Chapitre 19

211 26 0
                                    

Lachlan s'était montré taciturne tout le reste de la soirée. Il avait laissé ses hommes chahuter entre eux et Catriona se plonger dans le livre abimé qu'elle avait apporté avec elle. Cela n'aurait alarmé personne si son comportement n'avait pas encore duré la journée et demi de trajet qu'il leur restait.

Ce ne fut qu'à proximité du broch MacDonald qu'il tira sur les rênes de son Teàrlach sans la moindre douceur. L'étalon noir hénit tout en s'arrêtant.

— Que se passe-t-il, Lachlan ? demanda Guillaume.

— Nous sommes arrivés. Je vais tous vous demander d'être très prudents. Les intentions des MacDonald restent floues, quelles qu'aient pu être nos relations pas le passé. Si vous entendez, voyez ou ressentez quoi que ce soit qui vous paraisse étrange, venez m'en avertir.

— Bien, laird, acquiesça Cailean, l'air solennel.

Duncan, Monroe et Craig hochèrent la tête de concert. Ils étaient dans la gueule du loup, restaient maintenant à voir quel clan en pâtirait le plus.

À l'instar de Dun Ringill, le broch des MacDonald s'imposait face aux habitations de pierres. Il les observait du creux des plaines, bien terne au milieu de l'éclat de la verdure. Lachlan avait étudié les cartes, il savait pertinemment que la mer se trouvait à seulement quelques minutes de marche. Mais, de là où ils se trouvaient, ils ne pouvaient pas la voir. Peut-être que les fenêtre les plus hautes de l'imposant fief permettaient d'apercevoir les terres éloignées de la péninsule.

Le broch était plus grand, mais moins bien protégé que Dun Ringill. Assemblage de formes cubiques, il dissociait aussi du broch des MacKinnon par cet aspect. Malgré tout, les pierres étaient aussi lisse que la peau d'un nourrisson, absorbant la lueur du soleil dans leur grés froid. Le village paraissait bien petit comparé à la grandeur du château. À pied, il était sûrement situé à moins de dix minutes de marche. Suffisamment proche pour intervenir en cas de problème, mais assez loin pour ne pas être ennuyé par les soucis incessants des serfs.

Les avait-on aperçus lorsqu'ils se trouvaient au niveau du village ou avant ? Lachlan se le demanda puisque, avant même qu'ils n'aient atteint Armadale, des MacDonald les attendaient devant l'arche grise qui jouxtait le broch. Quand le laird des MacKinnon descendit à bas de sa monture, il fut accueilli par un homme bien plus âgé que lui. Il avait l'air à l'étroit dans ses vêtements un peu trop précieux pour les highlands. Ce n'était visiblement ni un soldat, ni un homme d'action.

— MacKinnon, le salua-t-on avec un sourire des moins sincères.

— MacDonald.

Lachlan accompagna sa réponse d'un hochement de tête pour lui signifier son respect. Il entendit ses compagnons de route retourner à la terre ferme. Il aurait voulu glisser un regard dans leur direction, simplement pour savoir s'ils allaient bien, voir le visage de Catriona ou juste leur donner un peu de soutien, pourtant il ne le pouvait pas. Cela lui donnerait l'air faible.

— Vous pouvez m'appeler Alistair.

— Seulement si vous m'appelez Lachlan.

— Je pense être en mesure d'obtempérer, railla Alistair MacDonald. Avez-vous fait bon voyage ? Je vois que vous êtes venu en bonne compagnie.

Lachlan mit une bonne seconde à comprendre le sous-entendu. Il laissa un sourire étirer ses lèvres et se retourna vers ses amis en tendant la main.

— Laissez-moi vous présenter, proposa-t-il. Vous avez là trois de mes hommes les plus fidèles, mes bras droits et notre guérisseuse. Il aurait été bien sadique de notre part de la laisser à Dun Ringill alors que nous parcourions notre île si luxuriante, ne croyez-vous pas ?

L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant