Au milieu des déglutitions bruyantes, des rires gras et de l'entrechoquement des cuillères sur les bols en céramique, Lachlan ne pouvait détacher ses yeux de ce regard antarctique. Il partait à sa recherche à chaque fois qu'il avait le malheur de s'en éloigner comme un chiot loin de son maître. Bien que Catriona soit en train de plaisanter avec deux jeunes femmes du clan MacDonald, elle ne manquait pas une occasion de lui adresser un sourire.
Qu'elle était belle ainsi parée d'une couronne de tresses et d'une robe aussi simple que seyante. Le menton relevé et une cuillère au creux des doigts, elle l'étudiait avec tout autant de plaisir.
— Vous devriez manger.
La voix douce d'Ailsa le fit sursauter. Il se tourna vers elle, un sourcil haussé, incapable de répéter ce qu'elle venait de dire.
— Pardon ?
— Vous devriez manger tant que c'est chaud, laird Lachlan.
Il pencha la tête, pour la remercier de sa sollicitude, puis monta la cuillère pleine qu'il tenait en suspension au-dessus de son écuelle. Le bouillon brûlant ravi ses papilles et réchauffa son estomac.
— Comme cela, dame Ailsa ?
— Aye, laird, répondit-elle en piquant un fard.
Elle baissa humblement la tête en direction de son assiette.
— Je vous ai déjà dit de m'appeler simplement Lachlan, je n'ai pas besoin que l'on répète mon titre.
— Pourtant vous m'appelez « Dame Ailsa » et non « Ailsa ».
Elle marquait un point. Il ne pouvait pas se résoudre à utiliser seulement son prénom. Lachlan avait l'impression que cela rendrait leurs fiançailles un peu plus réelles et il ne voulait pas prendre le risque qu'elle s'attachât à lui. Il désirait se débarrasser de la menace Alistair sans faire de victime collatérale. Ainsi, blesser Ailsa n'était vraiment pas dans ses plans.
— C'est parce que je me dois de vous faire la cour, très chère, répliqua-t-il avec un sourire doux.
— Je pense pourtant que cela ne changera rien à notre engagement.
Lachlan se retint de ne pas plisser les yeux. Ailsa était intelligente, elle maniait les mots avec une habileté qu'il n'aurait jamais. Derrière ceux-ci, elle lui montrait qu'elle considérait leur union comme une fatalité. D'un côté, il en était rassuré. Si elle l'avait réellement désiré comme époux, comment s'en serai-il débarrassée ?
— Mais cela me fait plaisir.
— Alors je vous l'accorderai bien volontiers, Lachlan.
Il s'amusa de son ton conciliant avant de retourner à sa soupe. S'il recommença son manège avec Catriona, il tenta cette fois de se montrer un peu plus discret. Il ne manquait plus que quelqu'un découvre ce qu'il se tramait...
À la fin du repas, on déposa une grande carafe de whisky devant le laird et des pichets de vin sur les tables voisines. Alistair congédia son épouse sans grande délicatesse, l'invitant à aller se reposer. Sans grande surprise, elle fut suivie par Ailsa et la table d'honneur sembla bien vide lorsqu'il ne resta plus qu'Euan, Alistair et lui.
— Alors, Lachlan, commença Alistair en se servant un verre généreux d'alcool, votre clan ne vous manque pas trop ?
Il interrogea ensuite Lachlan du regard et lui servit une belle rasade à lui aussi.
— Un peu. Je dois dire que je serais heureux de les informer du mariage pour que mes plus proches amis nous rejoignent. Cela vous semblerait-il convenable ?
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L'héritage des Highlands - Tome 1 : Lachlan MacKinnon
Fiksi SejarahBanni de son clan cinq ans plus tôt et envoyé à l'armée pour aider les troupes françaises, Lachlan revient dans les Highlands fier d'un nouveau titre et de nombreux faits d'armes. Grâce à son roi, il est à présent le nouveau laird du clan MacKinnon...