Chapitre 1

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1425, île de Skye

Lachlan galopait à brides abattues au travers des paysages verdoyants de son île natale. Bientôt, il retrouverait ses proches. Bientôt, il serait sur les terres de son clan. Ce clan qui l'avait vu grandir puis banni avec la satisfaction de se débarrasser d'un poids inutile.

Comment serait-il accueilli ? Sans doute très mal. D'autant plus qu'il revenait avec une surprise d'envergure. Là, sous le tartan du clan MacKinnon qu'il n'avait jamais eu le cœur de quitter, se cachait un ordre du roi qui ne changerait pas que sa vie.

De toute façon, lui, il n'avait plus rien à perdre. Il n'était plus le même homme que lorsqu'il avait quitté son clan cinq ans auparavant. Lachlan avait connu la guerre. Les victoires comme les défaites et la dernière bataille avait été plus sanglante que les précédentes. Il avait failli y perdre la vie. La cicatrice qui lui balafrait le visage ne manquerait pas de le lui rappeler jusqu'à la fin de ses jours.

Derrière lui, il entendait les cris de Darren et Guillaume, vaine tentative de le raisonner. Depuis qu'ils avaient quitté le Palais Royal de Jacques Ier, Lachlan n'avait plus qu'une hâte : voir le visage défait de Douglas MacKinnon.

La haine qu'il entretenait à l'encontre de son ancien laird s'était embrasée au fur et à mesure des épreuves qu'il avait traversées. Mais il la tenait enfin, sa revanche. Aujourd'hui, il se tiendrait fièrement devant lui, le menton relevé et le dos droit, quand il lui tendrait la missive. Le désarroi et la colère de Douglas le réjouiraient jusqu'à son dernier souffle. Il s'en était fait la promesse le jour de son exil.

Enfin, Lachlan tira sur les rênes de son étalon, la respiration erratique.

— Plus jamais... Lach, balbutia Darren entre deux halètements dès qu'il fut à son niveau.

Guillaume le rejoignit quelques instants plus tard, une main sur les côtes. Le français esquissait une grimace ridicule qui lui soutira un rire.

— Eh bien, Guillaume, une simple course t'essouffle tant ? Craignais-tu de manquer une charmante donzelle sur ton chemin ?

— Avec cette jupe, j'avais surtout peur qu'un coup de vent la soulève.

— C'est un kilt, lui fit remarquer Lachlan d'un signe de tête. Et personne ne t'a obligé à quitter tes froufrous français.

Guillaume haussa les épaules avec un petit sourire.

— J'aime me fondre dans la masse. Et puis, je ne me voyais pas refuser les présents de notre cher Jacques. Le roi mérite ma gratitude pour les hommes qu'il a envoyé sauver ma patrie.

— Nous avons échoué, claqua la voix grave de Darren.

Aucun d'entre eux n'aimait parler de la bataille de Verneuil. L'échec des forces écossaises et françaises face à l'armée anglaise avait encore du mal à passer.

— Certes, mais si Jacques Ier n'avait pas honoré notre alliance, nous n'aurions pas eu le moindre espoir. Il...

— De toute façon, le coupa Lachlan, notre roi nous devait beaucoup. Sans nous, il serait encore prisonnier et n'aurait jamais été couronné. Je pense que l'on peut dire que toutes les dettes sont payées.

— Pas la mienne, sourit Darren. Tu as failli mourir pour me sauver la vie.

Lachlan balaya sa remarque de la main. Oui, il avait bien failli y passer. Mais Darren l'avait soutenu dès son arrivée dans leurs rangs. Et juste pour cela, il pourrait recommencer un millier de fois s'il le fallait.

Cette conversation, ils l'avaient déjà eue une bonne centaine de fois.

— On ne devrait plus tarder à arriver. Faisons une pause, décida le MacKinnon, je dois me changer pour ne pas attirer les regards.

L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant