moi !

En grandissant, quand elle a passé la dizaine, elle a rapidement compris ce que les parents me forçaient à faire pour gagner de l'argent. Pour m'aider et aider nos parents à sortir de cette misère si mystérieuse elle s'est mise à vendre toutes ses peluches à ses camarades de classe. Mais elle était trop petite, trop naïve pour comprendre que cet enfer que je vivais ne s'arrêterait pas de sitôt.

La sortie de l'hôpital me sorti par la même occasion de mes pensées sombres.

En entrant dans la voiture, Tymon me demanda si je voulais qu'il me dépose chez moi avant qu'il retourne au cabinet mais je refusa un peu trop rapidement.

La secrétaire de Monsieur AdrikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant