Cela faisait plus de quinze heures que Catriona avait disparu et l'inquiétude de Lachlan n'avait fait que croître. Il avait passé la nuit à faire les cent pas, imaginant moultes scenarii qui expliqueraient son absence. Il s'était même rendu, dès les aurores, dans le bois où l'on avait perdu sa trace. Après avoir balisé la zone une bonne dizaine de fois, il était rentré au broch bredouille, décidé à signaler l'affaire à Alistair.
D'avance, Lachlan savait qu'il allait devoir se montrer prudent. Il fallait le juste degré d'inquiétude pour une amie, mais pas suffisamment pour une amante. Ce n'était pas le moment d'éveiller les soupçons du laird MacDonald. S'il découvrait l'étendue nouvelle de leur relation, Lachlan n'était pas sûr de ce qu'Alistair ferait. Il supposait que cela mettrait un terme rapide aux idées d'alliance et qu'il en profiterait pour le faire chanter pécuniairement. Ou peut-être choisirait-il de venger l'affront en déclarant la guerre aux MacKinnon. Ça lui semblait peu probable quand on voyait la forme de MacDonald, sans pour autant parvenir à écarter l'idée.
En arrivant devant la porte du cabinet de travail d'Alistair, il fut surpris de ne voir aucun de ses hommes à proximité. Peut-être que le laird n'était pas là. Afin d'en avoir le cœur net, il frappa tout de même énergiquement à la surface et attendit. Alors qu'il allait rebrousser chemin, celle-ci s'ouvrit pour découvrir Alistair. Les sourcils froncés et le visage tendu, il avait l'air prêt à le faire déguerpir, sans considération pour son rang.
— MacKinnon, constata-t-il avec un agacement presque palpable.
Lui, qui d'ordinaire prenait toute son hypocrisie pour se montrer affable, mit plusieurs secondes avant de se couvrir de son masque d'hôte.
— Je suis navré de vous déranger sans m'être fait annoncer, MacDonald, mais je dois vous entretenir d'un problème urgent.
— Faites.
Ici, dans ce couloir ? N'allait-il même pas le laisser entrer dans la pièce pour qu'ils aient un semblant d'intimité ?
— Pensez-vous réellement que cet endroit est le plus judicieux pour cela ?
— Je n'ai pas de temps à perdre et vous m'avez l'air pressé. Plus vite vous parlerez et plus vite nous pourrons agir.
Lachlan serra les dents sous l'injonction et se força à se détendre. Pour l'instant, seul Alistair était en mesure de l'aider à ratisser plus de chemin.
— Ma guérisseuse a disparu.
— Et ? l'enjoignit-il à poursuivre.
— Je tiens à ce que nous la retrouvions rapidement. Il pourrait lui être arrivé n'importe quoi.
Le MacDonald croisa les bras.
— Les femmes sont inconstantes. Elle est sans doute allée se promener et n'a pas vu la nuit tomber. Peut-être a-t-elle même trouvé refuge dans le village ?
— Nous avons déjà ratissé ces zones comme nous le pouvions. Il n'y a aucune trace d'elle.
— Alors il se peut qu'elle ait voulu partir. Vous êtes jeune, je crois que votre expérience aux femmes n'a pas encore été pleinement faite. Les femmes sont bien plus soumises à leurs émotions que nous. Les enfants et leur famille sont des choses qui peuvent leur faire perdre la tête. Il suffirait que son fils lui eut manqué pour qu'elle reprenne la route de votre clan. Vous devriez plutôt tourner le problème à l'envers. Rencontrez le palefrenier, assurez-vous que tous vos chevaux sont là. Explorez sa chambre, elle aura surement pris quelques affaires ou laissé un mot.
Comme il allait refermer la porte, Lachlan posa la main pour l'en empêcher.
— Je crois que vous ne comprenez pas, Alistair. Catriona est l'une de mes plus anciennes amies. Je la connais par cœur et ce n'est pas quelque chose qu'elle ferait sans m'en avoir parlé auparavant.
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L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnon
Historical FictionBanni de son clan cinq ans plus tôt et envoyé à l'armée pour aider les troupes françaises, Lachlan revient dans les Highlands fier d'un nouveau titre et de nombreux faits d'armes. Grâce à son roi, il est à présent le nouveau laird du clan MacKinnon...