L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnon

Chapitre 15

La main de Neil fermement serrée dans la sienne, Catriona longeai la plage en profitant du soleil matinal. Il ne faisait pas froid malgré la brise. Elle qui avait pris l'un de ses tartans pour s'en couvrir les épaules était en train de mourir de chaud. Du doigt, elle pointa l'une des mouettes qui marchait sur les galets, à quelques mètres d'eux.

- Tu as vu ? C'est une mouette.

Neil répéta le nom de l'animal avec un petit sourire. Cet enfant faisait fondre son cœur. Si, lorsqu'elle avait découvert sa grossesse, on lui avait dit que ce petit deviendrait toute sa vie, elle n'y aurait pas cru. S'il y avait bien un sentiment qu'elle n'avait jamais réussi à développer à l'égard de Logan, c'était de l'affection. Il l'avait épousée pour la posséder. Comme un bon cheval que l'on désire pour se mettre en avant.

Catriona ne l'avait jamais apprécié. Dès leur enfance il se pavanait comme un coq en men quête d'attention, assuré d'obtenir ce qu'il souhaitait. Ce n'était pas un homme méchant ou violent, mais il savait utiliser sa verbe pour manipuler autrui.

- Maman, c'est quoi là-bas ? interrogea Neil, la tirant de ses pensées.

Elle suivit du regard son petit index qui pointait un point sombre à l'horizon, bien trop loin dans la mer pour qu'elle puisse lui fournir une vraie réponse. Avec un sourire amusé, elle se pencha au dessus de lui et murmura :

- C'est le monstre protecteur de notre île. C'est pour ça qu'il ne faut pas nager trop loin.

La bouche de l'enfant s'incurva dans une moue d'incomprehension.

- Pourquoi ?

Catriona l'enlaça au niveau des épaules pour glisser contre son oreille.

- Sinon, il va te manger les orteils.

Elle commença à l'embrasser sur le bas de la joue avec des bruits de bouche. Neil éclata d'un rire candide. D'un coup d'épaule, il s'échappa de ses bras et se mit à courir.

- Tu m'attraperas pas !

Catriona laissa un sourire s'étendre sur son visage avant de s'élancer un sa suite, le bas de ses jupes relevées. Bon sang, il courait bien plus vite qu'elle ne l'aurait cru ! Elle l'aperçut bifurquer à gauche après le grand rocher. Même si l'eau se situait un peu plus loin de ce côté, elle ne l'avait plus dans son champ de vision. Alarmée par ce qu'il pourrait se passer, elle hâta le rythme, ignorant le châle qui retomba sur le sol, et l'appela dans un cri :

- Neil !

Elle n'entendait que le battement de son cœur qui résonnait à ses oreilles et le hurlement du vent léger. Les poings serrés sur les jupes qu'elle soulevait, elle n'avait qu'une pensée : rattraper son fils.

Dès qu'elle eut passé l'immense rocher anthracite couvert de végétation, elle pila, le souffle court. Neil était là. Sain et sauf à fixer la mer. Catriona se jeta sur lui, l'embrassant avec toutes les forces possibles.

- Ne fais plus jamais ça, Neil, l'avertit-t-elle en le prenant par les épaules. Nous pouvons jouer, avec grand plaisir, mais ne t'enfuis pas aussi loin, seul, là où je ne peux plus te voir.

Il hocha la tête, une phalange dans la bouche, le regard toujours bloqué sur l'eau. Il indiqua l'horizon d'un signe.

- Pourquoi le laird est dans l'eau ? Il a pas peur du monstre ?

Catriona fronça les sourcils et suivit ce qu'il désignait. Le rouge lui monta aux joues avant même que son cerveau ne comprenne ce qu'elle observait. À quelques mètres de la rive se dressait un dos nu et musclé dont elle apercevait chaque courbe aussi nettement que si elle se trouvait à ses côtés. Des cheveux châtains dans lesquels dansaient quelques reflets cuivrés tombaient en ondulation alourdie par l'eau sur ses épaules.