Chapitre 26

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— Comment ça, « quand je mens » ? répliqua Catriona, de la fureur à l'état pur courant dans ses veines. Tu ne me crois pas capable de suffisamment d'amour maternel pour être attristée par l'absence de mon fils ?

Lachlan fit un pas vers elle. Sa silhouette massive lui cachait la lune, dessinant en contre-jour ses contours. Elle ne le quittait pas du regard. Il bluffait, il ne pouvait pas deviner, d'un simple coup d'œil, qu'elle lui cachait une partie de la vérité. Que, finalement, elle était plus atteinte par l'annonce de ses fiançailles que par la perspective d'être éloignée de Neil encore plusieurs semaines.

— Oh, si, bien sûr que si. Je pense juste que ce n'est pas tout.

— Qu'est-ce que tu veux entendre, Lachlan ? Qu'est-ce qui pourrait davantage m'importer que Neil ? Tes fiançailles ? Nay, se répondit-elle à elle-même avec un rire narquois, ce que tu fais de ta vie ou de tes nuits ne me concerne pas.

— Alors pourquoi te mets-tu dans un tel état ?

— Tu aurais pu me prévenir ! explosa-t-elle en lui tournant le dos pour s'éloigner vers la pénombre.

Catriona serrait ses bras contre elle tandis qu'elle tentait de s'enfuir. Mais c'était sans compter sur la réactivité de l'ancien soldat. D'une main, il lui saisit le biceps et la força à se retourner. Son contact l'électrisa de haut en bas, parsemant son corps de minuscules frissons. Heureusement que le tissu de sa robe empêchait Lachlan de s'en rendre compte.

Ainsi coincée entre lui et le mur de pierre, la lune à présent moins vive, elle devait lever la tête pour le regarder dans les yeux. Le visage de Lachlan n'avait plus grand-chose de rieur. Ni de perdu, d'ailleurs. Il commençait à y voir plus clair. L'affliction de Catriona n'avait rien à voir avec Neil, maintenant, il en mettrait sa main à couper.

— J'aurais pu. Les choses se sont décidées trop rapidement. Pourquoi cela te touche tant ?

— Parce que tu... je pensais que nous étions proches. C'est tout.

Ah. Il commençait à tenir des éléments de réponse.

— Ne viens-tu pas de dire que tu n'en avais cure ?

— Nay. J'ai dit que cela ne me concernait pas.

— Et c'est tout aussi faux, sourit-il. Tu fais partie de ma vie, Cat, pourquoi cela ne te concernerait-il pas ?

Catriona baissa les yeux sur sa main puissante, toujours accrochée sur son bras. Son coeur battait la chamade, tant parce qu'elle se sentait acculée que par cette promiscuité qui la faisait un peu trop vibrer.

— Je préfèrerais ne pas savoir ce que tu fais de tes nuits, je ne pense pas que nous soyons suffisamment proches pour cela.

Lachlan ricana. La mince rougeur qui colorait ses joues le faisait fondre. Elle ne méritait pas qu'il joue avec elle de la sorte. Il ne l'avait pas prévenue, certes, mais tout ce mariage n'était qu'une mise en scène ayant pour but de lui faire obtenir des informations compromettantes sur ce clan, rien d'autre.

— Nous sommes bien assez proches pour cela, mais je vais t'épargner, répondit-il, de plus en plus amusé par son expression d'animal pris au piège.

— Merci.

Comme s'il s'apercevait tout juste qu'il la tenait encore, il fit glisser lentement sa main le long de son bras jusqu'à ce qu'elle retombe mollement contre con kilt.

— Tout est faux, tu sais.

— Pardon ?

— Le mariage. Je ne compte pas vraiment me marier à Ailsa. Je ne l'ai pas envisagé une seule seconde, même sous la menace implicite d'une guerre.

L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant